Mosquées inclusives et modernité sexuelle en France : discours et pratiques

Tachfine Baida, Zohra Aziadé Zemirli | 17 mars 2025

Les conceptions de la sexualité et des genres ont connu des transformations substantielles. Dans ce dossier qualifiées de « modernité sexuelle », celles-ci se sont notamment articulées autour de l'émergence de mouvements féministes et « LGBTQI+ ». Néanmoins, les leaderships musulmans se sont souvent opposés à ces changements. Dans le contexte français, marqué par la présence d’une forte communauté musulmane, ces bouleversements interrogent l’existence des voix alternatives prenant en compte cette « modernité sexuelle ». Pour y répondre, cet article se penche sur trois cas de mosquées dites inclusives en France : l’institut Calem, le projet Sîmorgh et la mosquée Fatima. Sur la base d’un corpus qui comprend des contenus médiatiques, des observations et des entretiens, il s’agit d’analyser les positionnements des leaders de ces mosquées concernant l’égalité des genres et la diversité sexuelle.

Quant au projet de la mosquée Sîmorgh, il a vu le jour à Paris en 2019. Initialement, un groupe Facebook a été créé en 2014 au sein duquel Anne-Sophie Monsinay a rencontré Eva Janadin (qui avait une association sur l’islam mu’tazilite). Elles ont alors décidé de coorganiser, avec Abdennour Bidar, une journée d’étude en 2018. A la suite de celle-ci, elles ont reçu plusieurs demandes de la part des participants de passer à quelque chose de plus concret, elles ont alors créé l’association « Voix d’un islam éclairé » en septembre 2018. Leur objectif n’était pas seulement de créer un lieu de culte mais de pouvoir diffuser et produire du contenu théologique en accord avec leur vision. Elles auraient ensuite posté une petite note sur le site de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) pour présenter le projet de mosquée. Grâce à cette médiatisation, elles ont pu ouvrir leur lieu, un an après. Selon le manifeste Une mosquée mixte pour un islam spirituel et progressiste publié sur le site de Fondapol en février 2019, la mosquée Sîmorgh ne « s’affilie à aucune obédience juridique de l’islam mais s’inspire des enseignements de la mystique soufie dans une démarche progressiste et non traditionaliste » (Janadin et Monsinay, 2019).

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