Le succès de la Revue K., nouvelle voix du judaïsme européen

Samuel Dufay | 02 février 2025

L’audience de ce magazine en ligne de centre gauche a nettement augmenté depuis le 7 Octobre, sur fond de flambée antisémite et d’interrogation quant à l’avenir d’Israël.

Cette orientation de centre gauche, progressiste et proeuropéenne, tranche avec la droitisation des Juifs français, alors que LFI, la formation dominante à gauche, fait figure de repoussoir. Une anomalie apparente, à l’heure où Serge Klarseld, figure de l’antinazisme, se dit prêt à voter pour le RN. Plutôt un révélateur. La revue est venue combler un manque, selon David Khalfa, codirecteur de l’Observatoire du Moyen-Orient à la Fondation Jean-Jaurès, qui vient de diriger un ouvrage collectif sur l’onde de choc du 7 Octobre à travers le monde (Israël-Palestine, année zéro, éditions du Bord de l’eau / Fondation Jean-Jaurès) : « Elle a rendu visible une tendance peu représentée dans le débat intellectuel français et juif, celle d’une gauche à la fois sioniste, proeuropéenne et critique des dérives illibérales de la droite israélienne. » Le succès du magazine manifeste « l’existence et la vitalité d’un judaïsme progressiste résolument en prise avec les débats traversant la société française, et qui ressent le besoin de se réarmer intellectuellement face à la flambée d’antisémitisme. Son positionnement lui permet d’échapper à la double impasse de l’antilibéralisme de gauche incarné par LFI et à une extrême droite relookée façon RN qui est en progression. Elle incarne une forme de renouvellement des élites intellectuelles juives françaises, avec une rédaction relativement jeune ».

Ce positionnement séduit jusqu’au centre droit. La Fondapol compte parmi les soutiens financiers de la revue, outre le ministère de la Culture ou la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Son directeur général, Dominique Reynié, enthousiasmé par ce magazine « excellentissime », précise : « Il ne faut pas réduire K. à une revue destinée exclusivement aux Juifs, ou aux curieux de l’histoire du judaïsme : elle vise ceux qui s’intéressent à l’idée européenne, qui sont attachés à une conception humaniste de la politique. »

Retrouvez sur lepoint.fr

Dominique Reynié, Simone Rodan-Benzaquen, Anne-Sophie Sebban-Bécache, Sarah Perez-Pariente, François Legrand, Radiographie de l’antisémitisme en France Édition 2024, Fondapol, octobre 2024

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