
«Après la désillusion électorale, le FN dans la bataille de l'opposition»
Guillaume Tabard | 08 juin 2017
Sur le moral des militants du Front national, la deuxième lame du rasoir électoral fera peut-être plus mal encore que la première. Le revers de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle avait douché les espoirs de ceux qui croyaient infinie la progression du FN. Le verdict du second tour des législatives risque de désespérer ceux qui, il y a quelques semaines encore, voyaient dans leur parti la première force d’opposition parlementaire.
Paradoxalement, P avenir politique du parti lepéniste est cependant moins noir que sa situation électorale lui laisserait croire. Il y a en effet une part de trompe-l’œil dans le verdict des urnes. C’était vrai à la présidentielle. 33,9 % des voix, ce fut très en deçà des espoirs de la candidate ; mais 10,64 millions de voix, ça reste un record historique pour le parti créé par Jean-Marie Le Pen. Ce sera vrai des législatives. La probabilité pour le FN d’obtenir un groupe à l’Assemblée nationale, c’est- à-dire de faire élire un minimum de quinze députés, est aujourd’hui faible. Ce sera interprété comme une claque de plus pour Marine Le Pen, même si celle-ci parvient à l’emporter dans la onzième circonscription du Pas-deCalais.
Ce sera même présenté comme une amplification de la défaite du 7 mai face à Emmanuel Macron. Pourtant, ce que paiera d’abord le Front national, ce sera l’effet du scrutin majoritaire. Même avec entre les 17 et 20 % des voix promises par les sondages au premier tour – ce qui, là encore, serait un record historique -, l’absence d’alliance et l’incapacité à attirer un nombre suffisant d’électeurs au second tour l’empêcheront d’atteindre dans beaucoup d’endroits une majorité absolue. Même si Marine Le Pen avait atteint la barre des 40 % à la présidentielle, le FN n’aurait pas été en mesure d’obtenir plus d’une cinquantaine de sièges. Il n’empêche. La présidente du FN sait qu’elle n’échappera ni à l’évidence de nouvelles contestations, ni à l’urgence de l’introspection. Sa chance, si l’on peut dire, est qu’elle ne sera pas la seule à devoir gérer les conséquences d’un échec. La déferlante Macron annoncée – si elle se confirme – mettra de ce point de vue sur un pied d’égalité lepénistes, mélenchonistes, socialistes et Républicains. Et d’une certaine manière, la moins défavorisée de ces trois oppositions sera celle qui saura le plus vite s’adapter à la nouvelle donne.
Le sondage Ifop réalisé pour l’étude de la Fondapol, publiée mercredi dans nos colonnes, montrait que le FN était le premier parti à incarner l’opposition à Emmanuel Macron pour 48 % des Français. Devant La France insoumise (36 %) et très loin devant les Républicains (12 %). Même au sein de l’électoral de droite et de celui de La République en marche, ce titre était accordé au FN. Pour Marine Le Pen, cette identification dans l’opinion est un atout. Par rapport à Mélenchon qui lui aussi sera victime du scrutin majoritaire. Et surtout par rapport à la droite qui n’en a pas fini de se diviser sur l’attitude à avoir à l’égard du pouvoir macroniste. Du soutien « constructif» à l’opposition frontale En désaccord sur tout avec Macron, Marine Le Pen aura au moins la chance d’être lisible par l’opinion. Si du moins elle retrouve la crédibilité qu’elle a perdue à la présidentielle.
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