Yuan, dollar, euro : la guerre des trois aura-t-elle lieu ?

Jean-Paul Betbeze | 26 janvier 2021

Notes

1.

Voir The People’s Bank of China, « Purposes and Functions », pbc.gov.

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Non, tout est fait pour l’éviter

Xi Jinping, Joe Biden, Ursula von der Leyen : ce nouveau trio va-t-il éviter le pire ? Officiellement, le pire ne devrait pas avoir lieu, mais on ne sait jamais avec les puissances qui s’affrontent aujourd’hui. Officiellement, en effet, la Federal Reserve System (FED), la banque centrale des États-Unis, et la Banque centrale européenne (BCE) ont des objectifs nationaux et quantifiés, sans interférence avec ceux des autres. Ces objectifs sont, on le sait, une inflation autour de 2 % en moyenne et le plus faible taux de chômage possible pour la FED, et une inflation un peu inférieure à 2 % à moyen terme pour la BCE. Mais aucune des deux institutions n’a d’objectif de change, car dans ce cas cela pourrait constituer un risque de guerre, chacune essayant d’avoir une monnaie plus faible que l’autre pour avoir plus de croissance. Quant à la Banque populaire de Chine (BPC), la banque centrale de la République populaire de Chine, elle se donne une mission : « Améliorer le système d’une économie socialiste de marché », ce qui passe, selon son site officiel, par le fait de remplir quatorze fonctions majeures, telles qu’émettre la monnaie, surveiller les marchés, éviter les crises et appliquer la politique monétaire en fonction de la loi1. Dans son cas, il s’agit en fait, non de s’engager sur des objectifs peu nombreux et quantifiés mais de suivre les injonctions des hauts dirigeants du Parti communiste chinois. De ce fait, là encore, l’objectif de change n’est pas d’actualité.

Notes

2.

Voir Mark Carney, « The Growing Challenges for Monetary Policy in the Current International Monetary and Financial System », discours au Jackson Hole Symposium, 23 août 2019 (www.kansascityfed.org/~/media/ files/publicat/sympos/2019/governor carney speech jackson hole.pdf).

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3.

Un peg est une décision gouvernementale ayant pour objet de fixer le taux de change de la devise nationale d’un pays en fonction d’une autre devise, ou parfois sur le cours de l’or.

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4.

Le Treasury Report on Macroeconomic and Foreign Exchange Policies of Major Trading Partners of the Unites States.

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Ces trois banques centrales sont à l’image des coureurs qui regardent toujours ce que font les autres mais sans jamais empiéter sur leurs couloirs : une règle qui se veut pacificatrice.

Oui, si les États-Unis cèdent à l’« exorbitant privilège » du dollar

Car les monnaies ne sont jamais indépendantes les unes des autres. Aucune n’existe « en soi », chacune reflète une économie et une société par rapport aux autres. La meilleure preuve en est la FED, pleinement consciente de sa prééminence grâce au dollar. Celui-ci permet aux États-Unis de peser de trois à cinq fois plus dans l’économie mondiale que par leur PIB2. En 2019, alors que les États-Unis représentaient 15 % du PIB et 10 % du commerce mondial, la moitié des facturations mondiales s’établissaient en dollars. Les dollars constituaient alors les deux tiers des réserves officielles de change, de la dette des pays émergents et des émissions financières. Un pays sur trois lui a officiellement accroché sa monnaie par un lien fixe (peg3), renonçant ainsi à une politique monétaire autonome. En fait le dollar est l’ancrage de 70 % du PIB mondial, la monnaie de compte des matières premières, des puces électroniques et de la finance. À ceux qui l’utilisent de faire attention à ce qu’ils en font. L’histoire est ancienne. « Le dollar est notre monnaie et votre problème » déclarait déjà, en août 1971, John Connally, secrétaire d’État au Trésor du président Nixon, à des émissaires européens qui s’inquiétaient du déficit budgétaire et de la dette du pays.

Depuis, le dollar a largué les amarres avec l’or, de 35 dollars l’once, il est passé à 1 900 dollars environ aujourd’hui, et ce avec une dette américaine à 107 % du PIB. Le dollar permet aux Américains d’appliquer leur droit à toutes les opérations qui l’utilisent, mais aussi de les interdire voire de les sanctionner. Deux fois par an, en janvier et en avril, le Trésor américain publie un rapport montrant du doigt les « manipulateurs de leur monnaie » par rapport au dollar4.

Notes

5.

À la fin des années 1960, alors qu’il était ministre des Finances sous le gouvernement Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing désignait ainsi l’avantage dont bénéficient les États-Unis grâce à l’utilisation de leur monnaie nationale comme unité de réserve internationale.

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6.

Voir Barry Eichengreen, Un privilège exorbitant. Le déclin du dollar et l’avenir du système monétaire international, Odile Jacob, 2011.

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7.

Voir Robert Triffin, Gold and the Dollar Crisis. The Future of Convertibility, Yale University Press, 1961.

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Mais cet exorbitant privilège se retourne de plus en plus contre son maître. Rien de mieux, en effet, que de payer son déficit commercial avec la monnaie que l’on imprime, puis de recevoir ces mêmes dollars pour les garder comme garantie de la monnaie des autres et d’orienter ainsi les taux d’intérêt de tous, à court et long terme, avec des taux en général plus bas, puisque c’est « moins risqué ». Le cycle financier mondial devient celui du dollar. Jacques Rueff parlait du « déficit américain sans pleurs », puisqu’il est reprêté aux États- Unis. De son côté, Valéry Giscard d’Estaing s’inquiétait de cet « exorbitant privilège5 ». Ils mettaient tous deux l’accent sur un dérèglement qui ne se corrigeait pas avec le temps6. En effet, si nul ne fait obstacle à épargner, ni à prêter en dollars, il devient impossible aux États-Unis de ne pas en donner les moyens. Et ils y ont tant intérêt.

Cette dynamique du « dilemme de Triffin7 », c’est-à-dire « aider » tout le monde en alimentant le déficit croissant de la balance américaine, implique que les États-Unis offrent plus de dollars, et donc que sa valeur est menacée. Ceci conduit tous les pays à en dépendre davantage, surtout les plus fragiles. En même temps, ce système est si avantageux pour les Américains qu’il n’y a aucune raison pour qu’ils s’arrêtent. Libre aux experts et aux marchés financiers de s’inquiéter.

La crise des subprimes de 2007 est la preuve la plus récente de ce risque, où le besoin américain de croissance pousse à solvabiliser indûment des ménages pauvres, puis à « structurer » ces crédits en d’autres, présentés comme moins ou pas risqués, qui deviendront l’épargne de tous. Et quand Ben Bernanke, président de la FED à l’époque, achète des bons du Trésor pour arrêter la crise qui vient de l’éclatement de cette bulle (faillites de Fanny Mae, Freddie Mac, Bear Stearns, Lehman Brothers et Merrill Lynch) et protéger Goldman Sachs et Morgan Stanley d’un « effet domino » mondial, il permet au budget américain de se financer sans problème, tout en faisant baisser les taux d’intérêt à long terme. Ce quantitative easing, ou assouplissement quantitatif, outil non conventionnel en politique monétaire, soutient les prix des logements, les banques et les assurances – en fait la totalité du système financier, économique et social américain. Le dollar évite alors une crise majeure. L’activité reprend aux États-Unis, tandis que ce mécanisme du quantitative easing se répand aux Japon, au Royaume-Uni et au sein de la zone euro. Avant même le Covid-19, le dilemme de Triffin était devenu un piège, salvateur et addictif. Depuis le début de la crise, il n’a fait que se renforcer. Le total du bilan de la FED, qui représentait 8 % du PIB américain avant les subprimes, est aujourd’hui passé à 70%.

Notes

8.

Voir Graham Allison, Destined for War. Can America and China Escape Thucydides’ Trap, Houghton Mifflin Harcourt, 2017.

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9.

Voir Ben Armour « China ‘Lacks the Gene’ to Fall Into the Thucydides Trap, Says Xi Jinping », yicaiglobal.com, 20 septembre 2017 (www.yicaiglobal.com/news/china-lacks-the-gene-to-fall-into-the-thucydides-trap-saysxi-jinping).

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10.

Xi Jinping, discours, Seattle, 22 septembre 2015.

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11.

Citée in « Le FMI inclut le yuan dans son nouveau panier de devises servant à fixer la valeur des DTS », french.xinhuanet.com, 1er octobre 2016 (http://french.xinhuanet.com/2016-10/01/c_135726567.htm).

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Pourquoi la guerre des monnaies n’éclate-t-elle pas ?

La Chine se renforce et ne manipule plus sa devise ! Comme les chiffres le montrent, elle n’a plus besoin d’affaiblir sa monnaie par rapport au dollar pour exporter, au moins directement : depuis janvier 2020, le franc suisse a gagné 8,2 % par rapport au dollar, le yuan 6,3 % et l’euro 5 %. C’est le dollar qui a baissé, notamment en proclamant que ses taux d’intérêt à court terme resteraient bas (à 0,25 % jusqu’en 2023), en attendant que l’inflation grimpe encore. Chaque banque centrale suit son « couloir d’objectifs », mais la FED le fait mieux, au détriment des autres.

Preuve de l’embarras des États-Unis, qui ne peuvent plus accuser la Chine de manipuler le yuan, le rapport du Trésor américain, attendu pour avril 2020, n’a pas été publié. Il faudra attendre au moins l’intronisation de Joe Biden. Tout ceci est politique, mais pas seulement. En janvier 2019, dans l’un de ses rapports annuels du Trésor américain dont il a été question plus haut, la Chine n’est déjà plus désignée comme manipulatrice alors même qu’elle est en pleine guerre commerciale avec la puissance américaine. La raison est que la Chine devient exportatrice de biens et de services de qualité croissante et importatrice de biens et services de moindre valeur ajoutée. Son excédent de comptes courants est seulement de 1 % du PIB. Elle n’est plus l’usine du monde mais, de plus en plus, un grand centre de services avancés. Vendre moins cher en faisant baisser le yuan devient contre-productif puisque la Chine vend de meilleurs produits, sinon parmi les meilleurs. Pourquoi faire des rabais ?

En revanche, neuf pays étaient sous surveillance du Trésor américain il y a quelques mois encore : l’Allemagne, l’Irlande et l’Italie dans la zone euro, mais également la Corée du Sud, le Japon, la Malaisie, Singapour et le Vietnam (autrement dit la zone d’influence chinoise). La Suisse, refuge bien connu, complète ce tableau. Selon les dernières rumeurs datant de mi-décembre 2020, seuls la Suisse, la Thaïlande et le Vietnam restent dans le collimateur du Trésor américain. Trois limites auraient été fixées par celui-ci : au-delà de 20 milliards de dollars d’excédent commercial avec les États-Unis, un excédent de compte courant dépassant 2 % du PIB et des interventions de change (pour faire baisser leur monnaie) dépassant aussi 2% du PIB. On peut néanmoins prétendre que les exportations asiatiques sont liées aux produits de protection contre le virus. Reste le Vietnam, averti depuis longtemps comme prête-nom des exportations chinoises de moyenne valeur ajoutée et qui aurait une monnaie sous-évaluée de 5 % environ selon le Trésor américain. La Suisse, quant à elle, utilise ses francs en excès pour acheter des bons du Trésor américain (et se faire pardonner). Le message américain est envoyé en fait à des comparses.

Si les États-Unis trouvent que la Chine et la zone euro ne manipulent pas leurs monnaies, que devient le piège de Thucydide ?

Les autorités chinoises connaissent le « piège de Thucydide » et veulent l’éviter par la négociation. Thucydide, historien grec du Ve siècle avant notre ère, racontait l’issue de la confrontation entre Sparte et Athènes. Sparte, alors la puissance dominante, prend peur d’Athènes, l’attaque et remporte les premières offensives. Athènes riposte et gagne, mais au final, après de nombreux combats, c’est Sparte qui triomphera. Or, le PIB chinois qui, selon de simples projections, devait égaler le PIB américain en 2040, va le faire dès 2027 en raison du Covid-19. Pour Graham Allison, professeur à Harvard, une mécanique guerrière s’instaure : sur seize cas de tensions monétaires entre les deux superpuissances du temps, sur cinq cents ans d’histoire européenne, la guerre n’a pu être évitée que dans quatre cas seulement8. Ainsi, le piège de Thucydide se concrétiserait trois fois sur quatre. L’affrontement entre les États-Unis et la Chine paraît presque inéluctable.

Cependant, l’empire du Milieu refuse pour le moment la confrontation directe. « L’idée que des pays puissants recherchent nécessairement l’hégémonie ne s’applique pas à la Chine », déclarait ainsi le président Xi Jinping en 2013, ajoutant : « Ce n’est pas dans l’ADN de notre pays. » Pour le leader chinois, il est nécessaire de « tous travailler ensemble pour éviter le piège de Thucydide9. » Il le répète en 2015, lors d’une visite à Seattle : « Rien dans le monde actuel n’évoque ce qu’on appelle le piège de Thucydide. Mais si des grands pays font des erreurs de calcul stratégique à répétition, ils risquent de tomber dans ce piège10. »

La stratégie chinoise contre la puissance américaine

En 2001, après plus de dix ans d’âpres négociations, la Chine intègre l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Quinze ans plus tard, elle fait son entrée dans le Droit du tirage spécial (DTS) : « À partir de demain [1er octobre 2016], le yuan sera considéré par la communauté internationale comme une devise internationale librement utilisable et rejoindra le panier des Droits de tirage spéciaux aux côtés du dollar américain, de l’euro, du yen et de la livre sterling », annonçait Christine Lagarde, alors directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). Elle ajoutait que c’était la première fois, depuis sa création, que ce panier était ainsi élargi11.

Notes

12.

« L’entrée du RMB dans le panier DTS va aider à créer un ordre économique plus multipolaire (Commentaire) », french.xinhuanet.com, 1er octobre 2016 (http://french.xinhuanet.com/2016-10/01/c_135727833.htm).

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L’agence Chine nouvelle, moins diplomate, écrivait en octobre 2016 : « L’inclusion du RMB [renminbi, ou yuan] – seule monnaie d’un marché émergent de ce panier – dans la “réserve mondiale” va aider un système monétaire international imparfait et monopolisé par le dollar à évoluer vers un monde multipolaire, le rendant plus stable, plus représentatif et plus contemporain12. » Faire du yuan une monnaie internationale, en ne le manipulant plus à la baisse, ne va pas de soi, mais c’est en réalité indispensable dans la stratégie chinoise de croissance par les échanges, puis la montée en gamme. Il s’agit là d’innovation, et plus seulement de vol, d’espionnages ou de cyberattaque.

Et si le crypto-yuan permettait de gagner contre le dollar, sans guerre ?

Le crypto-yuan est une monnaie cryptée sur un compte qui peut s’échanger sur un autre, permettant de payer ou d’épargner, sans passer par le billet mais en conservant une banque. C’est une monnaie sûre, garantie par la Banque centrale chinoise, immédiate et pratiquement sans coûts. La Chine s’y prépare depuis des années et a commencé à rémunérer ses fonctionnaires de cette façon. Sécurisant les échanges, le crypto-yuan se développe à vive allure dans l’ensemble du pays, même sur les territoires qui ne sont pas bancarisés (et peut-être pas fiscalisés). Cette monnaie cryptée permettra sans doute aussi de mieux surveiller les entreprises, privées et publiques, et les banques trop enclines à faire du crédit.

En même temps, hors Chine, ce même crypto-yuan va ouvrir les « routes du yuan », pour aller plus vite (en accélérant l’usage de la monnaie digitale chinoise) et « passer à côté du dollar », sans que les autorités américaines n’en sachent rien, échappant ainsi à l’extraterritorialisation de leur droit. Si le yuan est une monnaie peu utilisée pour les transactions, moins encore pour la réserve, le crypto-yuan va accélérer les transactions, en Chine et au-dehors. La crypto-yuanisation des échanges mondiaux sera construite à base d’échanges, de crédits, d’innovations et de pressions, mêlant économie et politique, comme toujours pour toutes les monnaies.

Vers l’euro et le crypto-euro ?

La zone euro n’a pas été passive devant ces bouleversements, cherchant à trouver sa place. Sa croissance en est plus affectée que celles de la Chine et des États-Unis. Pour éviter un risque majeur sur l’euro, qui aurait conduit aussi à la confrontation dollar-yuan, la BCE s’engage surtout dans un quantitative easing majeur : son bilan représente 120 % du PIB de la zone. Par ailleurs, elle compte également se lancer au plus vite dans la monnaie cryptée avec la « crypto- européanisation ». On comprend l’idée : chaque grande monnaie devrait étendre sa sphère d’influence, en échappant en même temps à la législation américaine. Tout ceci passera par le développement d’infrastructures de paiement concurrentes à SWIFT, CIPS, etc. On peut ajouter que le Brexit force la zone euro à penser à ses propres outils de transferts et de compensation, par rapport à la City. Au fond, ces monnaies digitales de banques centrales (MDBC), crypto-yuan et crypto-euro, ouvrent une voie pour inclure plus d’acteurs dans les échanges, mais aussi pour mieux encadrer le secteur financier et réduire les risques de guerres monétaires entre les grandes puissances du monde.

Un monde à trois monnaies serait-il plus stable ?

C’est toute la question, sachant que l’ancienne bipolarité États-Unis-URSS a été politique mais jamais vraiment monétaire et que celle qui vient, États- Unis-Chine, se déploie sur tous les registres. La Chine attaque actuellement la suprématie ultime, celle du dollar, mais en ayant déjà de fortes capacités industrielles, innovatrices, commerciales et diplomatiques. Pour éviter le piège de Thucydide, la Chine a depuis des années organisé des dizaines de réunions et de colloques. Elle y a évidemment beaucoup réfléchi, ajoutant la monnaie dans la confrontation, mais une monnaie « crypto ». Tout cela suffira-t-il ? En tout cas, la zone euro a compris le message chinois et suit la même démarche, en essayant de rattraper le retard. Au fond, chaque grande monnaie va chercher toujours à courir dans son couloir, plus le « crypto-sien », qu’elle crée. Un moyen rusé d’éviter les affrontements directs.

Jean-Paul Betbeze

Professeur émérite à l’université Paris-2 Panthéon-Assas