Élections européennes de 2024 - L'évolution du rapport de forces au sein du Parlement européen
Fondation pour l'innovation politique | 19 juin 2024
Au lendemain du 9 juin, la physionomie du Parlement européen a connu un changement significatif que l’on peut caractériser comme une double droitisation : une droitisation accompagnée d’une droitisation de la droite.
Toutes les données concernant la composition du Parlement européen précédent correspondent à la dernière session de la législature européenne 2019-2024.
1. Les eurodéputés de droite occupent 52,2 % des sièges du Parlement européen, contre 45,8 % en 2019*
a. Les élections européennes du 9 juin 2024 ont été marquées par une forte poussée des droites. Les eurodéputés appartenant à l’un des trois groupes de droite (PPE, CRE et ID) représentent désormais 45 % des élus au Parlement européen contre 41,7 % en 2019*. Chacun des trois groupes a gagné des sièges : le groupe du Parti populaire européen (PPE) a gagné 14 eurodéputés, passant de 176 à 190 sièges ; le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (CRE) en a gagné 7, passant de 69 à 76 sièges, et le groupe Identité et Démocratie (ID) est passé de 49 à 58 sièges. Le nombre total des eurodéputés affiliés à un groupe parlementaire de droite a donc augmenté de 30 sièges (passant de 294 à 324 sièges) par rapport à la législature sortante*.
b. On recense actuellement 15 partis « non-inscrits », c’est-à-dire qui ne sont pas membres d’un groupe parlementaire, mais qui se situent à droite du spectre politique et qui relèvent le plus souvent d’une forme de populisme de droite. Ils représentent 52 eurodéputés, parmi lesquels ceux de l’AfD (15 sièges) ou ceux du Fidesz-KNP (10 sièges), coalition au pouvoir en Hongrie. Ces eurodéputés relevant de la droite populiste mais qui n’appartiennent à aucun des groupes parlementaires existants représentent 7,2 % des sièges contre 4,1 % en 2019*.
c. Au total, le nombre des eurodéputés de droite, ceux du PPE, du CRE, du groupe ID et des non-inscrits de droite passe de 45,8 % en 2019* à 52,2 % des sièges au Parlement européen en 2024.
Les élections européennes ont donc révélé une forte poussée de la droite. Notons enfin que les eurodéputés de droite membres d’un parti non-inscrit, plus nombreux que jamais, permettent d’imaginer au sein du Parlement des mouvements futurs de ralliement au profit de tel ou tel groupe.
Toutes les données concernant la composition du Parlement européen précédent correspondent à la dernière session de la législature européenne 2019-2024.
2. Le centre : 11,5 % des sièges, contre 14,6 % en 2019*
Les élections européennes de 2024 se signalent également par le recul du groupe du centre libéral-démocrate au Parlement européen, Renew Europe : 11,1 % des sièges (80 sièges), contre 14,5 % en 2019* (102 sièges), soit une perte de 22 sièges. Les partis non-inscrits pouvant se situer au centre sont rares : on en compte un seul en 2019*, le DP lithuanien (1 siège) ; pour la nouvelle législature, deux partis non-inscrits sont susceptibles de se situer au centre du spectre politique : Volt aux Pays-Bas (2 sièges) et le PdF allemand (1 siège).
Toutes les données concernant la composition du Parlement européen précédent correspondent à la dernière session de la législature européenne 2019-2024.
3. Les gauches : 32,4 % des sièges, contre 35,9 % en 2019*
Les groupes de gauche subissent également un recul. Ils représentent aujourd’hui 31,5 % des sièges, contre 35 % à la fin de la législature précédente. Le groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates (S&D) perd 3 sièges (passant de 139 à 136 sièges) ; le groupe des Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) perd 19 sièges (de 71 à 52 sièges). En revanche, le groupe de la Gauche au Parlement européen (GUE/NGL) gagne 2 sièges, passant de 37 à 39 sièges. L’effectif total des groupes de gauche au Parlement européen passe de 247 à 227 sièges, soit une perte de 20 eurodéputés.
On le voit, le recul de la gauche procède principalement de l’effondrement des Verts qui tient à leur échec électoral dans les pays qui en avaient élu le plus en 2019, l’Allemagne et la France. En Allemagne les Grünen n’ont obtenu que 11,9 % des suffrages, contre 20,5 % en 2019. En France, Europe Écologie les Verts (EELV) n’a pu recueillir que 5,5 % des voix, contre 13,5 % en 2019.
En totalisant les non-inscrits de gauche avec ceux des groupes S&D, Verts/ALE et GUE/NGL, les gauches au Parlement européen rassemblent 32,4 % des sièges, contre 35,9 % en 2019*.
Nous n’avons pas pris en compte les eurodéputés issus des listes difficiles à classer sur une échelle gauche/droite, comme par exemple les élus du SMER slovaque, du BSW allemand, du Mouvement 5 étoiles italien, du SALF espagnol et du Ključ Hrvatske croate. Les eurodéputés non-inscrits issus de mouvements régionalistes ou indépendantistes n’ont pas été inclus, ainsi que les eurodéputés indépendants.
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