Le nucléaire est le cœur de la transition énergétique

Michel Gay | 31 mars 2015

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Par Michel Gay

Pour ceux qui en doutaient encore, et malgré les milliards d’euros engloutis annuellement à perte dans les éoliennes et le solaire, le nucléaire est bien « le » cœur de la transition énergétique, si cette dernière consiste bien à aller vers un monde moins consommateur de combustibles fossiles, et donc moins émetteur de gaz à effet de serre.

La déclaration de la ministre de l’Écologie et de l’énergie le 13 janvier 2015 en faveur d’un programme de construction de nouveaux réacteurs nucléaires ne fait que le souligner.

« L’histoire et le savoir-faire français dans le nucléaire font partie de nos atouts (…). Il faut maintenant programmer les investissements de sécurité des réacteurs existants. Mais il faut aussi programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées. (…) L’énergie nucléaire est un atout, même si demeurent des questions sur la gestion des déchets et l’approvisionnement en uranium. Elle nous permet de réaliser la transition énergétique, car elle assure une sécurité énergétique. »

Ces phrases ont pourtant ému une frange « verte » de la classe politique qui croit encore, ou qui veulent faire croire, que du vent, du soleil, de l’eau et du bois suffiront à subvenir aux besoins en énergie de la nation. Ségolène Royal n’a fait que confirmer la stratégie française prévoyant de développer une filière nucléaire pour permettre la mise en place d’une quatrième génération de réacteurs surgénérateurs à l’horizon 2050.

Cependant, ses propos sont tout de même bien différents de ceux tenus par la candidate à l’élection présidentielle de 2007 qui écrivait à Nicolas Hulot, le 5 janvier de cette année-là, sa volonté de« ramener la part de l’électricité d’origine nucléaire à 50% d’ici 2017″. Elle était également« préoccupée (…) de la sécurité de ces installations, qui sont exploitées bien au-delà de la durée initialement prévue de leur vie industrielle » alors que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) n’a jamais qualifié de « dangereuse » aucune de nos centrales. Ce faux argument sur la durée de vie est généralement avancé par des antinucléaires comme Bruno Rebelle, ancien directeur de Greenpeace France, qui était alors… le conseiller pour le développement durable de la candidate. En 2015, la ministre précise : « Je n’ai pas mis dans la loi sur la transition énergétique une limitation à quarante ans comme le voulaient les écologistes. Ce n’est pas une bonne façon de procéder vis-à-vis de notre industrie. À l’international, ce serait un couperet trop idéologique. » On notera le « trop »… Un peu d’idéologie contraire à l’intérêt général serait admissible, mais il n’en faut pas « trop » !

Or, en réalité, les réacteurs ont été conçus sans durée de vie maximum ! Et il y avait une bonne raison à cela : le retour d’expérience sur la tenue des matériaux à l’irradiation pendant des dizaines d’années n’existait pas. Les ingénieurs ont donc été prudents. Ils ont pris des « marges » en garantissant les réacteurs pour 30 ans… au moins. EDF a donc prévu l’amortissement financier initial de ses centrales nucléaires sur… 30 ans.

Cependant, à l’usage, « l’usure » a été moindre qu’initialement envisagée. Tous les 10 ans, l’Autorité de sureté nucléaire doit se prononcer pour prolonger (ou non) de 10 ans le fonctionnement en toute sécurité des réacteurs nucléaires. Les mêmes types de réacteurs ont déjà reçu des autorisations de fonctionnement jusqu’à 60 ans aux États-Unis[1]. Le vieillissement étant plus lent que prévu, EDF a donc décidé de calculer ses amortissements financiers sur 40 ans dans un premier temps, puis de réaliser l’investissement nécessaire (appelé « grand carénage ») pour prolonger ses réacteurs jusqu’à 50 ans ou 60 ans. Aujourd’hui, les nouveaux réacteurs nucléaires (EPR) ont une durée de fonctionnement prévue pour, au moins, 60 ans. Voilà pour les réacteurs « exploités bien au-delà de la durée initialement prévue »

La ministre a été une disciple de François Mitterrand qui aimait dire, en citant le Cardinal de Retz :« un homme politique ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment ». En digne héritière, Madame Ségolène Royal tient un discours fluctuant au gré de la tendance du moment. Certes, le général de Gaulle a aussi fait des déclarations publiques ambigües, mais il disait : « On ne fait pas de politique autrement que sur des réalités ».[2]

Et la réalité aujourd’hui, c’est 69 réacteurs nucléaires en construction dans le monde, tandis que 439 autres en activité représentent une puissance électrique de 378 GW[3], soit trois fois la puissance électrique totale installée en France qui est d’environ 125 GW[4]. Le secteur de l’énergie nucléaire représente la troisième industrie nationale française.

Une transition énergétique efficace conciliant la baisse de la consommation d’énergie fossile et l’augmentation du niveau de vie des Français pourrait s’appuyer sur les trois orientations suivantes :

1. Renforcer le nucléaire comme socle de la production d’électricité en utilisant le plus longtemps possible en toute sécurité les réacteurs actuels, puis échelonner leur remplacement par les nouveaux réacteurs EPR, et enfin préparer le développement progressif des surgénérateurs de quatrième génération après 2050 en finançant le prototype ASTRID.

2. Stopper les subventions publiques aux énergies renouvelables (notamment l’éolien et le photovoltaïque) et supprimer l’obligation d’achat par EDF de leurs productions.

3. Supprimer la réglementation thermique 2012 (RT 2012) et, au contraire, favoriser l’électricité en substitution aux énergies fossiles partout où c’est possible (habitat, transport, industrie…) en prévoyant de lisser les consommations dans le temps.

Alors oui, en France, cette transition énergétique dont le cœur sera nucléaire permettra de consommer une énergie durable (plusieurs milliers d’années), bon marché, sans émissions de gaz à effet de serre, non polluante, abondante et pilotable.

[1] Nos réacteurs nucléaires actuels à eau pressurisée sont des « copies francisées » avec une licence achetée aux Américains (Westinghouse). 

[2] Charles de Gaulle ; Entretien avec Michel Droit, le 14 décembre 1965. 

[3] GW = gigawatts = milliard de watts 

[4] Dont 63 GW de nucléaire… soit, oh surprise, déjà 50% de la puissance installée ! 

Crédit photo : Ségolène Royal

Cet article a également été publié dans Contrepoints

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