2000 milliards de dette : Frédéric Bastiat et l'endettement public
Fondapol | 02 octobre 2014
La dette publique selon Frédéric Bastiat
Alors que la France a franchi, mardi soir, le seuil des 2000 milliards de dette, Trop Libre a sélectionné aujourd’hui un texte de Frédéric Bastiat, économiste et homme politique libéral français du XIXème siècle, pour mettre en lumière les dangers de l’endettement public.
En 1848, dans l’article Justice et Fraternité, Frédéric Bastiat s’attaque au dogme de la Fraternité, imposée par la Loi, c’est-à-dire une redistribution des richesses excessive par l’Etat, moyennant l’impôt. Il y décèle les germes d’une « bureaucratie dévorante », la menace de la multiplication « de ces contributions indirectes, de cet argent arraché par force et par ruse, de ces pièges fiscaux tendus sur toutes les voies du travail, de ces entraves qui nous font plus de mal encore par les libertés qu’elles nous ôtent que par les ressources dont elles nous privent ».
Les mannes distribuées par l’Etat coûteraient cher au peuple: « L’Etat ne peut avoir beaucoup d’argent qu’en épuisant tout le monde et les masses surtout. (…) Aujourd’hui qu’on a admis en principe que l’Etat est institué pour distribuer la richesse à tout le monde, il est naturel qu’on lui demande compte de cet engagement. Pour le tenir, il multiplie les taxes et fait plus de misères qu’il n’en guérit. Nouvelles exigences de la part du public, nouvelles taxes de la part de l’Etat, et nous ne pouvons que marcher de révolution en révolution. (…) Le peuple sera écrasé d’impôts, on fera emprunt sur emprunt; après avoir épuisé le présent, on dévorera l’avenir. (…) On verra le peuple tout entier transformé en solliciteur. Propriété foncière, agriculture, industrie, commerce, marine, (…) tout s’agitera pour réclamer les faveurs de l’Etat. Le Trésor public sera littérallement au pillage. Chacun aura de bonnes raisons pour prouver que la fraternité légale doit être entendue dans ce sens: «Les avantages pour moi, et les charges pour les autres.» L’effort de tous tendra à arracher à la législature un lambeau de privilège fraternel. »
Deux ans plus tard, les prévisions deviennent une réalité en France.Dans le chapitre « Services privés, service publique » du livre Harmonies économiques, Bastiat constate: « (…) Quand l’Etat se charge de tout, il devient responsable de tout. Sous l’empire de ces arrangements artificiels, un peuple qui souffre ne peut s’en prendre qu’à son gouvernement(…). (…) Quel triste spectacle offre maintenant la France! Toutes les classes souffrent, et, au lieu de demander l’anéantissement, à tout jamais, de toute spoliation légale, chacun se tourne vers la loi, lui disant: «Vous qui pouvez tout, vous qui disposez de la Force, vous qui convertissez le mal en bien, de grâce, spoliez les autres classes à mon profit. Forcez-les à s’adresser à moi pour leur achats, ou bien à me payer des primes, ou bien à me donner une instruction gratuite, ou bien à me prêter sans intérêt, etc.» C’est ainsi que la loi devient une grande école de démoralisation(…). (…) La spoliation (…) finit par devenir toute une savante théorie qui a ses professeurs, ses journaux, ses docteurs, ses législateurs(…). (…) Malheureuse, trois fois malheureuse la nation, où les questions se posent ainsi; où nul ne songe à faire de la loi la règle de la justice; où chacun n’y cherche qu’un instrument de vol à son profit, et où toutes les forces intellectuelles s’appliquent à trouver des excuses dans les effets éloignés et compliqués de la spoliation! »
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