« Entre le possible abandon américain, la menace russe et les difficultés avec l’Europe, la Pologne moderne trace un ambitieux chemin »

Gabriel Robin, Léo Major | 22 avril 2025

La Pologne est, depuis le mouvement Solidarnosc et la chute du Mur de Berlin, l’un des pays européens au tropisme américain le plus fort. Mais le désengagement progressif des Etats-Unis en Europe de l’est pourrait compromettre cette relation historique. Pour en parler, Leo Major.

Atlantico : Au début du mois d’avril, le commandement des forces américaines en Europe et en Afrique annonçait se retirer de la base de Rzeszów-Jasionka située en Pologne. Sa gestion est désormais déléguée aux troupes de l’OTAN. Le communiqué, au ton étonnant, indiquait aussi que cela serait l’occasion pour les Etats-Unis de « de redimensionner (leur) présence et d’économiser des dizaines de millions de dollars par an aux contribuables américains ». La Pologne a, à la suite de la chute du Mur de Berlin, confié sa sécurité aux Etats-Unis. Il est d’ailleurs peu de pays qui soit aussi structurellement américanophile que la Pologne. Comment ce désintérêt américain envers l’Europe de l’est peut-il être perçu à Varsovie ?

Léo Major : Pour Varsovie, cette décision est un grand chamboulement, elle plonge le pays dans l’incertitude tant Les États-Unis sont véritablement le socle de sa sécurité. D’un point de vue extérieur, on pourrait s’attendre à ce que les Polonais paniquent. Mais en réalité, l’alliance avec les États-Unis est si importante que la classe politique est plutôt dans le déni, tant un désengagement total américain est inconcevable. Le gouvernement a cherché à rassurer en indiquant que ce n’est qu’une « relocalisation » des forces armées, tandis que certaines voix à droite, comme l’ancien Premier ministre PiS (2017-2023) Mateusz Morawiecki, ont affirmé que cette décision était la conséquence des mauvaises relations avec l’administration Trump. Il est frappant de constater que les principaux candidats à la présidentielle de mai prochain ont très peu parlé de ce sujet. Le pays est tellement atlantiste qu’il serait suicidaire pour un parti de se positionner de façon radicale contre les États-Unis, même si cette décision aura forcément un impact sur la sécurité du pays.

Léo Major est chargé de mission à la Fondapol depuis septembre 2024.

Retrouvez l’article sur atlantico.fr

Commentaires (0)
Commenter

Aucun commentaire.