« La propagande polonaise antirusse est la plus vicieuse, la plus vulgaire et la plus criarde. Une vraie communauté d’imbéciles politiques. »
Fondation pour l'innovation politique | 21 mars 2022
Dans le prolongement de la propagande promue par Vladimir Poutine pour justifier son invasion de l’Ukraine, Dmitry Medvedev, Président de la Fédération de Russie (2008-2012) et Premier ministre de la Fédération de Russie (2012-2020), a publié le 21 mars 2022 sur sa chaîne Telegram une diatribe menaçante contre la Pologne, pays membre de l’OTAN et de l’Union européenne.
La Fondation pour l’innovation politique a traduit son texte du russe au français, par Inna Uryvskaya.
Sur la Pologne
Le temps que l’Europe réalise les conséquences néfastes des sanctions antirusses, le pays européen qui nous est le plus cher, va, comme à son habitude, plus vite que la musique. Le premier ministre Mateusz Morawiecki, accompagné du vice-Premier ministre Kaczyński ainsi que des Premiers ministres de la République tchèque et de la Slovénie, s’est rendu à Kiev à bord d’un train hautement surveillé. À l’image de Lénine à son époque, dans son wagon blindé financé par les Allemands. Que de discussions avec Zelensky ! Que de promesses d’amitié et d’aide ! Que de mensonges, bien évidemment aussi. Dès son retour, Moravetsky a annoncé solennellement un programme de « dérussification de l’économie polonaise et européenne ». En précisant courageusement que « cela coûtera cher ».
Il a absolument et totalement raison : cela sera cher et inutile. Mais la Pologne n’a plus à se soucier de ses pertes. Elle a déjà perdu tout ce qu’elle pouvait perdre durant toutes ces années de russophobie pathologique. Alors maintenant, comme disent les voisins si chers aux Polonais : « La grange a brûlé, que la maison brûle ! »
Dès qu’il s’agit de la Russie, la Pologne se tord littéralement de « douleurs fantômes ». Il est très difficile pour ses élites d’accepter que le Temps des troubles se soit terminé par l’expulsion des occupants polonais du Kremlin, il y a près de quatre cents ans. Et que la République des Deux Nations (« Rzeczpospolita Obojga Narodów ») ne soit jamais devenue un grand empire. Tous ces échecs ne viennent pas des intrigues de la Russie, les seuls responsables sont les querelles internes, la corruption, les échecs économiques et les batailles perdues. Et ce depuis de nombreux siècles.
La propagande polonaise antirusse est la plus vicieuse, la plus vulgaire et la plus criarde. Une vraie communauté d’imbéciles politiques. Contrairement à notre pays, où nous ne passons pas sous silence même les chapitres les plus sombres de notre histoire, en Pologne ils rêvent d’oublier l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Et, avant tout, ces soldats soviétiques qui ont vaincu le fascisme, ont expulsé les occupants des villes polonaises et les ont empêchés de détruire Cracovie, ont libéré les prisonniers d’Auschwitz et de Majdanek.
Les Polonais réécrivent l’histoire, démolissent les monuments. L’occupation fasciste est ouvertement assimilée à l’« occupation » soviétique. Qui aurait pu imaginer un discours plus trompeur et dégoûtant ? Les Polonais l’ont fait.
Cependant, il n’y a pas de sentiments antipolonais en Russie et il n’y en a jamais eu. Les sociologues en témoignent : les citoyens de notre pays sont très amicaux envers ce peuple. Il est impossible d’oublier l’élan de sympathie et de compassion provoqué par cet accident d’avion près de Smolensk, dans lequel une délégation de haut niveau ainsi que le président polonais ont trouvé la mort. Les citoyens russes ont porté des fleurs à l’ambassade et dans les églises polonaises, exprimé leurs condoléances dans la presse et sur les réseaux sociaux. En tant que chef de l’État, j’ai déclaré un jour de deuil dans tout le pays.
Par la suite, lors de mes visites en Pologne, j’ai été convaincu qu’il n’y avait pas d’obstacles à l’amélioration des relations entre nos pays, c’est une route à double sens où nous avons tous à y gagner. Cependant, le parti PiS de Kaczyński no 2, dirigé par ses maîtres américains, et le reste des élites politiques ont tout fait pour bloquer toute communication normale.
Aujourd’hui, les intérêts des citoyens polonais ont été sacrifiés à la russophobie de ces politiciens médiocres et leurs marionnettistes de l’autre côté de l’océan, qui présentent des signes évidents de sénilité. Le refus d’acheter le gaz, le pétrole et le charbon russes, l’opposition à Nord Stream 2 ont déjà causé de graves dommages à l’économie de ce pays. Et cela ne fera qu’empirer. Il en va de même pour de nombreuses autres mesures, qui ne reposent pas sur l’économie mais sur la politicaillerie sous couvert de « dérussification ». Peu leur importe. Plutôt que de venir en aide à leurs propres citoyens, il est beaucoup plus important pour les élites vassales polonaises de prêter allégeance à leur suzerain américain et de tout faire pour maintenir le feu de haine envers l’ennemi représenté par la Russie.
Qu’est-ce que les citoyens y gagneront ? Absolument rien. Mais, tôt ou tard, ils comprendront que la haine de la Russie ne renforce pas les liens de la société et ne contribue ni au bien-être, ni à la tranquillité. Bien au contraire, la coopération économique avec notre pays profite aux Polonais, les liens humains sont indispensables et les échanges culturels et scientifiques entre les patries de Pouchkine et Mickiewicz, de Tchaïkovski et Chopin, de Lomonosov et Copernic sont essentiels. Très probablement, les Polonais feront alors le bon choix – par eux-mêmes, sans incitation ni pression des élites étrangères atteintes de démence.