Comment les populistes libertaro-conservateurs ont détourné le courant libertarien

Jérôme Perrier | 15 avril 2025

Jérôme Perrier : « Une fois établi ce principe cardinal selon lequel tout libéralisme cohérent vise à garantir les droits individuels face à toutes les menaces de domination, il est assez facile de démontrer que les libertariens (a fortiori lorsqu’ils s’allient avec la droite populiste) ont définitivement trahi les principes cardinaux du libéralisme dont ils se réclament pourtant »

Jérôme Perrier est normalien, agrégé d’histoire et docteur en histoire de l’IEP de Paris. Il est également l’auteur de la récente note Fondapol intitulée «Le détournement populiste du courant libertarien». 

L’un des grands paradoxes de la vaste recomposition idéologique à laquelle nous assistons à l’échelle planétaire est l’alliance plus qu’improbable entre, d’un côté, des idées libertariennes (censées défendre une liberté absolue dans tous les domaines) et, de l’autre, des valeurs autoritaires en matière politique et réactionnaires en matière culturelle. Cette  alliance  de  l’eau  libertarienne  et  du  feu  traditionaliste,  pour  ne  pas  dire  obscurantiste (que l’on pense aux diatribes récurrentes  contre  la  science)  est  manifeste  chez  des  outsiders  devenus  des  acteurs  politiques  majeurs  de notre époque, comme le président argentin Javier Milei ou le tycoon devenu éminence grise à Washington, Elon Musk.

Le cas de Donald Trump est différent dans la mesure où sa structuration intellectuelle est plus que douteuse, son flair politique et son charisme télévisuels étant à peu près proportionnels à son aversion pour toute idée abstraite. Le seul domaine où le président   américain semble avoir conservé la même ligne depuis plusieurs décennies est son aversion pour le libre-échange et sa vision mercantiliste de l’économie qui sont rigoureusement incompatibles avec la conception libertarienne de l’économie, même au prix de contorsions extrêmes.

Le cas le plus intéressant pour qui essaye de comprendre les lignes de force idéologiques de notre époque est à l’évidence celui du président argentin Javier Milei, car cet universitaire, économiste de profession, concilie un ton incendiaire et un vocabulaire ordurier avec des idées parfaitement structurées qui relèvent d’une vision aussi réfléchie que paradoxale. C’est ce que nous avons essayé de démontrer à la faveur de deux longues notes parues il y a quelques jours à la Fondapol.

 

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