Ils sont aussi 59 % à comprendre les insultes des députés sur les réseaux sociaux. « Il y a une forme d’empathie par rapport à la colère d’une partie de la population. Les gens comprennent mais n’approuvent pas la méthode », nuance Gilles Finchelstein, directeur général de la fondation Jean Jaurès. Qui rappelle que dans toutes les enquêtes d’opinion, à la question de savoir si la violence est un moyen légitime de faire valoir ses revendications, environ 20% répondent systématiquement « oui ».
C’est en Bretagne (74 %), fief du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, et en Martinique (75 %) que les Français ont le plus d’indulgence avec cette violence, dont les députés avaient été particulièrement victimes lors de la crise des Gilets jaunes. Un mouvement encore soutenu par 50 % des Français, d‘après l’enquête qui croise cette population avec celle des antivax : 70 % des personnes qui n’envisagent pas de se faire vacciner sont proches des Gilets jaunes. Le tout intervient dans un contexte où plusieurs députés de la majorité ont récemment fait l’objet de menaces de morts, notamment au sujet du pass sanitaire.
Dans la liste des institutions auxquelles les Français accordent leur confiance, l’Assemblée nationale n’arrive qu’en sixième position : 44 % des sondés disent lui faire confiance derrière la gendarmerie, l’armée, la police, l’Union européenne et même le Sénat. Sans surprise, le taux de confiance est plus bas encore parmi les soutiens aux Gilets jaunes (30 %) et chez les personnes qui n’envisagent pas de se faire vacciner (26 %). Enfin, un Français sur quatre juge l’Assemblée nationale inutile.
Ère du soupçon. Cette enquête dresse un constat cruel pour la République en marche, qui ambitionnait, lors de son arrivée au Palais Bourbon il y a cinq ans, de réconcilier les Français avec leurs représentants politiques. La loi pour la confiance dans la vie politique, l’une des premières du quinquennat, votée à l’été 2017, n’aura pas suffi à effacer les traces de l’affaire Fillon notamment. L’ère du soupçon semble avoir encore de beaux jours devant elle et la demande d’exemplarité est toujours aussi forte dans l’opinion. Quand on demande aux Français les qualités qu’un député devrait avoir, 51 % répondent l’honnêteté. Ce critère arrive très loin devant tous les autres (compétence 38 %, efficacité 34 %, capacité d’écoute 28 %).
Autre enseignement peu flatteur pour les députés, ils sont toujours perçus comme éloignés de ceux qu’ils représentent. Ainsi les sondés décrivent-ils un sentiment d’abandon : 68 % considèrent que les hommes ou femmes politiques ne se préoccupent pas de gens comme eux et 63 % ont ce sentiment concernant les députés. Avec le temps, la figure du député s’est éloignée des Français. En 1985, il était l’élu le plus important pour les Français. En 2021, c’est le maire qui prend cette place pour 61% des personnes interrogées et le député n’arrive que loin derrière (35 %). 30 % des sondés disent avoir déjà eu au moins un contact avec lui.
Un chiffre pourrait toutefois consoler les parlementaires, un Français sur deux dit connaître son député et la moitié se dit satisfaite du travail de leur travail. Paradoxe de l’histoire, s’ils plébiscitent l’ancrage local – 70 % pensent que le député doit s’occuper des problèmes de son territoire d’élection et 51 % demandent qu’il soit plus visible sur le terrain – les Français ne sont pas pour autant favorables au retour du cumul des mandats. 73 % des personnes interrogées considèrent que le non-cumul est une bonne chose car il leur permet de se concentrer sur leur seul mandat national. Une proposition de loi pour revenir sur le non-cumul a été votée par le Sénat début octobre et revient dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale ce vendredi. La République en marche y est opposée.
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