« Détruire le fascisme islamique » : une ode à l’islam pour vaincre l’islamisme
Louis Malbète | 03 janvier 2017
Détruire le fascisme islamique de Zineb El Rhazoui, Editions Ring, 2016, 75 pages, 6,90 €
Détruire le fascisme islamique : rien que le nom du livre porte à provocation. Pamphlet contre le politiquement correct et les lieux communs relatifs à l’islamisme et au terrorisme, le livre de Zineb El Rhazoui, journaliste rescapée des attentats de Charlie Hebdo, cherche assurément à déconstruire toutes les certitudes les plus répandues sur l’islam et surtout à son pendant politique : l’islamisme.
Zineb El Rhazoui commence tout d’abord par dénoncer l’imposture intellectuelle qui se cacherait derrière les dénonciations d’islamophobie. Selon elle, elle serait provoquée par le fait que l’on assimilerait l’islamophobie, qui désigne « la haine viscérale d’un très grand groupe de personnes », à la simple critique de la religion musulmane. En raison de cette définition erronée, il serait donc islamophobe de dénoncer par exemple les conditions des femmes dans les pays où règne l’islam politique ; il serait également islamophobe de critiquer le fait que les sourates les plus obscurantistes du Coran ne soient toujours pas dénoncées à l’heure actuelle et considérées comme obsolètes ; enfin, il serait islamophobe de dénoncer que certains groupes ou certaines communautés revendiquent en France une liberté de culte et de pratique sous couvert de laïcité, tout en souhaitant la nier à d’autres, sous prétexte que ceux-ci seraient justement islamophobes. Tout ceci mènerait donc à une impossibilité de critiquer la religion qu’est l’islam, et donc à une normalisation des manifestations extrêmes de celle-ci : l’islamisme. Zineb El Rhazoui donne ainsi l’exemple du burkini, qui n’existe pas sur les plages des pays où gouverne un islam politique et qui n’a pas d’équivalent masculin (et constitue donc selon elle un instrument d’oppression et de soumission de la femme) : tous ceux qui s’aviseraient de le critiquer (voire l’interdire) sont désormais taxés d’islamophobes et critiqués, sous couvert de liberté de conscience. Pour l’auteur, cette interdiction du débat correspond aux origines de ce qu’elle appelle le « fascisme islamique ».
Zineb El Rhazoui s’emploie ensuite à dénoncer ceux qu’elle considère comme des « collaborationnistes français » de ce fascisme islamique. Tout le monde en prend pour son grade ! La classe politique d’abord : si les « collaborationnistes »sont présents sur tout le spectre politique, l’auteur met toutefois l’emphase sur l’extrême-gauche qui, selon elle, favorise l’implantation de ce fascisme sous couvert de défense de la communauté musulmane en laquelle elle voit un « nouveau prolétariat ». Sont également critiqués les imams dits « modérés », qui toujours selon l’auteur, s’égosillent à condamner tous les attentats mais se refusent à déclarer obsolètes ou voire tout simplement à critiquer les hadîths les plus violents ou oppressifs du livre Coranique. Enfin, Zineb El Rhazoui s’attaque aux féministes qui, sous couvert de défendre la « liberté de la femme » (en l’occurrence dans l’exemple développé dans l’ouvrage, la liberté de porter le voile), contribuent à banaliser sa soumission et qui sous couvert de progressisme contribueraient à amplifier encore plus la régression dans laquelle l’islam politique s’inscrit.
D’aucuns dénonceraient ce pamphlet comme islamophobe. Mais gardons-nous bien de faire de tels raccourcis : ce n’est pas un pamphlet contre l’islam ; bien au contraire, ce livre veut être un pamphlet contre l’islam politique, ou plus simplement l’islamisme qui à travers son objectif extrémiste, dessert le « véritable islam », et tout ce que la civilisation musulmane a de magnifique à offrir. Détruire le fascisme islamique est un livre court et incisif s’élevant contre la normalisation de ce que son auteur considère comme anormal. On n’y sent pas une haine de l’islam, mais une haine des fondamentalistes islamistes et surtout de toute une série de gens que l’auteur considère comme complices malgré eux du salafisme. Ce livre est un pamphlet imprégné de colère, mais également imprégné de son passé de docteure de l’EHESS en sociologie des religions. C’est un livre avec lequel il est très facile de tomber en désaccord, mais qui a au moins le mérite de soulever des questions qui trop souvent sont occultées par le politiquement correct.
Il convient de terminer sur quelques mots issus du livre lui-même, car personne mieux que Zineb El Rhazoui ne saurait résumer ce qu’elle tente de démontrer au travers de son ouvrage : « L’islam n’a pas sa place dans le monde moderne en tant que législation. Pas plus que le christianisme ou le judaïsme. Il ne pourra survivre qu’en tant qu’héritage culturel sécularisé, critiqué, soumis à la loi et à la raison. Autrement, l’islam sera condamné à vaincre ou à être vaincu, car aussi longtemps qu’il y aura des Hommes qui auront pour projet de l’appliquer à la lettre et de reconstruire la Oumma de Mahomet à l’identique, il y aura du terrorisme.»
« Crédit photo Flickr: Stortinget »
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