A Paris, Hidalgo et l'hommage aux balayeurs

Sibylle Vincendon | 19 février 2020

Auditionnée par Terra Nova et la Fondapol comme les autres candidats à la mairie de Paris, Anne Hidalgo est la seule à pouvoir défendre à la fois un programme et un bilan. Avec un détour par les services de la propreté.

Parmi les neuf têtes de listes candidates aux municipales à Paris, qui ont défilé lors du cycle d’auditions organisées par Terra Nova et la Fondapol, Anne Hidalgo, qui a passé cet oral mercredi, est la seule à présenter à la fois un bilan et un programme. Cela pourrait apparaître comme un bonus, mais d’une certaine façon, ça complique l’exercice tant la défense du bilan est tentante et, sur quarante-cinq minutes, chronophage. Pendant les six dernières années, «notre projet a été réalisé en quasi-totalité», résume la candidate. Pour les six prochaines ? Continuer et amplifier. Anne Hidalgo n’est pas du genre à déplacer une gare mais, quel que soit le costume de sorcière que lui taillent ses adversaires, elle ne compte pas faire profil bas.

Cri du cœur

En particulier pas sur la propreté, le sujet préféré de tous ses adversaires. Dominique Reynié, de la Fondapol, pose la question : «La propreté, ça ne va pas très bien ?» Est-ce que la candidate en a par-dessus la tête d’entendre ça ? La réponse ressemble à un cri du cœur : «Bien sûr que ça ne va pas et ce n’est pas nouveau. Je ne suis pas satisfaite. Mais Paris, c’est 5,5 millions de personnes qui entrent chaque jour. Et puis, c’est aussi une ville qui, depuis plus d’un an, tous les samedis, a été le théâtre d’un chaos invraisemblable et pas de mon fait. Le jeudi, vous devez dire à vos équipes : vous allez passer dans toutes les rues, sortir les grilles d’arbres, arrêter les chantiers, préparer l’arrivée du chaos de samedi… Le samedi soir, nos équipes sont à pied d’œuvre toute la nuit, les mêmes qui le matin balayent nos rues. C’est un service public dont on peut quand même être fier. Ce sont les mêmes qui étaient au Bataclan, qui étaient sur les Champs-Elysées et ont réparé l’Arc de triomphe toute la nuit.»

La candidate compte rajouter 1 milliard d’euros dans ce budget et créer «un kiosque citoyen dans chaque quartier», lieu de recueil des plaintes. A propos des services de la propreté de Paris, un peu de politique quand même : «J’ai pu faire appel à eux sur des heures supplémentaires pour réparer les dégâts. Je ne suis pas sûre, vu ce qu’on voit de la qualité du dialogue social dans le pays, que ceux qui prônent la baisse des effectifs des fonctionnaires parisiens arriveraient à ce niveau de dialogue.» Quand les autres candidats «disent : avec moi, ce serait mieux, j’ai comme un petit doute».

«Economie mixte»

Autre question qui fâche, le logement. Prise entre des habitants affolés par la hausse des prix de l’immobilier et des alliés écologistes effarés par la multiplication des chantiers, Hidalgo tient son cap : «On va bien sûr continuer à construire, je le dis ici, à construire et à produire du logement, du logement social et pour les classes moyennes» avec «plusieurs outils pour intervenir sur la régulation du marché qui est purement spéculatif». La candidate compte créer «une société d’économie mixte parce qu’il faut faire revenir les grands institutionnels sur le logement locatif intermédiaire», celui des classes moyennes. Celui qu’ils ont d’ailleurs quitté en masse. Trois milliards d’euros de la ville, 3 milliards d’euros du privé «et nous pouvons lever 20 milliards pour cette politique sur cette mandature», estime la candidate.

Sur le climat, même entêtement. On en a fait une hystérique anti-voitures ? Elle élargit le scope. «Il nous reste dix ans pour agir, pas pour penser qu’il faudra agir.» S’il y une chose que les deux derniers étés caniculaires ont renforcé chez Hidalgo, c’est cette certitude : «Nous sommes la ville de l’accord de Paris [sur le climat]. Cela nous donne une responsabilité majeure et je ne peux pas considérer, pour un confort personnel qu’il faudrait figer les choses, mettre tout ça dans le formol et attendre gentiment que ça se passe.»

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