Les retraites, les Français et les mille et un mensonges qui leur ont fait perdre de vue la réalité

Bertrand Martinot | 19 avril 2025

Dernière polémique en date : le patronat, la CFDT et la Cour des comptes suggèrent de modifier le mécanisme de l’abattement fiscal de 10% sur les pensions, en vigueur depuis 1977. Concrètement, il s'agit d’un abattement automatique de 10% qui réduit la somme soumise à l’impôt sur le revenu, jusqu’à un plafond de 4123 euros.

On ne peut tout simplement pas demander un effort aux Français tout en sanctuarisant les quelque 16 millions de ménages retraités sur les 40 millions que l’Hexagone compte au total. D’une manière ou d’une autre, les retraités doivent participer à l’effort collectif de redressement des comptes publics. Pour que celui-ci soit accepté, il vaut sans doute mieux lui donner un sens politique. Les 10 % d’abattement supprimés devraient être intégralement recyclés dans la consolidation de notre régime de retraite. C’est une proposition que j’ai détaillée dans mon étude pour la Fondapol La capitalisation : un moyen de sortir par le haut de la crise des retraites ? La suppression de cet abattement pourrait faire partie d’un cocktail de solutions pour mettre en place un pilier par capitalisation à l’intérieur de notre système de retraite.

[…]

Le rendement de la retraite par répartition sur le long terme est connu : c’est le taux de croissance de l’économie. En d’autres termes, cela va dépendre de la génération durant laquelle on est né. Pour ceux nés dans les années 1940, ainsi que l’explique le COR, le rendement réel de la retraite par répartition est d’environ 2,5 %. Si, toutefois, vous avez eu la malchance de naître dans les années 1980, il a chuté à 0,5 %. Il continuera probablement à descendre dans les années à venir. Le rendement de la retraite par capitalisation dépend, pour sa part, de l’hypothèse que l’on fait sur le rendement du capital. À long terme, c’est-à-dire corrigé de l’inflation, il est généralement situé entre 3 et 4. Par conséquent, l’intérêt de la capitalisation, c’est l’écart entre 3-4 et un rendement à moins de 0,5 % pour les générations actuelles.

Il va de soi que notre système est injuste au sens où il y a de moins en moins de rapport entre ce que l’on cotise et ce que l’on perçoit in fine, une fois en retraite. Au fur et à mesure que les réformes des retraites ont été décidées, les travailleurs ont été amenés à cotiser de plus en plus pour une retraite qui sera rabotée, ce dont témoigne la diminution du taux de remplacement (ratio pension / dernier salaire perçu) que prévoit le COR à partir des années 2030. En outre, il faut évidemment parler des inéquités à l’intérieur même du système ; selon la composition familiale par exemple, mais aussi selon le caractère haché ou non de la carrière, le niveau de revenu, le sexe, etc. Au final, entre les différents régimes, il y a aussi assez peu de rapport entre ce que l’on a cotisé et ce que l’on va recevoir.

Quant à savoir si le système est soutenable… Il l’est, si l’on accepte sa dégradation, laquelle peut durer encore des décennies. D’une façon plus réaliste, non, évidemment, il ne l’est pas. Il provoque un creusement conséquent des inégalités intergénérationnelles.

 

Retrouvez l’intégralité de l’entretien sur atlantico.fr

Commentaires (0)
Commenter

Aucun commentaire.