Finances publiques : « Ces mensonges aux Français qui compromettent l’avenir de notre pays »

Gabriel Robin, Jean-Pascal Beaufret | 15 avril 2025

François Bayrou tient ce mardi une conférence sur les « finances publiques ». De dérapages en dérapages et de déficits en déficits, la France s’expose sur les marchés internationaux. Nous mettons en danger notre prospérité et notre avenir. Pour en parler, Jean-Pascal Beaufret.

Lors de son entretien avec Gabriel Robin, Jean-Pascal Beaufret énonce les «pathologies budgétaires» évoquées par le Premier ministre François Bayrou lors de la conférence sur les finances publiques du 15 avril 2025. 

Jean-Pascal Beaufret : Le Premier Ministre a raison de vouloir exposer les pathologies budgétaires. La plus importante d’entre elles est que l’on ne dit pas au Parlement ou à l’opinion publique d’où viennent les déficits publics et ce, depuis longtemps. Cela fait par exemple 5 ans que les dépenses excédent les recettes de plus de 10 %. C’est considérable et n’a plus rien à voir avec les crises de 2020 à 2022 pendant lesquelles la dépense a été exceptionnellement élevée, plus qu’ailleurs.

Et on ne dit toujours pas de quel secteur de l’action publique proviennent les déficits publics. Est-ce qu’ils viennent d’un excès de dépenses et d’inefficacité de l’Etat central, des collectivités locales ou des régimes de Sécurité sociale ?  Notre système attribue donc tous les déficits à l’Etat, qui ne représente pourtant que le tiers des dépenses et il n’attribue aucun déficit (il attribue même des excédent) aux régimes sociaux qui représentent 50 % des dépenses, beaucoup plus que dans les pays comparables (5 % du PIB en plus). La présentation faite entre ces trois secteurs, votée par le Parlement, est trompeuse.

En effet des dépenses et des recettes sociales sont mal classées. On ne raisonne pas sur les dépenses et recettes finales de chaque secteur d’administration mais on leur ajoute les subventions croisées qu’elles s’accordent entre elles, ce qui fausse largement les résultats publiés. Nous agrégeons donc sous la rubrique « État » les déficits des deux autres secteurs de l’action publique et notamment ceux des régimes sociaux, dans un grand chaudron indifférencié, qui ne permet pas d’y voir clair.

La réalité est que notre modèle social et principalement les retraites conduisent aujourd’hui à environ 50 % des déficits (81 Md€ en 2024). Sur ce sujet, la Cour des comptes a maintenu, contre toute évidence, la fable ancienne d’un système de retraites « à l’équilibre » et a refusé de donner la contribution du système au déficit public d’ensemble.

 

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