Réussir la transition énergétique : ne plus opposer les énergies

Laurence Daziano | 27 juin 2017

LE CERCLE/POINT DE VUE – Une transition énergétique réussie passera par le développement de toutes les énergies décarbonées. Il faut réduire notre consommation d’énergie fossile avant de fermer des centrales nucléaires. 

Les législatives sont derrière nous, le quinquennat d’Emmanuel Macron est vraiment lancé. Et les priorités sont déjà nombreuses : relance de l’Union européenne, maîtrise du déficit public, lutte antiterroriste, réforme du droit du travail… Parmi toutes les priorités, le retrait américain de l’accord de Paris sur le climat, annoncé par Donald Trump, érige la transition énergétique au frontispice des priorités.

Dans son projet présidentiel, Emmanuel Macron avait repris l’objectif, fixé par la loi de transition énergétique, de ramener de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production électrique française à l’horizon 2025. Le nouveau ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a confirmé cet objectif, tout en concédant qu’« on ne peut pas se passer [du nucléaire] demain matin ».

Dépassionner le débat

La réussite de la transition énergétique en France dépendra avant tout de la capacité du nouveau gouvernement à dépassionner le débat et à traiter cette question importante de manière factuelle et « désidéologisée », en commençant par ne plus opposer les énergies.

Une transition énergétique réussie passera par le développement de toutes les énergies décarbonées, de manière à assurer, d’une part, un « mix » énergétique équilibré et au coût le plus avantageux et, d’autre part, une continuité d’approvisionnement qui nous permettra de surmonter les épisodes difficiles de pics de demande, que ce soit pour le chauffage en plein hiver ou la climatisation en plein été.

Vers moins d’énergie fossile

L’objectif fondamental est de réduire la proportion des gaz à effet de serre dans notre consommation d’énergie. Or la répartition de la consommation finale d’énergie en France montre que notre consommation est issue pour plus des deux tiers de combustibles fossiles. Les produits pétroliers raffinés en représentent 45 %, le gaz 19 % et le charbon 3 %, tandis que l’électricité en représente 23%.

La politique à mettre en oeuvre pour réussir la transition énergétique vise moins à substituer à une énergie nucléaire une énergie renouvelable que de réduire la part de l’énergie fossile de notre consommation. La France dispose pour cela d’atouts méconnus. Par exemple, l’énergie hydraulique produit en France 25 GW d’électricité, soit 12,2 % de l’électricité consommée, l’équivalent de 10 réacteurs nucléaires. A l’inverse, notre parc éolien, et notamment éolien offshore, est encore trop peu développé, par comparaison notamment à celui de nos voisins allemands.

Ne pas se priver du nucléaire

Pour autant, développer les énergies renouvelables ne signifie pas renoncer à l’énergie nucléaire. Le vent, le soleil et même l’eau ne peuvent assurer une production d’énergie en continue. Malgré l’accélération de la recherche dans le développement des batteries, la rupture technologique dans le domaine du stockage ne permet pas encore de régler cette question de l’intermittence des énergies renouvelables.

Dans ce contexte, l’énergie nucléaire, décarbonée, modulable en fonction de la demande, permettra toujours d’assurer la continuité de l’approvisionnement à un coût marginal intéressant. La France aurait tort de se priver de cet atout pour atteindre ses objectifs climatiques.

Laurence Daziano, maître de conférences en économie à Sciences po, est membre du conseil scientifique de la Fondation pour l’innovation politique.

 

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