
Le printemps des économies émergentes ?
Laurence Daziano | 10 mai 2017
APRÈS TROIS ANNÉES DIFFICILES, les économies émergentes semblent retrouver le chemin d’une croissance soutenue. Les dernières prévisions du FMI au niveau mondial – 3,5% pour 2017, contre 3,1% en 2016 – démontrent que l’économie se trouve sur un nouveau cycle de croissance. Le FMI souligne ainsi que la hausse du volume des échanges commerciaux internationaux devrait passer à 3,8% en 2017, contre 2,2% en 2016.
Cette croissance mondiale est tirée par les deux principaux moteurs économiques : les Etats-Unis et la Chine. Avec une croissance de 2,3% en 2017, revue à la hausse par le FMI, les Etats-Unis devraient faire mieux qu’en 2016 (1,6%). Quant à la Chine, le FMI table sur une croissance de 6,6% en 2017, contre 6,7% en 2016. Le Premier ministre Li Keqiang a annoncé en mars dernier que la croissance serait en 2017 « autour de 6,5% », ce que les statistiques chinoises ne manqueront pas de confirmer.
Pour les économies émergentes, la situation est contrastée. Certains pays confirment leur croissance, à l’instar de l’Inde (7,2%), même si le FMI a revu ses prévisions en baisse de 0,4 point, la réforme monétaire ayant eu un impact plus sévère que prévu. Des pays comme le Vietnam (6,5%) et l’Indonésie (5,1%) affichent également leur bonne santé. Quant à la Russie, le FMI adopte une position optimiste, puisqu’après la fin de récession en 2016 (-0,2%), il revoit à la hausse les perspectives de croissance pour 2017 (1,4% et +0,3 point), voire 2018 (1,4% et +0,2 point).
Sentier de croissance. D’autres grands émergents, en revanche, peinent pour revenir sur le sentier de la croissance. Le FMI considère que le Brésil devrait sortir de la récession (- 3,6% en 2016) avec un petit 0,2% en 2017, l’opération Lava Jato pesant encore considérablement sur la politique économique du gouvernement Temer et la confiance qu’inspiré l’économie brésilienne. Quant à l’Afrique du Sud et au Nigeria (chacun 0,8% en 2017), ils continuent de pâtir du prix bas des matières premières et d’une situation politique instable, avec une fin de présidence chaotique pour Jacob Zuma et une autorité toute relative pour le président Buhari, souffrant.
En réalité, dans ce nouveau cycle économique, la croissance des émergents est menacée par deux grands facteurs. Tout d’abord, l’évolution du prix des matières premières touche directement les économies exportatrices qui peinent à se diversifier. Une nouvelle baisse des cours du pétrole, encouragée par la hausse de la production des « oilmen » américains, affecterait leur début de croissance retrouvée.
Ensuite, la politique protectionniste affichée par Donald Trump a un impact majeur qui se traduit notamment par : 1/la hausse des taux d’intérêt et le renchérissement du dollar, qui touchent le Brésil, la Chine, le Mexique, la Turquie et l’Afrique du Sud ; 2/la menace d’une guerre commerciale avec le Mexique en première ligne depuis l’annonce de la renégociation de l’Alena ; 3/une politique migratoire restrictive, qui touche en premier lieu le Mexique et l’Inde ; 4 une politique fiscale visant à rapatrier les bénéfices que les entreprises américaines conservent à l’étranger qui touchera particulièrement le Mexique et l’Afrique du Sud.
Laurence Daziano est maître de conférences en économie à Sciences Po et membre du Conseil scientifique de la Fondapol.
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