
Antisémitisme : plus d’un tiers des juifs français se sentent en insécurité
Clotilde Costil | 21 janvier 2020
Un nouveau sondage de l’Ifop révèle de nouveaux chiffres sur la réalité de l’antisémitisme en France et de ses conséquences sur le quotidien des premiers concernés, les Français de confession juive.
Ilan Halimi en 2006, l’école juive de Toulouse en 2011, l’Hyper Casher en 2015, Sarah Halimi en 2017 et Mireille Knoll en 2018. Depuis ces 15 dernières années, les actes criminels antisémites continuent de faire les gros titres.
Une autre date résonne aujourd’hui dans les mémoires. Il s’agit du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. Alors qu’Israël s’apprête à cette occasion à accueillir une quarantaine de dirigeants cette semaine, soit l’un des plus grands rassemblements de leaders jamais organisés à Jérusalem, un nouveau sondage sur l’état de l’antisémitisme en France vient d’être publié. Jusqu’à présent, seules des données “factuelles” reposant sur des dépôts de plainte permettaient d’établir un état des lieux de l’antisémitisme en France. La récente enquête menée par l’Ifop pour Fondapol et AJC Paris va plus loin et présente le ressenti global des Français juifs et de l’ensemble de la population sur ces questions. Cette “prise de pouls” est essentielle pour connaître l’état de sécurité ou non au sein d’une société par ses concitoyens. Elle indique aussi une certaine prise de conscience de la société dans son ensemble concernant les menaces subies par la population juive. Et ces menaces comme nous l’indiquent les résultats de l’enquête sont encore particulièrement prégnantes. 34% des Français de confession ou de culture juive indiquent se sentir régulièrement menacés en raison de leur appartenance religieuse. C’est 4 fois plus que le reste de la population.
64% des juifs ont vécu des actes de violence verbale
Ce sentiment d’insécurité permanent s’explique notamment par le fait que la quasi totalité des juifs français aient déjà été victimes d’un acte antisémite au cours de sa vie. Dans la majeure partie des cas, ces actes de violence sont à caractère verbal (64%). Cette violence de langage revêt plusieurs formes : la stigmatisation peut être alimentée par des clichés “populaires” ou véhiculée par des “blagues” antisémites. Ainsi par exemple, plus d’un français sur cinq a déjà entendu son entourage dire du mal des juifs. Deux lieux sont particulièrement la cible des agressions : la rue et les établissements scolaires. Le milieu professionnel n’est pas non plus en reste. De nombreux actifs de confession juive pratiquent régulièrement l’autocensure comme en témoigne Haïm Korsia, grand rabbin de France, interrogé par nos confrères du Parisien : “Certains n’osent pas demander de congés à leur employeur pour les fêtes de Kippour ou Roch Hachana, car cela revient à dire ouvertement je suis juif”.
S’ensuivent des comportement d’évitement et de fuite
Par ailleurs, 23% des personnes interrogées évoquent avoir subi des actes de violence physique. Cette hostilité clairement désignée à l’encontre d’une communauté a des conséquences. Elle entraîne des comportements d’évitement voire même de fuite. Un tiers des Français de confession juive interrogés évite d’afficher des symboles d’appartenance à leur religion comme la mezouza (objet de culte juif apposé à l’entrée d’une demeure) ou à dissimuler un élément vestimentaire d’appartenance au judaïsme.
Par ailleurs, 52 % des juifs de France ont envisagé de quitter la France. Résultat, la majorité des juifs (44%) considèrent que leur situation s’est dégradée par rapport à l’an dernier.
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