2022 le risque populiste en France
La protestation électorale est en forte hausse
Introduction
Le contexte de l’étude
L’objectif
La méthodologie
Ce que recouvre ici la notion d’électorat protestataire
L’estimation du potentiel électoral
La plupart des électeurs (85 %) ont déjà eu recours à une forme de protestation électorale
Près d’un électeur sur deux (48 %) a déjà émis un vote populiste et 85 % des personnes interrogées répondent avoir déjà voté pour un parti populiste, s’être déjà abstenues ou avoir déjà voté blanc.
L’expérience électorale déclarée témoigne d’un potentiel électoral populiste très supérieur aux scores de 2017
Les foyers du vote populiste
2022 : tentation populiste dans un climat de protestation électorale
Abstention et vote blanc s’affirment comme des formes de protestation électorale
Présidentielle 2022 : le potentiel électoral populiste
Le RN affirme son leadership sur la protestation électorale
L’hypothèse d’un nouveau second tour Macron-Le Pen et la protestation électorale
Les inconnus du potentiel de la protestation électorale
La protestation électorale est multiforme
PS et LR, deux électorats à la peine dans un paysage protestataire
Le passage des frontières partisanes et les ressources du vote populiste
Les Gilets jaunes, nouveau ressort du vote populiste.
Les femmes et les jeunes résistent davantage à la tentation populiste, mais cela peut impliquer qu’ils en sont le réservoir électoral.
Les leaders populistes subissent l’usure de l’opposition
Du front républicain au front monétaire : l’euro résiste au populisme
Le questionnaire de l’enquête
Depuis que vous avez le droit de voter, avez-vous déjà voté au moins une fois pour les partis suivants ou l’un(e) de ses candidat(e)s…?
Et depuis que vous avez le droit de voter…?
Concernant l’Union européenne, avec laquelle des opinions suivantes êtes-vous le plus d’accord ?
Concernant l’euro, avec laquelle des opinions suivantes êtes-vous le plus d’accord ?
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, diriez-vous que… ?
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, pour chacun des candidats potentiels suivants, diriez-vous que… ?
Et en 2022, à l’occasion de l’élection présidentielle, en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, diriez-vous que… ?
Lors de l’élection présidentielle de 2022, souhaiteriez-vous que :
Êtes-vous d’accord avec chacune des phrases suivantes :
Êtes-vous d’accord avec chacune des phrases suivantes :
On a beaucoup entendu parler du mouvement des Gilets jaunes. Diriez-vous que vous avez une image des Gilets jaunes…
Parmi les problèmes suivants, quel est celui que le gouvernement doit traiter en premier ? en deuxième ? en troisième ?
Résumé
L’élection présidentielle de 2017 a été marquée par un vote protestataire d’une ampleur sans précédent dans notre histoire électorale. Depuis, loin de refluer, la protestation semble devenue permanente. De plus, elle revêt des formes multiples. Aux mouvements sociaux habituels s’ajoutent les Gilets jaunes, les zadistes, les animalistes ou activistes de l’écologie, et un nombre croissant de minorités organisées, hyperactives, mues par des référents politiques, religieux, environnementaux ou sociétaux et qui semblent recourir plus souvent que par le passé aux modalités non conventionnelles de l’action politique (occupation de locaux, désobéissance, violence…).
La question se pose de savoir comment cette agitation, inédite par sa forme anomique et par l’intensité dont elle se montre capable, va trouver à s’exprimer dans les mécanismes de l’élection présidentielle de 2022.
Notre indicateur veut aider à comprendre et à anticiper les contours de ce futur scrutin présidentiel, sans oublier que le plus grand rendez-vous politique des Français est également un scrutin aux conséquences européennes.
Cet indicateur de la protestation électorale a été conçu par la Fondation pour l’innovation politique. L’enquête est administrée par l’institut OpinionWay. L’intégralité des résultats et le questionnaire de l’indicateur 2022, le risque populiste en France sont disponibles en libre accès sur data.fondapol.org. Pour assurer la solidité et l’intérêt des données recueillies, nous avons souhaité analyser un échantillon particulièrement important. Nous avons ainsi interrogé 3.006 personnes inscrites sur les listes électorales et issues d’un échantillon de 3.265 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Dominique Reynié,
Professeur des universités à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique.
Auteur, entre autres, du Triomphe de l’opinion publique. L’espace public français du XVIe au XXe siècle (Odile Jacob, 1998), du Vertige social nationaliste. La gauche du Non (La Table ronde, 2005) et des Nouveaux Populismes (Pluriel, 2013). Il a également dirigé l’ouvrage Où va la démocratie ? (Plon, 2017) et Démocraties sous tensions (Fondation pour l’innovation politique, 2020), deux enquêtes internationales de la Fondation pour l’innovation politique.
Dominique REYNIÉ, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique
Victor DELAGE, Virginie DENISE, Anne FLAMBERT, Madeleine HAMEL, Katherine HAMILTON, Sasha MORINIÈRE
Francys GRAMET, Claude SADAJ
Julien RÉMY
Enquête conçue par la Fondation pour l’innovation politique
Réalisée par l’institut "opinionway
Bruno JEANBART (directeur général adjoint)
L’équipe en charge de la réalisation de l’enquête :
Guillaume INIGO (directeur d’études) Théo PONCHEL (chargé d’études)
GALAXY Imprimeurs
La protestation électorale est en forte hausse
Les courbes ci-dessous représentent les votes populistes au premier tour des élections présidentielles de 1965 à 2017. Le niveau varie selon que l’on intègre ou non le vote pour le PCF. Le haut niveau du vote PCF n’aura pas côtoyé le haut niveau du vote FN. L’un, le vote FN, s’est imposé dans l’effondrement de l’autre, le vote PCF. Lors des grandes heures du vote PCF, entre 1945 et 1981, on ne regardait généralement pas le PCF comme un parti populiste. De fait, par bien des aspects, ce parti répondait pourtant aux critères du populisme. Par d’autres, il s’en éloignait, en particulier en considérant sa forte intégration au système français des élites politiques, syndicales, universitaires et médiatiques. Compte tenu de l’objectif de notre indicateur, nous considérons inapproprié d’ouvrir ce débat.
Mais dans la reconstitution du vote populiste lors du premier tour des élections présidentielles, nous avons choisi de proposer deux séries de données, l’une incluant le vote communiste, à l’exception de la candidature de Pierre Juquin en 1988, l’autre ne l’incluant pas.
Enfin, précisons que les résultats ont été calculés par rapport aux suffrages exprimés et par rapport aux électeurs inscrits, ce qui permet d’intégrer ultérieure- ment sur un même plan l’abstention et le vote blanc (et nul), offrant la possibilité d’une évaluation globale de la protestation électorale de 1965 à 2017.
Source :
Compilation par la Fondation pour l’innovation politique de résultats électoraux (ministère de l’Intérieur).
Source :
Compilation par la Fondation pour l’innovation politique de résultats électoraux (ministère de l’Intérieur)
Candidatures retenues : 1965 : J.-L. Tixier-Vignancour (Comités Tixier-Vignancour) ; 1969 : J. Duclos (PCF), A. Krivine (LC) ; 1974 : J.-M. Le Pen (FN), B. Renouvin (NAR), A. Laguiller (LO), A. Krivine (FCR) ; 1981 : A. Laguiller (LO), G. Marchais (PCF) ; 1988 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), A. Lajoinie (PCF) ; 1995 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), R. Hue (PCF), J. Chemi- nade (SP) ; 2002 : B. Mégret (MNR), J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), O. Besancenot (LCR), R. Hue (PCF), D. Gluckstein (PT) ; 2007 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), O. Besancenot (LCR), M.-G. Buffet (Gauche populaire et antilibérale), G. Schivardi (PT) ; 2012 : M. Le Pen (FN), N. Dupont-Aignan (DLR), J.-L. Mélenchon (FdG), P. Poutou (NPA), N. Arthaud (LO), J. Cheminade (SP) ; 2017 : M. Le Pen(FN),N.Dupont-Aignan(DLF),F.Asselineau(UPR),J.-L.Mélenchon(FI),P. Poutou(NPA),N.Arthaud(LO),J.Cheminade(SP).
Introduction
Le contexte de l’étude
L’élection présidentielle de 2017 a été marquée par un vote protestataire d’une ampleur sans précédent dans notre histoire électorale. Depuis, loin de refluer, la protestation semble devenue permanente. De plus, elle revêt des formes multiples. Aux mouvements sociaux habituels s’ajoutent les Gilets jaunes, les zadistes, les animalistes et un nombre croissant de minorités organisées, hyperactives, mues par des référents politiques, religieux, environnementaux ou sociétaux et qui semblent recourir plus souvent que par le passé aux modalités non conventionnelles de l’action politique (occupation de locaux, désobéissance, violence…).
L’objectif
La question se pose de savoir comment cette agitation, inédite par sa forme anomique et par l’intensité dont elle se montre capable, va trouver à s’exprimer dans les mécanismes de l’élection présidentielle de 2022. Notre indicateur veut aider à comprendre et à anticiper les contours de ce futur scrutin présidentiel, sans oublier que le plus grand rendez-vous politique des Français est également un scrutin aux conséquences européennes.
La méthodologie
Cet indicateur de la protestation électorale a été conçu par la Fondation pour l’innovation politique. L’enquête a été administrée par l’institut OpinionWay. L’intégralité des résultats et le questionnaire de l’indicateur 2022, le risque populiste en France sont disponibles en libre accès sur data.fondapol.org. Pour assurer la solidité et l’intérêt des données recueillies, nous avons souhaité analyser un échantillon particulièrement important. Nous avons ainsi interrogé 3.006 personnes inscrites sur les listes électorales et issues d’un échantillon de 3.265 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 30 août au 6 septembre 2019. Pour la plupart des questions posées, les personnes interrogées étaient invitées à réagir à chacune des propositions formulées (et non pas à choisir une réponse parmi d’autres). Dans ce cas, les répondants pouvaient indiquer leur disponibilité à voter pour chaque parti/candidat proposé.
L’indicateur de la protestation électorale vise à estimer le potentiel des différents comportements électoraux protestataires possibles : l’abstention, le vote blanc, le vote en faveur de partis ou de candidats populistes.
Ce que recouvre ici la notion d’électorat protestataire
Dans notre indicateur, l’idée d’un électorat protestataire recouvre trois types de comportement électoral :
- les votes, ou la disponibilité à voter, pour les partis et les candidats relevant de l’offre populiste (Marine Le Pen, le RN, Jean-Luc Mélenchon, FI et Nicolas Dupont-Aignan et DLF) ;
- les votes, ou la disponibilité à voter, pour les partis et les candidats relevant de la gauche révolution- naire (LO et NPA) ;
- l’abstention et les votes blancs.
a) Le vote populiste.
Le vote populiste regroupe les votes, ici la disponibilité à voter, pour un parti populiste. On caractérisera l’offre populiste par les éléments suivants :
L’appel au peuple. Il est le cœur du discours populiste, qui est un trait fondamental de la politique démocratique. On le retrouve dans le rejet de la démocratie représentative et l’exaltation de la démocratie directe. L’appel au peuple des populistes se caractérise par la revendication de la souveraineté absolue de la décision électorale, censée prévaloir sur tous et tout, y compris sur les principes et les règles qui fondent et ordonnent l’État de droit. C’est la différence fondamentale entre la démocratie libérale et le populisme, lequel se requalifie parfois pour cette raison de «démocratie illibérale».
Un discours anti-élites, à partir d’une différenciation sociale sommaire opposant un «peuple», unifié et mythifié, à des « élites » politiques, économiques, intellectuelles, médiatiques, disqualifiées comme oligarchie (« la caste », etc.).
Un discours et une organisation marqués par une culture autoritaire, que l’on retrouve dans une forme partisane construite autour d’un chef omniprésent.
Un programme nationaliste.
Une vision xénophobe.
À partir du quatrième critère, on voit que s’opère une séparation entre deux expressions du populisme : l’expression largement dominante et qui rencontre les grands succès électoraux déploie le nationalisme en xénophobie, dénonçant non seulement la spoliation du peuple par les élites mais aussi par un peuple étranger, les immigrés. Le populisme xénophobe est plus souvent de droite, même s’il existe à gauche en Europe. En France, le populisme de gauche est représenté par Jean-Luc Mélenchon et son parti La France insoumise. Il ne veut pas ou ne parvient pas à s’engager durablement sur le chemin de la xénophobie, malgré quelques embardées. Il en subit le coût électoral puisqu’il est distancé par le populisme de droite de Marine Le Pen et du RN.
Enfin, relevons un style rhétorique notamment caractérisé par l’exagération, la simplification, la disqualification de l’adversaire, une tendance à l’explication conspirationniste, etc.
Si le cas de Nicolas Dupont-Aignan et de son parti DLF est incertain – cette offre politique balançant entre droite souverainiste et droite populiste –, nous avons fait le choix de le prendre en compte dans le calcul du potentiel électoral populiste. En 2017, pendant l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, le président de Debout la France avait passé un accord de gouvernement avec Marine Le Pen au terme duquel il devenait son Premier ministre en cas d’élection de la candidate du Front national.
Sur le fond, il importe de distinguer a priori les partis populistes et les partis de la gauche révolutionnaire. En effet, certains partis s’inscrivent dans une vision antisystème, sans les codes du populisme, mais en termes d’internationalisme et de classes sociales. Ils prétendent parler pour une classe particulière, les ouvriers, éventuellement élargie aux « travailleurs », mais pas au « peuple ». Fondamentalement, ils ne se reconnaissent pas dans les principes et les mécanismes de la démocratie électorale que les populistes, au contraire, disent vouloir accomplir. En France, les partis de la gauche révolutionnaire candidats à l’élection présidentielle relèvent de la mouvance trotskiste. Cependant, ici, sans oublier ces différences, nous choisissons d’intégrer le vote d’extrême gauche dans le calcul du potentiel électoral populiste pour ne pas augmenter inutilement la complexité de l’indicateur, sachant, d’une part, que le poids électoral de cette gauche révolutionnaire est marginal, à deux exceptions en 2002 (10,4 % des suffrages exprimés et 7,2 % des inscrits) et en 2007 (5,8 % des suffrages exprimés et 4,8 % des électeurs inscrits). D’autre part, que les répondants qui se reconnaissent dans les partis de cette gauche antisystème et qui votent pour leurs candidats témoignent dans notre étude d’une grande disponibilité à voter populiste.
Vote pour les partis de la gauche révolutionnaire (en excluant le PCF) au premier tour de l’élection présidentielle (1965-2017).
Source :
Compilation par la Fondation pour l’innovation politique de résultats électoraux (ministère de l’Intérieur)
L’abstention lors du premier tour de l’élection présidentielle (1965-2017), en % des électeurs inscrits.
Source :
Compilation par la Fondation pour l’innovation politique de résultats électoraux (ministère de l’Intérieur)
Les votes blanc et nul lors du premier tour de l’élection présidentielle (1965-2017), en % des électeurs inscrits.
Source :
Compilation par la Fondation pour l’innovation politique de résultats électoraux (ministère de l’Intérieur)
* Depuis la loi du 21 février 2014, le recensement du vote blanc n’est plus confondu avec celui du vote invalide (vote nul). L’élection présidentielle de 2017 est la première à connaître le nouveau régime du vote blanc
La protestation électorale (vote populiste, votes blanc et nul et abstention) lors du premier tour de l’élection présidentielle (1965-2017), en % des électeurs inscrits.
Source :
Compilation par la Fondation pour l’innovation politique de résultats électoraux (ministère de l’Intérieur)
Candidatures retenues : 1965 : J.-L. Tixier-Vignancour (Comités Tixier-Vignancour) ; 1969 : J. Duclos (PCF), A. Krivine (LC) ; 1974 : J.-M. Le Pen (FN), B. Renouvin (NAR), A. Laguiller (LO), A. Krivine (FCR) ; 1981 : A. Laguiller (LO), G. Marchais (PCF) ; 1988 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), A. Lajoinie (PCF) ; 1995 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), R. Hue (PCF), J. Chemi- nade (SP) ; 2002 : B. Mégret (MNR), J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), O. Besancenot (LCR), R. Hue (PCF), D. Gluckstein (PT) ; 2007 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), O. Besancenot (LCR), M.-G. Buffet (Gauche populaire et antilibérale), G. Schivardi (PT) ; 2012 : M. Le Pen (FN), N. Dupont-Aignan (DLR), J.-L. Mélenchon (FdG), P. Poutou (NPA), N. Arthaud (LO), J. Cheminade (SP) ; 2017 : M. Le Pen(FN),N.Dupont-Aignan(DLF),F.Asselineau(UPR),J.-L.Mélenchon(FI),P. Poutou(NPA),N.Arthaud(LO),J.Cheminade(SP).
b) L’abstention
Les formes de l’abstention sont variées. L’abstention peut notamment être systématique ou intermittente. Les raisons de l’abstention sont diverses : expression d’un désintérêt, incapacité à choisir, expression d’un rejet de l’offre politique ou encore d’un mécontentement plus général. Dans la mesure où une partie seulement de l’abstention relève d’une forme de protestation électorale, il est difficile de l’évaluer à partir des résultats électoraux. Cependant, ici, nous choisissons d’intégrer l’abstention dans le calcul du potentiel de la protestation électorale car nous interrogeons les personnes sur leur disponibilité à l’abstention en 2022. On remarquera d’ailleurs la ressemblance entre la courbe de l’abstention et celle du vote protestataire.
c) Le vote blanc
Jusqu’en 2014, le recensement du vote blanc était confondu avec celui du vote invalide (vote nul). La catégorie se nommait « blancs et nuls ». Le vote blanc est comptabilisé à part depuis la loi du 21 février 2014. Il est recensé séparément pour la première fois lors des élections européennes de juin 2014. L’élection présidentielle de 2017 est la première à connaître le nouveau régime du vote blanc. Ici, nous choisissons d’intégrer le vote blanc dans le calcul du potentiel de la protestation électorale car nous interrogeons les personnes sur leur disponibilité à voter blanc en 2022.
L’estimation du potentiel électoral
Pour le futur premier tour de l’élection présidentielle de 2022, le potentiel électoral des partis et des candidats est estimé grâce la question suivante :
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, pour chacun des candidats potentiels suivants, diriez-vous que… ?
Candidats testés : Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron
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Copyright :
© Fondation pour l’innovation politique – octobre 2019
Grille de lecture :
Concernant la candidature de Marine Le Pen, 9 % des personnes interrogées ont répondu être «certaines de voter pour elle » ; 17 % ont répondu être «certaines de voter pour elle» ou avoir de fortes chances de voter pour elle ; 31 % ont dit être certaines de voter pour elle ou avoir de fortes chances de voter pour elle, ou qu’il leur était possible de voter pour elle.
Les réponses apportées permettent de définir un potentiel électoral situé sur une échelle comportant trois niveaux :
- le potentiel électoral minimum, qui représente la proportion de personnes interrogées ayant répondu «vous êtes certain de voter pour lui/elle» ;
- le potentiel électoral intermédiaire, qui représente la proportion de personnes interrogées ayant choisi «vous êtes certain de voter pour lui/elle» ou «il y a de fortes chances que vous votiez pour lui/elle» ;
- le potentiel électoral maximum, qui représente la proportion de personnes interrogées ayant choisi «vous êtes certain de voter pour lui/elle », « il y a de fortes chances que vous votiez pour lui/elle» ou «il serait possible que vous votiez pour lui/elle».
On doit distinguer ici le potentiel électoral d’un parti ou d’une candidature, qui est la disponibilité déclarée par les personnes interrogées à voter pour ce parti ou cette candidature, et le potentiel électoral protestataire, qui désigne la disponibilité déclarée par les personnes interrogées d’adopter un comportement électoral protestataire (abstention, vote blanc, vote en faveur de partis ou de candidats populistes). Ainsi, notre indicateur permet non seulement de définir le potentiel électoral des candidats populistes mais aussi de les comparer avec le potentiel électoral d’Emmanuel Macron.
La plupart des électeurs (85 %) ont déjà eu recours à une forme de protestation électorale
Près d’un électeur sur deux (48 %) a déjà émis un vote populiste et 85 % des personnes interrogées répondent avoir déjà voté pour un parti populiste, s’être déjà abstenues ou avoir déjà voté blanc.
La protestation électorale passe par le vote pour un parti populiste, l’abstention ou le vote blanc. Pour rappel, lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017, le total des suffrages exprimés en faveur d’une des candidatures populistes a représenté 36,69 % des électeurs inscrits en incluant le vote Nicolas Dupont-Aignan et 33,13 % sans ce vote.
La reconstruction des comportements électoraux passés nous renseigne sur l’expérience des électeurs en matière de « protestation électorale ». Les personnes interrogées devaient ainsi dire, pour les six types de comportements électoraux que nous assimilons à un écart par rapport à une norme politique et civique implicite, s’ils y avaient déjà eu recours.
Fondation pour l’innovation politique – octobre 2019
* L’option « vote populiste » regroupe ici les personnes interrogées qui ont répondu avoir déjà voté au moins une fois pour au moins l’un des quatre partis populistes ou de la gauche révolutionnaire proposés (FN/RN, FdG/FI, DLF, LO/NPA).
Depuis que vous avez le droit de voter, avez- vous déjà voté au moins une fois pour les partis suivants ou l’un(e) de ses candidat(e)s… ?
Réponses possibles : « Oui » / « Non »
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Notre enquête montre que la plupart des électeurs ont déjà eu recours à au moins l’une de ces formes de protestation électorale.
L’expérience électorale déclarée témoigne d’un potentiel électoral populiste très supérieur aux scores de 2017
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Nos résultats indiquent que 43 % des électeurs inscrits répondent avoir déjà voté au moins une fois pour l’une des deux principales formations populistes ou pour leurs candidats, soit le FN/RN et Marine Le Pen ou FI et Jean-Luc Mélenchon. Pour rappel, en 2017, les candidatures de Mélenchon et Le Pen ont totalisé 40,9 % des suffrages exprimés, soit 31 % des électeurs inscrits. L’expérience électorale populiste enregistrée dans la première vague de notre indicateur dépasse donc de plus de 10 points son niveau de 2017.
Les foyers du vote populiste
Depuis que vous avez le droit de voter, avez-vous déjà voté au moins une fois pour les partis suivants ou l’un(e) de ses candidat(e)s… ?
Réponses : « Oui »
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© Fondation pour l’innovation politique – octobre 2019
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Depuis que vous avez le droit de voter, avez-vous déjà voté au moins une fois pour les partis suivants ou l’un(e) de ses candidat(e)s… ?
Réponses : « Oui »
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Grille de lecture :
❯ 30 % des répondants ont déjà voté au moins une fois pour le FN/RN ; 17 % ont déjà voté au moins une fois pour le FdG/FI ; 10 % ont déjà voté au moins une fois pour DLF ; 7 % ont déjà voté au moins une fois pour LO/NPA.
❯ 34 % des hommes interrogés ont déjà voté au moins une fois pour le FN/RN; 17 % ont déjà voté au moins une fois pour le FdG/FI ; 10 % ont déjà voté au moins une fois pour DLF ; 8 % ont déjà voté au moins une fois pour LO/NPA.
❯ 26 % des femmes interrogées ont déjà voté au moins une fois pour le FN/RN ; 17 % ont déjà voté au moins une fois pour le FdG/FI ; 10 % ont déjà voté au moins une fois pour DLF ; 6 % ont déjà voté au moins une fois pour LO/NPA.
2022 : tentation populiste dans un climat de protestation électorale
Abstention et vote blanc s’affirment comme des formes de protestation électorale
La reconnaissance du vote blanc, désormais comptabilisé à part, semble en faire une nouvelle forme de protestation électorale, aux côtés du vote populiste et d’une partie de l’abstention. Placé dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022, près d’un électeur sur deux (48 %) indique pouvoir voter blanc, soit «certainement» (16 %), soit «probablement» (32 %).
Il en va de même pour l’abstention : 41 % des répondants disent pouvoir s’abstenir lors de la prochaine élection présidentielle, «certainement» (14 %) ou «probablement» (27 %). Dès lors que nous nous interrogeons sur la disponibilité à l’abstention pour 2022, il faut écarter, par définition, les raisons pratiques qui empêchent d’aller voter puisqu’elles ne peuvent pas être anticipées. La disponibilité à l’abstention en 2022 exprimée depuis septembre 2019 peut donc revêtir un grand nombre de sens très différents : difficulté à anticiper aujourd’hui, ou refus de le faire, le scrutin de 2022 ; difficulté à anticiper aujourd’hui, ou refus de le faire, son comportement électoral lors du prochain scrutin présidentiel ; expression d’un désintérêt, peut-être passager, pour la politique, etc. Cependant, la disponibilité déclarée à l’abstention recèle aussi l’expression d’un retrait déceptif voire d’un mécontentement devenu en quelque sorte muet. Si la proportion de cette abstention protestataire est aujourd’hui difficile à évaluer, elle comptera certainement dans le niveau global de la protestation électorale qui sera effectivement enregistré.
Outre l’abstention et le vote blanc, les personnes ont été interrogées sur leur disponibilité à voter pour l’un des partis populistes ou antisystème proposés : RN, FI, DLF et LO/NPA. Nous avons enfin également posé la question de la disponibilité à voter pour les candidats suivants lors de la prochaine élection présidentielle : Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
L’analyse des réponses éclaire sur le potentiel de la protestation électorale lors de la prochaine élection présidentielle. Ainsi, plus des trois quarts (77 %) des électeurs interrogés ont répondu «oui» à au moins l’une des six options : s’abstenir, voter blanc ou voter pour au moins un des partis populistes ou antisystème proposés. En septembre 2019, il apparaît que plus de la moitié des électeurs (56 %) pourraient s’abstenir ou voter blanc en 2022.
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, diriez-vous que… ?
Réponses possibles : «Oui certainement» /« Oui probablement » / « Non probablement pas » /« Non certainement pas »
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* L’option « vote populiste » regroupe ici les personnes interrogées qui ont répondu qu’ils pourraient voter pour au moins l’un des quatre partis populistes ou de la gauche révolutionnaire proposés (RN, FI, DLF, LO/NPA).
En considérant la disponibilité pour la protestation électorale sous l’angle du vote populiste ou anti- système, c’est-à-dire en comptabilisant les personnes ayant répondu « oui [je pourrais voter pour ce parti] » à au moins l’un des quatre partis proposés, il apparaît que le vote protestataire concerne potentiellement près de la moitié de l’électorat, en septembre 2019.
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La nature protestataire du vote pour les deux principaux partis populistes est confirmée par le fait que 43 % des électeurs interrogés ont répondu pouvoir voter, en 2022, soit pour le Rassemblement national soit pour la France insoumise. Tout ce passe ici comme si l’affirmation d’une telle disponibilité électorale indiquait une insensibilité relative à l’orientation idéologique d’une candidature ou d’un parti politique dès lors que la capacité de produire une rupture lui est reconnue.
Cependant, le populisme de droite conserve une capacité d’attraction supérieure : plus d’un tiers (36 %) des électeurs envisagent de voter pour au moins l’un des deux partis de droite mentionnés dans l’enquête (RN et DLF), quand près d’un quart (24 %) disent pouvoir voter pour au moins l’un des partis de gauche (FI ou LO/NPA).
Au premier tour de l’élection présidentielle de 2022…
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Parmi les problèmes suivants, quel est celui que le Gouvernement doit traiter en premier ? En deuxième ? En troisième ?
Réponses : « en premier »
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Présidentielle 2022 : le potentiel électoral populiste
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, diriez-vous que… ?
Réponses : « Oui »
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En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, diriez-vous que… ?
Réponses : « Oui »
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Grille de lecture :
❯ 41 % des répondants disent qu’ils pourraient s’abstenir au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 48 % qu’ils pourraient voter blanc ; 30 % qu’ils pourraient voter pour un(e) candidat(e) du RN ; 20 % qu’ils pourraient voter pour un(e) candidat(e) de FI ; 20 % qu’ils pourraient voter pour un(e) candidat(e) de DLF ; 15 % qu’ils pourraient voter pour un(e) candidat(e) de LO/NPA.
❯ 39 % des hommes interrogés déclarent pouvoir s’abstenir au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 44 % disent qu’ils pourraient voter blanc ; 34 % qu’ils pourraient voter pour un(e) candidat(e) du RN ; 18 % qu’ils pourraient voter pour un(e) candidat(e) de FI ; 20 % qu’ils pourraient voter pour un(e) candidat(e) de DLF ; 14 % qu’ils pourraient voter pour un(e) candidat(e) de LO/NPA.
❯ 44 % des femmes interrogées répondent pouvoir s’abstenir au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 53 % qu’elles pourraient voter blanc ; 28 % qu’elles pourraient voter pour un(e) candidat(e) du RN ; 22 % qu’elles pourraient voter pour un(e) candidat(e) de FI ; 18 % qu’elles pourraient voter pour un(e) candidat(e) de DLF ; 15 % qu’elles pourraient voter pour un(e).
Le RN affirme son leadership sur la protestation électorale
Le potentiel électoral «intermédiaire» de Marine Le Pen atteint 17%. Il résulte du total des réponses des électeurs disant être «certains» (9 %) ou avoir «de fortes chances» (8 %) de voter pour elle au premier tour de l’élection présidentielle de 2022. Rappelons ici qu’il s’agit des électeurs inscrits. Ainsi, par comparaison, le score de Marine Le Pen lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 (21,3 % des suffrages exprimés) représentait 16,1 % des électeurs inscrits.
Selon notre étude, le potentiel électoral intermédiaire de Jean-Luc Mélenchon représente 7 % des électeurs en retenant les réponses de ceux se disant « certains » (2 %) ou estimant avoir «de fortes chances» (5 %) de voter pour lui au premier tour en 2022. En septembre 2019, la proportion des électeurs se déclarant «certains» de voter pour Marine Le Pen (9 %) au premier tour en 2022 est quatre fois plus élevée que la proportion des électeurs se déclarant «certains» de pouvoir voter pour Jean-Luc Mélenchon (2 %). Le potentiel électoral intermédiaire de Marine Le Pen (17 %) est encore très supérieur à celui de Jean-Luc Mélenchon (7 %).
Le duel des populismes avait déjà été largement remporté par Marine Le Pen en 2012 (17,9 % des suffrages exprimés) au détriment de Jean-Luc Mélenchon (11,1 % des suffrages exprimés). En 2017, les scores étaient beaucoup plus proches, la candidate du FN (21,3 % des suffrages exprimés) se trouvant presque rattrapée par le candidat de FI (19,6 % des suffrages exprimés). En revanche, selon notre étude, dans la perspective de 2022, la candidate du RN affirme son leadership sur la protestation électorale.
D’après notre enquête, le potentiel électoral intermédiaire d’Emmanuel Macron représente 16 % des électeurs : 6 % se disent «certains» de voter pour lui et 10 % considèrent «qu’il y a de fortes chances» qu’ils votent pour lui au premier tour en 2022. Par comparaison, le score d’Emmanuel Macron lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 (24 % des suffrages exprimés) représentait 18,2 % des électeurs inscrits.
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, pour chacun des candidats potentiels suivants, diriez-vous que… ?
Candidats testés : Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron
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L’hypothèse d’un nouveau second tour Macron-Le Pen et la protestation électorale
Nous avons interrogé l’échantillon sur l’hypothèse d’un second tour. La question a été formulée de la manière suivante :
Et en 2022, à l’occasion de l’élection présidentielle, en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, diriez-vous que… ?
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En 2022, en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, diriez-vous que… ?
Total des réponses : « Oui »
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En adoptant cette échelle comprenant, on le voit, deux niveaux, et non plus trois, nous cherchons à obtenir une évaluation plus serrée du potentiel de protestation électorale en 2022.
Ainsi, placé dans l’hypothèse plus contraignante d’un second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, le corps électoral se fragmente en trois blocs d’un poids à peu près comparable. Le potentiel électoral d’Emmanuel Macron (30 %) est sensiblement supérieur à celui de Marine Le Pen (23 %). Cependant, placés dans le cadre de ce duel, la proportion d’électeurs déclarant qu’ils sont « certains » ou qu’il y a « de fortes chances » qu’ils s’abstiennent ou qu’ils votent blanc atteint 27 %. Or, si l’on considère que la disponibilité à s’abstenir ou à voter blanc recèle une dimension protestataire, les effets sur la décision électorale peuvent être sensibles. En effet, une fraction des électeurs passera d’un vote partisan au vote blanc ou à l’abstention, tandis que d’autres feront le chemin inverse. Le climat qui enveloppera l’année électorale 2022 déterminera largement la nature et le sens de ces transferts. Enfin, près d’un cinquième (18 %) des électeurs interrogés disent ne pas savoir à ce jour ce qu’ils feront en 2022.
Les inconnus du potentiel de la protestation électorale
La protestation électorale est multiforme
a) L’une des formes de la protestation politique est la protestation électorale, mais celle-ci est elle-même multiforme.
Elle peut s’exprimer à travers le vote populiste mais aussi se manifester, en tout ou partie, dans des com- portements de retrait tels que l’abstention et le vote blanc. Plus de la moitié des électeurs (56 %) se sont déjà abstenus. L’abstention est donc un phénomène massif. Il semble prendre de l’ampleur. Ainsi, l’élection présidentielle de 2017 a connu des taux qu’il faut ranger parmi les plus élevés dans l’histoire de l’élection du président de la République au suffrage universel : en 2017, au premier tour, l’abstention (22,2 %) a représenté le troisième niveau le plus haut depuis 1965, après 2002 (28,4 %) et 1969 (22,4 %). Au second tour, en 2017, le niveau de l’abstention apparaît comme le deuxième plus haut (25,4 %), après celui de 1969 (31,2 %). En réalité, on est autorisé à considérer que le record d’abstention est réalisé en 2017, dans la mesure où l’abstention de 1969 était une réaction face à une compétition entre deux candidats modérés et très proches, sinon identiques (« bonnet blanc et blanc bonnet »), soit l’inverse parfait de la situation du second tour de 2017. L’abstention de 2017 a été incomparablement plus dure que celle de 1969.
b) La moitié (50 %) des électeurs disent avoir déjà voté blanc.
Le fait qu’en septembre 2019 la moitié des personnes interrogées répondent avoir déjà voté blanc, alors que ce vote n’est reconnu que depuis 2014, éclaire rétrospectivement sur le contenu de la catégorie antérieure « blancs et nuls » : le sens des bulletins rangés pêle-mêle dans cette catégorie procédait peut- être davantage d’une forme de désapprobation ou de mécontentement que d’une maladresse ou d’une mauvaise compréhension de la procédure électorale.
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La disponibilité déclarée pour l’abstention et pour le vote blanc fait peser une forte incertitude sur la décision électorale. On sait que le résultat du 21 avril 2002 est en partie la conséquence d’une démobilisation des électeurs de gauche qui furent rétrospectivement surpris par l’élimination de Lionel Jospin, ce que la plupart de ces électeurs ne souhaitaient pas. L’abstention et le vote blanc favorisent les erreurs d’anticipation des électeurs eux-mêmes et augmentent donc le risque d’un accident électoral, c’est-à-dire d’une décision non voulue.
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PS et LR, deux électorats à la peine dans un paysage protestataire
Les récents développements politiques invitent à se demander ce qu’il reste des électorats des anciens grands partis de gouvernement. Que deviennent les votes PS et LR dans les dynamiques protestataires à l’œuvre ? Sans doute est-ce au moins en partie en raison d’une absence de figure représentant leur formation que les deux électorats, de droite comme de gauche, témoignent d’une telle disponibilité au vote populiste : 36 % des électeurs proches de LR indiquent pouvoir voter pour un(e) candidat(e) du RN au premier tour en 2022 et 24 % pour un(e) candidat(e) DLF; près d’un tiers (32 %) des électeurs proches du PS se disent disposés à voter pour un(e) candidat(e) de FI et 30 % pour une un(e) candidat(e) LO-NPA.
a) Entre tentation populiste et désaroi électoral
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, diriez-vous que vous pourriez… ?
Réponses : « Oui »
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b) Deux électorats orphelins face à 2022.
En cas de second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, les sympathisants socialistes sont plus nombreux (43 %) à dire pouvoir voter pour Macron que les sympathisants LR (32 %). Mais les électeurs socialistes sont aussi plus nombreux à envisager de s’abstenir ou de voter blanc (35 %) que les électeurs proches de LR (19 %). Les électeurs de la droite LR sont manifestement dans l’attente : plus du quart d’entre eux (27 %) répondent ne pas savoir à ce jour ce qu’ils feront si une telle situation se présente.
En 2022, à l’occasion de l’élection présidentielle, en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, diriez-vous que… ?
Réponses : « Oui »
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Le passage des frontières partisanes et les ressources du vote populiste
Nos chiffres enseignent qu’une différence apparemment considérable entre deux partis n’implique pas que les frontières qui les séparent soient infranchissables si ces deux formations s’inscrivent dans une perspective populiste. En effet, 19 % des individus ayant déjà voté FN/RN pourraient voter pour un(e) candidat(e) de FI en 2022 et 22 % de ceux qui ont déjà voté FI seraient prêts à voter pour un(e) candidat(e) RN.
De même, 15 % de ceux qui disent avoir voté Mélenchon en 2017 disent aussi avoir déjà voté au moins une fois FN/RN et 7 % de ceux qui ont voté Marine Le Pen répondent avoir voté au moins une fois FdG/FI. La porosité des électorats populistes semble plus forte dans un sens que dans l’autre.
Le contexte politique et social actuel peut favoriser le vote de rupture, qu’il soit de gauche ou de droite. Le mouvement des Gilets jaunes, regroupant des individus de toutes sensibilités mais rejetant unanimement le système en place, est une expression forte et singulière de ce nouveau contexte. Ainsi, 16 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2017 se disent prêts à voter en 2022 pour un(e) candidat(e) du RN. Il en va de même (16 %) pour les électeurs de Marine Le Pen en 2017 qui répondent pouvoir voter pour un(e) candidat(e) FI.
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, diriez-vous que vous pourriez… ?
Réponses : « Oui »
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Grille de lecture :
❯ 30 % des personnes interrogées répondent pouvoir voter pour un(e) candidat(e) du RN au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 20 % disent pouvoir voter pour un(e) candidat(e) de FI.
❯ 29 % des personnes interrogées qui ont déjà au moins une fois voté LO/NPA considèrent pouvoir voter pour un(e) candidat(e) du RN au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 53 % estiment pouvoir voter pour un(e) candidat(e) de FI.
Les Gilets jaunes, nouveau ressort du vote populiste.
Le potentiel électoral intermédiaire de Marine Le Pen (17 %) au premier tour de 2022 présente un profil aux caractéristiques bien connues et que l’on retrouve dans notre étude. Les électeurs appartenant au monde des ouvriers et des employés sont plus disposés à voter pour Marine Le Pen (22 %). Il en va de même pour les électeurs pas ou peu diplômés (26 %), ou encore ceux dont les revenus mensuels sont inférieurs à 2000 euros (20 %). Enfin, ils expriment une disponibilité marquée pour le vote populiste. Lorsque l’on s’intéresse aux caractéristiques de cet électorat, le niveau de vie apparaît comme un élément déterminant : 68 % des répondants qui considèrent avoir «des fins de mois très difficiles» envisagent de voter pour au moins un des partis populistes cités dans notre étude.
À l’opposé, les électeurs potentiels d’Emmanuel Macron (16 %) sont davantage représentés chez les inactifs (20 %), les personnes âgées de plus de 65 ans (24 %), les diplômés de l’enseignement supérieur (22 %) et les personnes dont les revenus mensuels dépassent 3.500 euros (25 %).
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, pour chacun des candidats potentiels suivants, diriez-vous que… ?
Total des réponses : « Certain de voter pour lui/elle » et « fortes chances de voter pour lui/elle »
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En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, pour chacun des candidats potentiels suivants, diriez-vous que… ?
Total des réponses : « Certain de voter pour lui/elle » et « fortes chances de voter pour lui/elle »
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Grille de lecture :
❯ 17 % des répondants disent être «certains» ou avoir de «fortes chances» de voter pour Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 16 % disent être «certains» ou avoir «de fortes chances» de voter pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 7 % disent être «certains» ou avoir «de fortes chances» de voter pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle en 2022.
❯ 19 % des hommes interrogés déclarent être « certains » ou avoir de « fortes chances » de voter pour Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 17 % sont « certains » ou disent avoir de « fortes chances » de voter pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 7 % répondent être « certains » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle en 2022.
❯ 14 % des femmes interrogées disent être « certaines » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 14 % disent être « certaines » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 ; 8 % répondent être «certaines» ou avoir « de fortes chances » de voter pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle en 2022.
S’il a lieu, le duel Macron-Le Pen en 2022 ne ressemblera pas à celui de 2017. Bien sûr, la répétition produira des effets difficiles à anticiper, mais surtout parce qu’une telle confrontation s’inscrirait dans le prolongement d’un mandat qui sera alors achevé et conséquemment soumis au jugement public. De plus, la décision électorale de 2022 sera affectée, d’une manière ou d’une autre, par le mouvement des Gilets jaunes. Notre enquête montre qu’après un an d’existence ce mouvement inédit bénéficie toujours d’une image positive auprès de 47 % des Français. Or les plus enthousiastes se recrutent aussi bien parmi les sympathisants du PCF ou de FI (77 %) et du RN (70 %) que parmi les électeurs de 2017 de Marine Le Pen (65 %) et de Jean-Luc Mélenchon (70 %). Les populistes se sont reconnus, ont reconnu leur cause ou ont reconnu leur colère dans le mouvement des Gilets jaunes.
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* L’option « vote populiste » regroupe ici les personnes interrogées qui ont répondu qu’ils pourraient voter pour au moins l’un des quatre partis populistes ou de la gauche révolutionnaire proposés (RN, FI, DLF, LO/NPA).
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L’inverse est également vrai. Parmi les Français qui disent avoir une image positive des Gilets jaunes, la quasi-totalité (90 %) envisagent de recourir en 2022 à l’une des six expressions de la protestation électorale que propose notre enquête : abstention, vote blanc ou vote pour l’un des partis populistes et antisystème (RN, FI, DLF, LO, NPA). Plus encore, 71 % des électeurs ayant une image « très positive » des Gilets jaunes déclarent qu’ils pourraient voter pour le RN ou pour FI en 2022, mais 17 % d’entre eux estiment qu’ils pourraient voter pour l’un comme pour l’autre, soit le double de la moyenne enregistrée (8 %).
Parmi les répondants qui ont une image positive des Gilets jaunes, 34 % répondent avoir de «fortes chances» ou être « certains » de voter pour Marine Le Pen en 2022 dans l’hypothèse d’un second tour l’opposant au président sortant, soit 11 points au-dessus de la moyenne (23 %). De même, 13 % de ceux qui portent un jugement positif sur les Gilets jaunes répondent avoir de «fortes chances» ou être « certains » de voter pour Emmanuel Macron, soit 17 points en dessous de la moyenne (30 %). Enfin, 34 % de ces électeurs favorables aux Gilets jaunes estiment avoir de « fortes chances » ou être « certains » de s’abstenir ou de voter blanc, contre 27 % en moyenne. La moitié (50%) des électeurs ayant une image « très positive » des Gilets jaunes disent qu’ils voteraient « certainement » (34 %) ou « qu’il y aurait de fortes chances » (16 %) qu’ils votent pour Marine Le Pen en cas de duel au second tour l’opposant à Emmanuel Macron.
Parmi les répondants qui disent avoir une image positive des Gilets jaunes, au premier tour de l’élection présidentielle de 2022…
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En 2022, à l’occasion de l’élection présidentielle, en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, diriez-vous que… ?
Total des réponses : « Oui »
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Diriez-vous que vous avez une image des Gilets jaunes…
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Grille de lecture :
❯ 47 % des personnes interrogées ont une image « très positive » ou «plutôt positive» des Gilets jaunes ; 50 % ont une image « plutôt négative » ou « très négative » des Gilets jaunes ; 3 % n’ont pas répondu à cette question.
❯ 70 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon au premier tour en 2017 ont une image « très positive » ou « plutôt positive » des Gilets jaunes ; 29 % ont une image « plutôt négative » ou « très négative » des Gilets jaunes ; 1 % n’ont pas répondu à cette question.
❯ 52 % des électeurs de Benoît Hamon au premier tour en 2017 ont une image « très positive » ou « plutôt positive » des Gilets jaunes ; 45 % ont une image « plutôt négative » ou « très négative » des Gilets jaunes ; 3 % n’ont pas répondu à cette question.
Les femmes et les jeunes résistent davantage à la tentation populiste, mais cela peut impliquer qu’ils en sont le réservoir électoral.
Globalement, le comportement électoral protestataire des femmes se caractérise par une contribution plus importante que les hommes à l’abstention ou au vote blanc, et par une contribution moins importante au vote populiste. Ainsi, 59 % des femmes interrogées disent s’être déjà abstenues au moins une fois dans leur vie, contre 52 % des hommes; de même, 54 % des électrices répondent avoir déjà voté blanc, pour 47 % des électeurs. Dans l’optique de 2022, la majorité d’entre elles répondent qu’elles pourraient voter blanc (53 %, contre 44 % des hommes) ; elles sont également plus nombreuses à dire pouvoir s’abstenir (44 %) que les hommes (39 %).
Si elles sont un peu plus susceptibles au premier tour de 2022 de voter pour FI (22 %) que les hommes (18 %), elles sont moins enclines (28 %) à voter pour le RN que les hommes (34 %). De même, on relève qu’un tiers des hommes (34 %) déclarent avoir déjà voté FN/RN au moins une fois dans leur vie, contre un quart des femmes (26 %). On retrouve cette différence dans l’hypothèse où Marine Le Pen serait à nouveau candidate au premier tour de l’élection présidentielle : 19 % des hommes sont «certains» ou estiment qu’« il y a de fortes chances » qu’ils votent pour elle, contre 14 % des femmes.
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En 2022, à l’occasion de l’élection présidentielle, en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, diriez-vous que… ?
Total des réponses : « Oui »
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Les leaders populistes subissent l’usure de l’opposition
Par leur style, leur discours et leur omniprésence lors d’une élection aussi importante que l’élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont été des figures particulièrement marquantes du monde politique. Nul doute que leur personnalité a fortement favorisé le vote populiste. Cela pourrait cependant devenir désormais un frein à son expansion.
La longévité politique de Jean-Marie Le Pen a aussi été celle d’une époque où l’exposition médiatique était bien plus limitée qu’aujourd’hui. Les leaders populistes se sont réjouis de voir les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu imposer un nouvel espace public dont ils ont su tirer un immense profit, mais l’intensité du régime médiatique qui est désormais de mise n’est pas plus soutenable par les populistes que par leurs concurrents. Notre étude montre que l’usure est en cours : 41 % de répondants veulent un autre leader pour remplacer Jean-Luc Mélenchon, ce qui est déjà beaucoup, mais ce chiffre monte à 57 % chez ses propres électeurs de 2017. De même, 35 % des personnes interrogées souhaitent que Marine Le Pen soit remplacée (le chiffre est moins marqué, mais il grimpe à 42 % parmi ses propres électeurs de 2017).
Lors de l’élection présidentielle de 2022, souhaiteriez-vous que…
Réponses : « Oui »
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Grille de lecture :
❯ 35 % des personnes interrogées souhaitent que le RN présente un(e) autre candidat(e) que Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle de 2022 ; 41 % souhaitent que FI présente un(e) autre candidat(e) que Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle de 2022.
❯ 30 % des personnes interrogées ayant voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle en 2017 souhaitent que le RN présente un(e) autre candidat(e) que Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle de 2022 ; 57 % ayant voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle en 2017 souhaitent que FI présente un(e) autre candidat(e) que Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle de 2022.
Du front républicain au front monétaire : l’euro résiste au populisme
Voir, par exemple, les différentes éditions de L’Opinion européenne, sous la direction de Dominique Reynié, de 2000 à 2019, éditées par la Fondation pour l’innovation politique et différents éditeurs, ou encore Dominique Reynié (dir.), Où va la démocratie? Une enquête internatio- nale de la Fondation pour l’innovation politique, Plon, 2017, et Id., Démocraties sous tension, en deux volumes, Fondation pour l’innovation politique, 2019
C’est un élément clé dans l’opinion européenne que les travaux de la Fondation pour l’innovation politique ont depuis longtemps identifié1. Plus de la moitié des personnes interrogées (53 %) sont favorables à l’euro ; plus du quart d’entre elles (29 %) disent ne pas être favorables à l’euro mais considérer en même temps qu’il ne faut pas renoncer à la monnaie européenne et revenir au franc. Seule une minorité (15 %) souhaite véritablement un retour au franc.
Concernant l’euro, avec laquelle des opinions suivantes êtes-vous le plus d’accord ?
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❯ 53 % des personnes interrogées se disent favorables à l’euro ; 29 % considèrent ne sont pas favorables à l’euro mais ne souhaitent pas revenir au franc ; 15 % souhaitent quitter l’euro et revenir au franc.
❯ 48 % des répondants ayant voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour en 2017 sont favorables à l’euro ; 37 % ne sont pas favorables à l’euro mais ne souhaitent pas revenir au franc ; 13 % souhaitent quitter l’euro et revenir au franc.
❯ 26 % des répondants ayant voté pour Marine Le Pen au premier tour en 2017 sont favorables à l’euro ; 38 % ne sont pas favorables à l’euro mais ne souhaitent pas revenir au franc ; 33 % souhaitent quitter l’euro et revenir au franc.
Concernant l’Union européenne, avec laquelle des opinions suivantes êtes-vous le plus d’accord ?
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Dans la zone euro, et peut-être même au-delà au sein de l’Union européenne, tel est l’obstacle que rencontrent les populistes en général et Marine Le Pen en particulier. Notre indicateur montre que son électorat est scindé sur cette question : près des deux tiers (64 %) des électeurs qui ont voté pour la candidate du FN en 2017 souhaitent conserver l’euro, contre un tiers (33 %) qui demandent un retour au franc. De plus, si l’on voit que 64 % des personnes interrogées estiment que l’élection de Marine Le Pen présenterait une menace pour l’euro, cette crainte concerne 38 % des électeurs indiquant avoir déjà voté au moins une fois pour le FN/RN et 34 % de ceux ayant déjà voté pour Marine Le Pen au premier tour en 2017.
En ce qui concerne Jean-Luc Mélenchon, la situation est encore plus frappante puisque la quasi-totalité de ses électeurs (85 %) souhaite conserver l’euro et 13 % seulement se disent favorables à un retour au franc.
Êtes-vous d’accord avec chacune des phrases suivantes : « S’agissant de l’élection présidentielle de 2022 et de la candidature de [Marine Le Pen/Jean-Luc Mélenchon], certaines personnes disent que… »
Total des réponses : « Tout à fait d’accord » et « Plutôt d’accord »
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Grille de lecture :
❯ Concernant la candidature de Marine Le Pen, 13 % des personnes ayant voté pour elle au premier tour en 2017 sont « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » avec l’affirmation « son élection représenterait une menace pour les libertés » ; 34 % sont « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » avec l’affirmation « son élection représenterait une menace pour l’euro » ; 15 % sont « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » avec l’affirmation « son élection représenterait une menace pour l’économie » ; 19 % sont « tout à fait d’accord » ou «plutôt d’accord» avec l’affirmation « son élection représenterait une menace pour la paix civile et l’ordre public ».
Une partie importante de la population semble à la recherche d’une sorte d’insurrection électorale mais, en septembre 2019, les Français sont encore plus convaincus de la nécessité de préserver et l’Europe et l’euro. Les leaders politiques qui menacent la monnaie européenne apparaissent au regard de leurs propres électeurs comme un risque pour leur patrimoine matériel personnel. Le discours d’hostilité à l’euro des populistes prendrait l’allure d’un paradoxe confinant à l’absurde s’il ne s’expliquait par la nécessité dans laquelle ils se trouvent de ne pas se retrouver pris dans les filets de la normalisationpolitique.
On ne peut défendre l’euro sans défendre l’Union européenne. On ne peut défendre l’Union européenne sans sortir du sillon confortable de la politique protestataire. Au « front républicain », fragilisé par sa réitération et son assimilation à une entente douteuse entre des partis désavoués mais accrochés au pouvoir, succède une sorte de « front monétaire ». Ce front est plus solide car il est assis sur l’intérêt matériel des électeurs. En revanche, une crise majeure de l’euro ou de l’Europe augmenterait sensiblement le potentiel de la protestation électorale, au point d’emporter l’élection présidentielle.
Le questionnaire de l’enquête
RENSEIGNEMENTS SIGNALÉTIQUES
- Sexe
- Âge de l’individu
- Région de résidence
- Taille de l’agglomération de résidence
- Niveau de diplôme
- Profession
- Statut (actif ou inactif)
- Revenu mensuel du foyer
- Proximité partisane
- Vote à la présidentielle 2012 (au premier et au second tour)
- Vote à la présidentielle 2017 (au premier et au second tour)
- Vote aux élections européennes du 26 mai 2019
- Autopositionnement politique sur échelle gauche-droite
- Êtes-vous très satisfait, assez satisfait, assez mécontent ou très mécontent de l’action d’Emmanuel Macron comme président de la République ?
- Très satisfait
- Assez satisfait
- Assez mécontent
- Très mécontent
- D’une manière générale, avez-vous l’impression que la science apporte à l’homme…?
- Plus de bien que de mal
- Plus de mal que de bien
- À peu près autant de mal que de bien
- Dans ce qui vous définit aujourd’hui personnellement, diriez-vous que vos choix politiques occupent…?
- Une très grande place
- Une assez grande place
- Une assez faible place
- Une très faible place
- Comment vous en sortez-vous avec les revenus de votre ménage ?
- Très difficilement
- Difficilement
- Facilement
- Très facilement
- À quelle fréquence vous informez-vous sur l’actualité via des réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook ?
- Plusieurs fois par jour
- Une fois par jour
- Plusieurs fois par semaine
- Une fois par semaine ou moins
- Jamais
- Pouvez-vous me dire quelle est votre religion, si vous en avez une ?
- Catholique
- Protestante
- Musulmane
- Juive
- Autre religion
- Sans religion
- Je ne souhaite pas répondre
Depuis que vous avez le droit de voter, avez-vous déjà voté au moins une fois pour les partis suivants ou l’un(e) de ses candidat(e)s…?
Réponses :
- Oui
- Non
- Le Front national/Le Rassemblement national
- Le Front de gauche/La France insoumise
- Lutte ouvrière/Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)
- Debout la France !, le parti de Nicolas Dupont-Aignan
Et depuis que vous avez le droit de voter…?
Réponses :
- Oui
- Non
- Vous vous êtes déjà abstenu
- Vous avez déjà voté blanc
Concernant l’Union européenne, avec laquelle des opinions suivantes êtes-vous le plus d’accord ?
- Je suis favorable à l’Union européenne et au fait que la France en fasse partie.
- Je ne suis pas favorable à l’Union européenne mais je ne souhaite pas que la France en sorte, ce qui est fait est fait.
- Je ne suis pas favorable à l’Union européenne et je souhaite que la France en sorte.
Concernant l’euro, avec laquelle des opinions suivantes êtes-vous le plus d’accord ?
- Je suis favorable à l’euro.
- Je ne suis pas favorable à l’euro mais je ne souhaite pas que l’on quitte l’euro pour revenir au franc, ce qui est fait est fait.
- Je ne suis pas favorable à l’euro et je souhaite que l’on quitte l’euro pour revenir au franc.
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, diriez-vous que… ?
Réponses :
- Oui certainement
- Oui probablement
- Non probablement pas
- Non certainement pas
- Vous pourriez voter pour un(e) candidat(e) du Rassemblement national
- Vous pourriez voter pour un(e) candidat(e) de Debout la France !, le parti de Nicolas Dupont- Aignan
- Vous pourriez voter pour un(e) candidat(e) de La France insoumise
- Vous pourriez voter pour un(e) candidat(e) de Lutte ouvrière / du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)
- Vous pourriez vous abstenir
- Vous pourriez voter blanc
En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, pour chacun des candidats potentiels suivants, diriez-vous que… ?
Candidats testés : Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron
- Vous êtes certain de voter pour lui/elle
- Il y a de fortes chances que vous votiez pour lui/elle
- Il serait possible que vous votiez pour lui/elle
- Il est peu probable que vous votiez pour lui/elle
- Vous excluez de voter pour lui/elle
Et en 2022, à l’occasion de l’élection présidentielle, en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, diriez-vous que… ?
- Vous êtes certain de voter pour Marine Le Pen
- Il y a de fortes chances que vous votiez pour Marine Le Pen
- Vous êtes certain de voter pour Emmanuel Macron
- Il y a de fortes chances que vous votiez pour Emmanuel Macron
- Vous êtes certain de vous abstenir ou de voter blanc
- Il y a de fortes chances que vous vous absteniez ou que vous votiez blanc
- Vous ne savez pas à ce jour ce que vous ferez
Lors de l’élection présidentielle de 2022, souhaiteriez-vous que :
Réponses :
- Oui
- Non
- La France insoumise présente un(e) autre candidat(e) que Jean-Luc Mélenchon ?
- Le Rassemblement national présente un(e) autre candidat(e) que Marine Le Pen ?
Êtes-vous d’accord avec chacune des phrases suivantes :
«S’agissant de l’élection présidentielle de 2022 et de la candidature de Marine Le Pen, certaines personnes disent que…»
Réponses :
- Tout à fait d’accord
- Plutôt d’accord
- Plutôt pas d’accord
- Pas d’accord du tout
- Son élection représenterait une menace pour les libertés
- Son élection représenterait une menace pour l’euro
- Son élection représenterait une menace pour l’économie
- Son élection représenterait une menace pour la paix civile et l’ordre public
Êtes-vous d’accord avec chacune des phrases suivantes :
« S’agissant de l’élection présidentielle de 2022 et de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, certaines personnes disent que… »
Réponses :
- Tout à fait d’accord
- Plutôt d’accord
- Plutôt pas d’accord
- Pas d’accord du tout
- Son élection représenterait une menace pour les libertés
- Son élection représenterait une menace pour l’euro
- Son élection représenterait une menace pour l’économie
- Son élection représenterait une menace pour la paix civile et l’ordre public
On a beaucoup entendu parler du mouvement des Gilets jaunes. Diriez-vous que vous avez une image des Gilets jaunes…
- Très positive
- Plutôt positive
- Plutôt négative
- Très négative
Parmi les problèmes suivants, quel est celui que le gouvernement doit traiter en premier ? en deuxième ? en troisième ?
- Réduire le chômage
- Réduire la dette/le déficit de l’État
- Réduire l’immigration
- Réduire l’influence de l’islam
- Réduire les inégalités sociales
- Réduire le réchauffement climatique
- Réduire la délinquance
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