Résumé

Les principaux enseignements de la vague 5

Introduction

1.

Cinquième vague de l’indicateur de la protestation électorale, 2022, le risque populiste en France, conçu par la Fondation pour l’innovation politique

2.

Ce que recouvre ici la notion de protestation électorale

I.

Les électeurs se mettent en mouvement tandis que la disponibilité au vote protestataire reste élevée

1.

Le potentiel de la protestation électorale : vague 5

2.

La disponibilité au comportement électoral protestataire reste majoritaire (72%)

3.

Les raisons de l’abstention et du vote blanc : un comportement protestataire plus qu’un retrait déceptif

4.

La disponibilité à voter à droite est stable mais la disponibilité à voter à gauche est au plus bas depuis septembre 2019

5.

Dans l’hypothèse d’un duel Macron-Le Pen, des transferts de voix incertains

II.

L’intérêt pour un candidat qui ne viendrait d’aucun parti

1.

L’idée d’une candidature hors des partis demeure l’hypothèse préférée des électeurs

2.

Éléments sur le profil du candidat qui ne viendrait d’aucun parti

3.

Le rejet des partis conditionne l’attente d’une candidature de la société civile

III.

Le risque populiste s’inscrit dans une société inquiète

1.

L’élection présidentielle pourrait diviser plus que rassembler les Français

2.

Gilets jaunes, antivax et anti-passe sanitaire : un enchevêtrement de colères nourrit le vote protestataire

3.

Les Français jugent la société « de plus en plus violente »

4.

Les utilisateurs d’applications de messagerie, de réseaux sociaux, de chaînes vidéos et « le droit de posséder une arme à feu chez soi pour assurer sa sécurité »

5.

L’utilisation régulière des réseaux sociaux est liée au comportement protestataire

IV.

Le soutien à la gestion de la crise sanitaire et à l’Europe contient le vote populiste

1.

Des Français de plus en plus nombreux à juger que la crise sanitaire a été bien gérée

2.

Pour les populistes, l’attachement de l’opinion à l’Union européenne et à l’euro demeure l’obstacle majeur

V.

La société française est à droite

1.

La prépondérance de la droite observée par l’autopositionnement sur l’axe gauche-droite

2.

La prépondérance de la droite observée par l’évaluation du potentiel électoral

3.

Les préoccupations au sujet de la délinquance, de l’immigration et de l’islam sont une autre manière de vérifier la prépondérance de la droite dans l’opinion

4.

Le statut de propriétaire est associé à une orientation électorale nettement plus favorable aux candidats de droite et à Macron

Annexes

1.

Définitions

2.

La protestation électorale vient de loin. Retour sur les élections présidentielles depuis 1965

Voir le sommaire complet Replier le sommaire

Résumé

À quelques mois du premier tour de l’élection présidentielle, voici les résultats de la vague 5 de notre indicateur de la protestation électorale, lancé en septembre 2019 dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022. Cette enquête a été administrée du 14 au 20 septembre 2021.

L’indicateur de la protestation électorale a été conçu par la Fondation pour l’innovation politique. L’enquête a été administrée par l’institut OpinionWay. Pour chaque vague, le questionnaire est administré auprès d’un échantillon de plus de 3.000 personnes inscrites sur les listes électorales.

Les résultats de la vague 1 ont fait l’objet d’une publication en octobre 2019, ceux des vagues 2 et 3 ont été réunis dans une publication commune en raison des contraintes liées au confinement (octobre 2020) et ceux de la vague 4 ont été publiés en juin 2021.

Tous les résultats sont en libre accès sur notre site fondapol.org ainsi que les données sur data.fondapol.org.

Dominique Reynié,

Professeur des universités à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique.

Auteur, entre autres, du Triomphe de l’opinion publique. L’espace public français du XVIe au XXe siècle (Odile Jacob, 1998), du Vertige social nationaliste. La gauche du Non (La Table ronde, 2005) et des Nouveaux Populismes (Pluriel, 2013). Il a également dirigé l’ouvrage Où va la démocratie ? (Plon, 2017) et Démocraties sous tensions (Fondation pour l’innovation politique, 2020), deux enquêtes internationales de la Fondation pour l’innovation politique.

Fondation pour l'innovation politique,

Think tank libéral, progressiste et européen.

DIRECTION

Dominique REYNIÉ, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique

RÉDACTION

Victor DELAGE, Dominique REYNIÉ

PRODUCTION

Abdellah BOUHEND, Margot COCQUET, Victor DELAGE, Anne FLAMBERT,
Léa GHILINI, Katherine HAMILTON, Camille JAFFIOL, Mathilde TCHOUNIKINE

RELECTURE ET CORRECTION

Francys GRAMET, Claude SADAJ

MAQUETTE ET RÉALISATION

Julien RÉMY

Enquête conçue par

la Fondation pour l’innovation politique

Réalisée par

l’institut Opinionway

L’équipe en charge de la réalisation de l’enquête :

Guillaume INIGO (directeur d’études), Bruno JEANBART (vice-président), Clément ROYAUX (chargé d’études)

IMPRESSION

GALAXY Imprimeurs

PARUTION

Octobre 2021

Crédits

Abréviations des différents partis politiques utilisées dans cette étude
DLF : Debout la France ! • EELV : Europe Écologie-Les Verts • FdG : Front de gauche
LFI : La France insoumise • FN : Front national • LO : Lutte ouvrière • LR : Les Républicains • LREM : La République en marche • NPA : Nouveau Parti anticapitaliste • PCF : Parti communiste français • PS : Parti socialiste • RN : Rassemblement national

Les principaux enseignements de la vague 5

1. À six mois du premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron occupe une solide position. Le potentiel électoral minimum de Marine Le Pen (10%) et, dans une moindre mesure, celui d’Emmanuel Macron (6%) sont toujours les plus élevés relativement aux autres candidats. Il en va de même pour le potentiel électoral intermédiaire, avec 18% pour la candidate du RN et 17% pour le président sortant, contre 11% pour Xavier Bertrand, 8% pour Éric Zemmour, 7% pour Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon. En revanche, le potentiel électoral maximum donne à voir un rééquilibrage du rapport de forces entre Emmanuel Macron (33%), Marine Le Pen (31%), Xavier Bertrand (30%) et Valérie Pécresse (25%), loin devant Anne Hidalgo (19%), Éric Zemmour (18%), Jean-Luc Mélenchon (17%), Yannick Jadot (17%) et Nicolas Dupont-Aignan (16%). Mais ce potentiel électoral « maximum » est par nature plus incertain.

2. Seulement 12% des personnes interrogées estiment que l’élection présidentielle va « rassembler davantage les Français », contre 41% qui pensent qu’elle va « diviser davantage les Français » et près de la moitié (46%) qui répondent « ni l’un ni l’autre ».

3. La disponibilité au comportement électoral protestataire lors du premier tour de l’élection présidentielle reste massive : 72% des répondants envisagent toujours soit de voter pour le RN, LFI, DLF ou LO/NPA, soit de s’abstenir ou de voter blanc. Ce chiffre est cependant en recul de 6 points par rapport à la vague précédente (avril 2021).

4. Cette évolution vient du recul de l’abstention et du vote blanc. Pour le premier tour de la présidentielle, un tiers des Français (34%) répondent qu’ils pourraient s’abstenir, contre 42% en avril 2021, et 40% qu’ils pourraient voter blanc, contre 49% en avril 2021. Les résultats de la vague 5 indiquent que cet apport de participation se distribue entre les différents partis et ne profite pour l’heure à aucun en particulier.

5. La disponibilité à l’abstention et au vote blanc procède de diverses causes. Dans cette vague 5, nous évaluons les motivations des individus susceptibles de s’abstenir ou de voter blanc au premier tour de la présidentielle. Les principales raisons retenues par les personnes interrogées montrent que l’abstention et le vote blanc procèdent moins d’un désintérêt que d’une forme de protestation : 30% disent vouloir s’abstenir parce qu’ils ont « le sentiment que c’est la même politique qui est menée quel que soit le parti au pouvoir », 26% parce que « les différents candidats dont on parle aujourd’hui ne [leur] conviennent pas », 17% parce que « la politique en général ne [les] intéresse pas », 14% parce qu’ils veulent « protester contre le système politique actuel » et 12% parce qu’ils pensent que leur « vote à l’élection présidentielle ne servira à rien ».

6. Parmi les partis testés, la disponibilité à voter LR est la plus élevée (36%), tandis que LREM (32%) baisse de 2 points en un an (34% en septembre 2020). Située à un haut niveau, la disponibilité à voter pour le RN au premier tour de la présidentielle s’érode cependant pour la première fois, passant de 34% en avril 2021 à 32% en septembre 2021. À gauche, les résultats sont particulièrement mauvais. LFI s’effondre, passant de 24% en janvier 2020 à 18% en septembre 2021, soit le niveau le plus bas depuis 2019. Il en va de même pour LO/NPA, reculant de 19% à 14% sur la même période. Le PS atteint son résultat le plus faible (26%), EELV perd 12 points en un an, de 42% en septembre 2020 à 30% en septembre 2021.

7. Dans l’hypothèse d’un second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, la part de personnes indiquant être « certaines » ou ayant « de fortes chances » de voter pour la candidate du RN s’élève à 26%, soit le deuxième résultat le plus élevé après celui de la vague 2 (27% en janvier 2020). Parallèlement, la part de répondants qui sont « certains » ou qui ont « de fortes chances » de voter pour le président sortant atteint 31%, soit son résultat le plus élevé, à égalité avec celui de la vague 3 en septembre 2020 (31%). La proportion de ceux qui pourraient s’abstenir ou voter blanc baisse de trois points, de 32% en avril 2021 à 29% en septembre 2021.

8. En cas de second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, 62% des électeurs qui pourraient voter Éric Zemmour au premier tour et 51% de ceux qui pourraient voter pour Nicolas Dupont-Aignan expriment une préférence pour Marine Le Pen, tandis que près d’un quart des électeurs d’Éric Zemmour (22%) et de Nicolas Dupont-Aignan (23%) s’abstiendraient ou voteraient blanc. 9% des électeurs d’Éric Zemmour au premier tour et 15% des électeurs de Nicolas Dupont-Aignan voteraient Emmanuel Macron lors du second tour.

9. En cas de second tour Macron-Le Pen, la proportion des répondants qui disent vouloir « éviter l’élection de Marine Le Pen » est passée de 53% en septembre 2020, puis à 51% en avril 2021, pour atteindre 48% en septembre 2021. Une forte proportion (44%) déclare vouloir « éviter la réélection d’Emmanuel Macron », soit 3 points de plus qu’en avril 2021 et 4 points de plus qu’en septembre 2020.

10. 43% des personnes interrogées répondent qu’ils pourraient « voter pour un candidat qui ne viendrait pas d’un parti politique ».

11. C’est parmi ceux qui disent être « certains » ou avoir « de fortes chances » de voter Éric Zemmour au premier tour de la présidentielle que l’on trouve la plus forte proportion (77%) d’électeurs exprimant une préférence pour un candidat qui ne viendrait pas d’un parti politique. On trouve une proportion moins importante mais significative parmi les répondants qui disent pouvoir voter Nicolas Dupont-Aignan (65%), Yannick Jadot (58%), Valérie Pécresse (51%), Xavier Bertrand (48%) et Anne Hidalgo (48%). Cette attente est moins répandue chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (43%), Emmanuel Macron (39%), qui incarne cependant ce profil, et Marine Le Pen (35%).

12. La disponibilité à voter pour un candidat issu de la société civile est l’une des expressions de la protestation électorale. Les électeurs qui disent pouvoir voter pour un candidat hors parti l’expliquent par « le sentiment que c’est la même politique qui est menée quel que soit le parti au pouvoir » (37%), par le fait que « les différents candidats dont on parle aujourd’hui ne [leur] conviennent pas » (29%), parce qu’ils veulent « protester contre le système politique actuel » (18%), parce que « la politique en général ne [les] intéresse pas » (9%) et parce qu’ils pensent que leur « vote à l’élection présidentielle ne servira à rien » (5%).

13. La sympathie envers les Gilets jaunes, les antivax et les anti-passe sanitaire est associée à un potentiel de protestation électorale sensiblement plus élevé que la moyenne. Au premier tour, 84% des répondants qui ont une image positive des Gilets jaunes pourraient opter pour au moins l’un des comportements protestataires retenus (voter pour le RN, LFI, DLF ou LO/NPA, s’abstenir ou voter blanc), contre 72% en moyenne. Ce chiffre monte à 89% pour les personnes qui ont une image positive des antivax ou des anti-passe sanitaire.

14. Les répondants qui ont une image positive des Gilets jaunes, des antivax ou des anti-passe sanitaire indiquent une préférence pour les candidats protestataires : 23% de ceux qui ont une image positive des Gilets jaunes, 28% de ceux qui ont une image positive des antivax et 24% de ceux qui ont une image positive des anti-passe sanitaire indiquent être « certains » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Marine Le Pen (contre 18% en moyenne). Ils sont respectivement 13%, 12% et 12% pour Jean-Luc Mélenchon (contre 7%) ; 11%, 13% et 12% pour Éric Zemmour (contre 8%) ; 7%, 10% et 9% pour Nicolas Dupont-Aignan (contre 4%). En revanche, seulement 6% de ceux qui ont une image positive des Gilets jaunes, 7% de ceux qui ont une image positive des antivax et 8% de ceux qui ont une image positive des anti-passe sanitaire déclarent être « certains » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Emmanuel Macron, contre 17% en moyenne.

15. Les trois quarts des personnes interrogées (72%) jugent « la société de plus en plus violente », soit un chiffre identique à celui de nos précédentes vagues (septembre 2020 et avril 2021). Au sein des familles politiques, si cette opinion est d’autant plus répandue que l’on est plus à droite, elle est toujours majoritaire, y compris à gauche : 87% chez les sympathisants du RN, 78% chez LR, 68% à LREM, 64% pour le PS et EELV, 59% pour le PCF/LFI.

16. L’idée d’un droit de posséder une arme à feu est nettement plus répandue chez les 18-24 ans (34%), notamment les lycéens et les étudiants (32%), que dans la moyenne de l’échantillon (21%).

17. Il existe un lien entre le fait de passer du temps sur les réseaux sociaux et le souhait d’avoir le droit de posséder une arme chez soi. Parmi les personnes interrogées qui utilisent Telegram tous les jours, plus de la moitié (57%) sont en faveur du droit de posséder une arme chez soi. Il en va de même pour celles qui utilisent quotidiennement TikTok (42% souhaitent avoir le droit de posséder une arme), Twitch (44%), Twitter (29%) et Instagram (26%), et pour celles qui s’informent via les blogs/forums (47%) et YouTube (41%). En revanche, pour les utilisateurs quotidiens de Facebook (22%) et de WhatsApp (21%), les chiffres sont similaires à la moyenne de l’échantillon (21%).

18. Près des trois quarts des Français (72%) ne font pas confiance aux médias. De même, la majorité des répondants (58%) estiment que « la plupart du temps, quand ils regardent l’actualité dans les médias, ils ont l’impression que ceux-ci parlent de sujets qui ne les concernent pas », soit une amélioration de 3 points (61%) par rapport à la vague 4 (avril 2021).

19. Parmi les personnes qui utilisent quotidiennement Telegram, 50% utilisent les « nouveaux médias » comme première source d’information (YouTube, les blogs, les forums ou les réseaux sociaux), contre 14% en moyenne. Les résultats sont également très élevés pour les répondants qui se connectent quotidiennement à TikTok (46%) ou Twitch (38%) et, dans une moindre mesure, Twitter (31%) ou Instagram (28%). Ce sont les utilisateurs quotidiens de WhatsApp (15%) et de Facebook (18%) qui sont les moins nombreux à utiliser les nouveaux médias comme première source d’information.

20. Le potentiel de protestation électorale est sensible à l’utilisation régulière des réseaux sociaux. La disponibilité déclarée soit à voter RN, LFI, DLF ou LO/ NPA, soit à s’abstenir ou à voter blanc au premier tour de l’élection présidentielle est plus importante chez ceux qui utilisent quotidiennement ces nouveaux médias, tout particulièrement Twitch, TikTok et Telegram. L’application de messagerie WhatsApp est l’exception, avec des résultats inférieurs à l’ensemble de l’échantillon. La plupart des utilisateurs quotidiens de réseaux sociaux répondent vouloir faire barrage à la réélection du président sortant en cas de second tour Macron-Le Pen, alors que cette réponse est choisie par 44% des membres de l’ensemble de l’échantillon. Les chiffres sont sensiblement supérieurs parmi les utilisateurs de Twitch (69%) et de Telegram (69%) ; c’est encore le cas parmi les utilisateurs de TikTok (62%), de Twitter (49%) et de Facebook (48%). On trouve ensuite des niveaux correspondants à la moyenne chez les utilisateurs d’Instagram (45%) ; enfin, on relève un résultat inférieur à la moyenne chez les utilisateurs quotidiens de WhatsApp (38%).

21. En septembre 2021, 45% des individus interrogés estiment que le gouvernement a bien géré la crise sanitaire, contre 53% qui pensent le contraire. Ce mécontentement est néanmoins en forte baisse par rapport à avril 2021, lorsque 29% seulement des personnes interrogées estimaient que la crise était bien gérée, contre 68%. L’évolution de la satisfaction à l’égard de la gestion de la crise sanitaire pèsera évidemment sur la décision électorale. En utilisant l’hypothèse du duel Macron-Le Pen, on voit que 70% de ceux qui estiment que le gouvernement a bien géré la crise souhaitent « éviter l’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République » (contre 48% en moyenne). À l’inverse, 61% de ceux qui jugent que le gouvernement a mal géré la crise sanitaire disent vouloir avant tout éviter la réélection d’Emmanuel Macron.

22. Cependant, bien que la perception de la gestion de la crise sanitaire et de l’action d’Emmanuel Macron comme président de la République se soit améliorée, 44% des Français continuent à vouloir éviter sa réélection en cas de second tour avec Marine Le Pen.

23. Depuis la création de notre indicateur, l’attachement des Français à l’Europe et à l’euro est constant. La vague 5 ne fait pas exception : plus des trois quarts (79%) des personnes interrogées souhaitent que la France reste dans l’Union européenne. Une minorité, stable à 18%, contre 17% en avril 2021, dit vouloir que la France quitte l’Union européenne. De même, la plupart (82%) souhaitent conserver l’euro, quand seul 16% des répondants souhaitent un retour au franc. Malgré les controverses sur l’Union européenne engendrées par la gestion initiale de la crise sanitaire, le sentiment européen n’a pas été altéré. Il constitue l’obstacle majeur pour les populistes : 58% des répondants qui pourraient voter Marine Le Pen au premier tour en 2022 souhaitent que la France reste dans l’Union européenne. Il en va de même pour 55% des électeurs qui pourraient voter Éric Zemmour et pour 85% de ceux qui envisagent de voter Jean-Luc Mélenchon.

24. La société française est clairement à droite. La prépondérance de la droite est observable par le positionnement sur l’axe gauche-droite. Plus d’un tiers des électeurs se situent à droite (37%), un cinquième (20%) à gauche et 18% au centre, tandis qu’un quart (23%) des personnes interrogées répondent ne pas vouloir se situer sur l’axe gauche-droite.

25. La prépondérance de la droite est observable par l’évaluation du potentiel électoral. Selon les données de la cinquième vague de notre indicateur, 56% des électeurs interrogés pourraient voter pour au moins l’un des candidats de droite testés (Xavier Bertrand, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen ou Éric Zemmour), tandis que 34% des électeurs interrogés pourraient voter pour au moins l’un des candidats de gauche testés (Anne Hidalgo, Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon). Le potentiel électoral de la droite est plus élevé encore si nous y incluons une partie des électeurs potentiels d’Emmanuel Macron. Une autre partie de l’électorat macroniste est ancrée à gauche, mais son poids ne permet pas de remettre en cause la prépondérance de la droite.

26. Si la droite acquiert un tel poids, c’est parce qu’elle domine au sein des couches populaires. Après la défaite quantitative de la gauche, c’est la défaite sociologique. Ainsi, la disponibilité déclarée à voter à droite est largement majoritaire chez les répondants sans diplôme ou faiblement diplômés (63%), appartenant aux catégories socioprofessionnelles inférieures (60%), ou ceux qui estiment s’en sortir difficilement à la fin du mois (60%) ou que leur niveau de vie s’est dégradé ces dernières années (60%).

27. Le niveau des préoccupations au sujet de la délinquance, de l’immigration et de l’islam est une autre manière de vérifier la prépondérance de la droite dans l’opinion. Le trio des préoccupations évolue de manière sensible par rapport à notre précédente mesure (avril 2021) : « Réduire la délinquance » passe de la deuxième à la première préoccupation (51%, en hausse de 5 points), « Réduire les inégalités sociales » passe de la troisième à la deuxième préoccupation (43%, en recul de 2 points), « Réduire l’immigration » passe de la quatrième à la troisième préoccupation (42%, en hausse de 5 points). L’item « Réduire le chômage », première préoccupation en avril 2021 (51%), est rétrogradé à la quatrième position (41%, en recul de 10 points). On note que si les préoccupations « Réduire l’influence de l’islam » et « Réduire le réchauffement climatique » sont au même niveau en septembre 2021 (37%), la préoccupation « Réduire l’influence de l’islam » est en hausse de 6 points depuis septembre 2019 (31%), tandis que la préoccupation « Réduire le réchauffement climatique » a reculé de 4 points sur la même période (41% en septembre 2019). Enfin, « Réduire la dette/le déficit de l’État » est passé de 38% à 27% en deux ans.

28. Les deux tiers des répondants (66%) estiment que « la plupart des immigrés ne partagent pas les valeurs de notre pays et cela pose des problèmes de cohabitation ». Gauche et droite sont concernées par ce jugement. En effet, si l’on considère les électorats de 2017, l’opinion négative sur l’immigration est partagée par la majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (51%), d’Emmanuel Macron (54%), de François Fillon (76%) et de Marine Le Pen (87%).

29. La France des propriétaires est une France de droite. C’est une manière supplémentaire de vérifier le poids de la droite dans la société. En revanche, les locataires sont beaucoup plus favorables à Marine Le Pen et à Jean-Luc Mélenchon.

30. On note un potentiel électoral hostile au président sortant dans la France des locataires habitant les petites villes et les villes moyennes. On peut y voir une rémanence de la crise des Gilets jaunes : 53% des locataires des villes de 2 000 à 19.999 habitants et 57% des locataires des villes de 20.000 à 99.999 habitants ont une image positive des Gilets jaunes (contre 44% en moyenne). Ce souvenir des Gilets jaunes peut être ravivé par les tensions sur le marché immobilier liées aux nouvelles stratégies résidentielles consécutives à la crise sanitaire et aux difficultés du confinement en milieu urbain en général et métropolitain en particulier.

1

Cinquième vague de l’indicateur de la protestation électorale, 2022, le risque populiste en France, conçu par la Fondation pour l’innovation politique

2022, le risque populiste en France est un indicateur de la protestation électorale, conçu par la Fondation pour l’innovation politique. Les questionnaires et l’analyse des résultats ont été assurés par l’équipe de la Fondation. Les enquêtes ont été administrées par l’institut OpinionWay.

Pour assurer la solidité et l’intérêt des données recueillies, chaque vague du questionnaire est administrée auprès d’un échantillon de plus de 3.000 personnes inscrites sur les listes électorales et représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas, au regard des critères de genre, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Depuis septembre 2019, nous réalisons une mesure par semestre.

La cinquième vague de notre enquête a été administrée du 14 au 20 septembre 2021, auprès de 3.156 personnes. Le 14 septembre 2021, 47 millions de Français étaient vaccinés*. La France se classe désormais parmi les pays les plus vaccinés au monde. Parallèlement à sa stratégie vaccinale, le gouvernement a mis en place un passe sanitaire, obligatoire depuis le 9 août 2021, qui consiste en la présentation d’une preuve de vaccination. Cette situation s’accompagne de manifestations antivax et anti-passe sanitaire dans le pays. L’élection présidentielle se rapprochant, les candidatures se précisent, malgré l’absence de désignation de champions pour les partis traditionnels. L’arrivée d’Éric Zemmour sur le devant de la scène politique, bien qu’il ne soit pas encore officiellement candidat au moment de l’administration du questionnaire, modifie les rapports de force de la droite à l’extrême droite. Le 13 septembre 2021, CNews a annoncé la fin de sa collaboration avec Éric Zemmour.

 

La première vague de notre enquête a été administrée du 30 août au 6 septembre 2019, auprès d’un échantillon de 3.006 personnes. La présentation et l’analyse des résultats ont donné lieu à une publication intitulée 2022, le risque populiste en France. Vague 1, accessible en français et en anglais sur le site fondapol.org.

La deuxième vague de notre enquête a été administrée du 23 au 31 janvier 2020, auprès de 3.055 personnes. Le contexte social et politique était alors tendu, particulièrement en raison de la réforme des retraites. Nous avions donc ajouté quelques questions contextuelles portant sur la compréhension et l’acceptation de cette réforme. La pandémie du coronavirus et le premier confinement nous avaient conduits à reporter la publication du deuxième volume.

La troisième vague de notre enquête a été administrée du 7 au 11 septembre 2020, auprès d’un échantillon de 3.037 personnes. Nous nous trouvions alors un peu après la période de confinement (17 mars-11 mai 2020) et au terme d’un été où certaines restrictions avaient été levées. Le cycle d’opinion de cette troisième vague s’inscrivait dans une reprise des contaminations et la crainte d’un rebond de la pandémie. Les résultats des vagues 2 et 3 ont fait l’objet d’une seule et même publication intitulée 2022, le risque populiste en France. Vagues 2 et 3.

La quatrième vague de notre enquête a été administrée du 6 au 12 avril 2021, auprès de 3.012 personnes. Le contexte était marqué par une reprise de la pandémie, un couvre-feu et un nouveau confinement instauré à partir du 3 avril. La stratégie vaccinale a commencé à être déployée durant cette période.

Cette note présente les résultats de la cinquième vague. Le texte et le questionnaire sont disponibles en français et en anglais sur fondapol.org, et l’intégralité des données sur data.fondapol.org.

2

Ce que recouvre ici la notion de protestation électorale

Par son caractère inédit et par sa violence, la crise sanitaire a semblé faire passer au second plan la crise des Gilets jaunes et les manifestations d’opposition à la réforme des retraites. Mais, il n’est pas sûr qu’elle les ait éteintes. En attestent les récentes manifestations antivax et anti-passe sanitaire dans plusieurs villes de France. La question se pose de savoir comment ces crises qui se superposent les unes aux autres vont s’exprimer à travers les mécanismes de la prochaine élection présidentielle de 2022. L’objectif de notre indicateur est de contribuer à comprendre et à anticiper les contours de ce scrutin présidentiel aux conséquences européennes et donc planétaires.

L’indicateur de la protestation électorale estime le potentiel des différents comportements électoraux protestataires possibles : l’abstention, le vote blanc, le vote en faveur de partis ou de candidats populistes. Dans notre indicateur, l’idée d’un électorat protestataire réunit quatre types de comportement :
– la disponibilité déclarée à voter pour les partis et les candidats relevant de l’offre populiste ;
– la disponibilité déclarée à voter pour les partis et les candidats relevant de la gauche révolutionnaire ;
– la disponibilité déclarée à s’abstenir ;
– la disponibilité déclarée à voter blanc.

Les définitions du vote populiste, de l’abstention et du vote blanc, ainsi que l’historique de la protestation électorale à la présidentielle depuis 1965 sont à retrouver dans les annexes de cette étude.

 

I Partie

Les électeurs se mettent en mouvement tandis que la disponibilité au vote protestataire reste élevée

1

Le potentiel de la protestation électorale : vague 5

Dans la perspective du premier tour de l’élection présidentielle de 2022, le potentiel électoral d’une candidature est estimé grâce à la question reproduite ci-dessous. Il s’agit de la disponibilité déclarée par les personnes interrogées à voter pour un candidat. Pour cette vague 5, nous avons ajouté le potentiel électoral des personnalités politiques suivantes à la liste des candidats testés : Nicolas Dupont-Aignan, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Valérie Pécresse et Éric Zemmour.

Les réponses apportées permettent de définir un potentiel électoral sur une échelle comportant trois niveaux :
le potentiel électoral minimum, qui représente la proportion de personnes interrogées ayant répondu « vous êtes certain de voter pour lui/elle » ;
le potentiel électoral intermédiaire, qui représente la proportion cumulée de personnes interrogées ayant répondu « vous êtes certain de voter pour lui/elle » ou « il y a de fortes chances que vous votiez pour lui/elle » ;
le potentiel électoral maximum, qui représente la proportion totale de personnes interrogées ayant répondu « vous êtes certain de voter pour lui/elle », « il y a de fortes chances que vous votiez pour lui/elle » ou « il serait possible que vous votiez pour lui/elle ».

En septembre 2021, pour le premier tour de la présidentielle, le potentiel électoral minimum de Marine Le Pen (10%) et, dans une moindre mesure, celui d’Emmanuel Macron (6%), sont toujours les plus élevés. Il en va de même pour le potentiel électoral intermédiaire, avec 18% pour la candidate du RN et 17% pour le président sortant, contre 11% pour Xavier Bertrand, 8% pour Éric Zemmour, 7% pour Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon. En revanche, le potentiel électoral maximum donne à voir un rééquilibrage du rapport de forces entre Emmanuel Macron (33%), Marine Le Pen (31%), Xavier Bertrand (30%) et Valérie Pécresse (25%), loin devant Anne Hidalgo (19%), Éric Zemmour (18%), Jean-Luc Mélenchon (17%), Yannick Jadot (17%) et Nicolas Dupont-Aignan (16%). Mais ce potentiel électoral « maximum » est par nature plus incertain et appelé à varier.

Copyright :

Fondation pour l’innovation politique – octobre 2021

Source :

Grille de lecture : En septembre 2021, invitées à se prononcer sur la candidature de Marine Le Pen, 10% des personnes interrogées ont répondu être « certaines » de voter pour elle ; 18% ont répondu être « certaines » ou avoir « de fortes chances » de voter pour elle ; 31% ont répondu être « certaines » ou avoir
« de fortes chances » ou qu’il leur serait « possible » de voter pour elle.

2

La disponibilité au comportement électoral protestataire reste majoritaire (72%)

Dans cet indicateur, le comportement électoral protestataire désigne la disponibilité d’un électeur à voter pour le RN, LFI, DLF ou LO/NPA, s’abstenir ou voter blanc au premier tour de la présidentielle.

Notre indicateur repose sur l’intégration de l’intention de s’abstenir et de l’intention de voter blanc dans le calcul du potentiel de la protestation électorale. Si le niveau du comportement électoral protestataire reste très élevé en septembre 2021 (72%), c’est aussi la première fois qu’il est en recul depuis la vague 1 de ce baromètre (septembre 2019).

Septembre 2019-septembre 2021 : évolution du potentiel protestataire pour le premier tour de l’élection présidentielle de 2022

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Fondation pour l’innovation politique – octobre 2021

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* L’option « voter populiste » regroupe ici les personnes interrogées qui ont répondu qu’elles pourraient voter pour au moins l’un des partis populistes (RN, LFI, DLF) ou d’extrême gauche retenus (LO/NPA).

Dans cette vague 5, on voit que le potentiel électoral protestataire stricto sensu – voter pour au moins un(e) des candidat(e)s RN, LFI, DLF ou LO/NPA au premier tour de la présidentielle – reste stable mais à un niveau élevé : il concerne 48% des électeurs, soit un niveau comparable au résultat de la vague 1 (49%, en septembre 2019). En revanche, nous observons une baisse significative de la proportion des personnes interrogées déclarant pouvoir « s’abstenir ou voter blanc » (49%) par rapport à la vague 3 (59%) et à la vague 4 (56%). Cependant, ce chiffre de 49% reste élevé puisqu’il concerne la moitié des répondants. On peut considérer que, le scrutin approchant, l’intérêt des Français pour la présidentielle grandira. Dans ce cas, on pourrait observer une poursuite de la décrue de l’intention de s’abstenir ou de voter blanc ; il resterait alors à savoir au profit de quelle candidature pourrait s’accomplir la baisse de l’abstention ou du vote blanc dans les intentions de vote.

En effet, ce n’est pas l’absence d’intérêt pour ce scrutin qui explique ce haut niveau des intentions de s’abstenir que nous enregistrons pour la cinquième fois consécutive. La plupart des répondants (84%) considèrent que l’élection présidentielle de 2022 est importante pour le pays. L’élément nouveau réside dans la transformation progressive de l’offre politique, avec, d’une part, de nouveaux candidats officiels ou potentiels et, d’autre part, la désignation de leur champion par les partis. Tardive pour le PS et LR, cette désignation a cependant lieu peu à peu, modifiant inévitablement le mouvement des intentions de vote. De plus, le surgissement sur le devant de la scène politique d’Éric Zemmour participe probablement à la mobilisation d’une fraction de ceux jusqu’alors susceptibles de s’abstenir ou de voter blanc.

3

Les raisons de l’abstention et du vote blanc : un comportement protestataire plus qu’un retrait déceptif

L’indicateur ne se limite pas à estimer la disponibilité au vote populiste. Il s’efforce aussi d’évaluer la disponibilité à l’abstention et au vote blanc. Dans cette vague 5 (septembre 2021), les disponibilités à s’abstenir ou à voter blanc au premier tour de la présidentielle sont les plus basses parmi celles que nous avons enregistrées depuis la création de notre indicateur. Pour le premier tour de la présidentielle, un tiers des Français (34%) répondent qu’ils pourraient s’abstenir et 40% qu’ils pourraient voter blanc.

En septembre 2021, on relève une baisse de la disponibilité à s’abstenir et à voter blanc

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En revanche, entre avril et septembre 2021, la disponibilité des 18-24 ans à s’abstenir augmente de 6 points, passant de 44% à 50%. La proportion des jeunes à voter blanc reste stable (de 50% à 51%).

Un premier enjeu de la bataille de la participation sera la mobilisation de l’électorat féminin. En effet, les femmes sont spectaculairement plus nombreuses (41%) que les hommes (28%) à dire qu’elles pourraient s’abstenir ; elles sont également plus nombreuses (45%) que les hommes (35%) à répondre qu’elles pourraient voter blanc.

Il en va de même de la mobilisation des classes populaires, compte tenu de leur propension plus forte à l’abstention : 46% des répondants dont le revenu du foyer est inférieur à 1.000 euros mensuels pourraient s’abstenir, contre un quart (24%) de ceux dont le revenu du foyer est égal ou supérieur à 3.500 euros. De même, 54% des individus qui déclarent avoir un revenu inférieur à 1.000 euros pourraient voter blanc, soit 22 points de plus que ceux dont les revenus sont égaux ou supérieurs à 3.500 euros (32%).

Disponibilité à s’abstenir selon l’âge entre septembre 2019 et septembre 2021

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Disponibilité à voter blanc selon l’âge entre septembre 2019 et septembre 2021

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Disponibilité à voter blanc selon l’âge entre septembre 2019 et septembre 2021.

La disponibilité à s’abstenir chez les répondants qui ont une image positive des Gilets jaunes, des antivax ou des anti-passe sanitaire est plus importante que la moyenne…

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… tout comme leur disponibilité à voter blanc

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Les sympathisants LREM, LR et RN sont les plus déterminés à participer

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Fondation pour l’innovation politique – octobre 2021.

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Grille de lecture : 44% des sympathisants EELV pourraient voter blanc au premier tour de l’élection présidentielle de 2022.

La disponibilité à l’abstention et au vote blanc procède de diverses causes. Dans cette vague 5, nous évaluons les motivations des individus susceptibles de s’abstenir ou de voter blanc au premier tour de la présidentielle.

Les principales raisons retenues par les personnes interrogées montrent que l’abstention et le vote blanc procèdent moins d’un désintérêt que d’une forme de protestation.

Les raisons de l’abstention

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Grille de lecture : 30% des répondants qui pourraient s’abstenir au premier tour disent vouloir s’abstenir parce qu’ils ont « le sentiment que c’est la même politique qui est menée quel que soit le parti au pouvoir », 26% parce que « les différents candidats dont on parle aujourd’hui ne [leur] conviennent pas », 17% parce que « la politique en général ne [les] intéresse pas », 14% parce qu’ils veulent « protester contre le système politique actuel » et 12% parce qu’ils pensent que leur « vote à l’élection présidentielle ne servira à rien ».

Les raisons du vote blanc

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Grille de lecture : 31% des répondants qui pourraient voter blanc au premier tour disent vouloir voter blanc parce que « les différents candidats dont on parle aujourd’hui ne [leur] conviennent pas », 27% parce qu’ils ont « le sentiment que c’est la même politique qui est menée quel que soit le parti au pouvoir », 16% parce qu’ils veulent « protester contre le système politique actuel », 14% parce que « la politique en général
ne [les] intéresse pas » et 10% parce qu’ils pensent que leur « vote à l’élection présidentielle ne servira à rien ».

Les motivations de l’abstention et le profil des abstentionnistes potentiels au premier tour en 2022

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Les motivations du vote blanc et le profil des électeurs susceptibles de voter blanc au premier tour en 2022

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Fondation pour l’innovation politique – octobre 2021.

4

La disponibilité à voter à droite est stable mais la disponibilité à voter à gauche est au plus bas depuis septembre 2019

Parmi les partis testés, la disponibilité à voter LR est la plus élevée (36%), tandis que LREM (32%) baisse de 2 points en un an (34% en septembre 2020). Située à un haut niveau, la disponibilité à voter pour le RN au premier tour de la présidentielle s’érode cependant pour la première fois, passant de 34% en avril 2021 à 32% en septembre 2021.

À gauche, LFI recule également, passant de 24% en janvier 2020 – niveau le plus haut enregistré, lié à la contestation de la réforme des retraites – à 18% en septembre 2021 – niveau le plus bas. Il en va de même pour LO/NPA (de 19 à 14% sur la même période). On observe des tendances similaires pour le PS qui atteint son résultat le plus faible (26%), tandis que EELV perd 12 points en un an, passant de 42% en septembre 2020 à 30% en septembre 2021.

Septembre 2019-septembre 2021 : évolution de la disponibilité à voter pour les différents partis testés au premier tour de l’élection présidentielle de 2022

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5

Dans l’hypothèse d’un duel Macron-Le Pen, des transferts de voix incertains

Selon les données de la vague 5, dans le cadre d’un second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, la part de personnes indiquant être « certaines » ou ayant « de fortes chances » de voter pour la candidate du RN s’élève à 26%, soit le deuxième résultat le plus élevé après celui de la vague 2 (27% en janvier 2020). Parallèlement, la part de répondants qui sont « certains » ou qui ont « de fortes chances » de voter pour le président sortant atteint 31%, soit son résultat le plus élevé, à égalité avec celui de la vague 3 en septembre 2020 (31%). La proportion de ceux qui pourraient s’abstenir ou voter blanc baisse de trois points, de 32% en avril 2021 à 29% en septembre 2021.

La disponibilité électorale déclarée pour le second tour de la présidentielle de 2022 (septembre 2019-septembre 2021)

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En cas de second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, les transferts de voix en faveur du président sortant seront observés de près. D’abord en raison de la forte porosité entre les populismes de droite : 62% des électeurs qui pourraient voter Éric Zemmour au premier tour et 51% de ceux qui pourraient voter pour Nicolas Dupont-Aignan expriment une préférence pour Marine Le Pen dans un duel face à Emmanuel Macron, tandis que près d’un quart des électeurs d’Éric Zemmour (22%) et de Nicolas Dupont-Aignan (23%) s’abstiendraient ou voteraient blanc et qu’une minorité voterait pour Emmanuel Macron (respectivement 9% et 15%). Ensuite, comme nous l’avons déjà remarqué lors des éditions précédentes, il n’y a pas de barrière séparant les électeurs de Jean-Luc Mélenchon de ceux de Marine Le Pen. Ceux qui pourraient voter pour le candidat LFI au premier tour sont aussi nombreux à pouvoir voter pour Marine Le Pen (24%) que pour Emmanuel Macron (24%), et 43% pourraient s’abstenir ou voter blanc. Par ailleurs, le comportement des électeurs du PS et de LR paraît imprévisible, tant ils oscillent entre abstention, indécision, tentation populiste et soutien à la majorité actuelle. Plus d’un tiers des individus qui pourraient voter Hidalgo (37%) ou Jadot (36%) au premier tour disent pouvoir s’abstenir ou voter blanc en cas de second tour Macron-Le Pen, de même qu’un quart de ceux qui pourraient voter Bertrand (25%) ou Pécresse (24%) au premier tour. Ces électorats sont toujours plus nombreux à dire qu’ils voteraient Macron plutôt que Le Pen au second tour (39% des électeurs de Bertrand expriment une préférence pour le président sortant, 38% de ceux de Pécresse, 43% de ceux de Jadot et 35% de ceux d’Hidalgo). Cependant, une part significative apparaît ouverte au vote populiste de droite : 13% des potentiels électeurs d’Anne Hidalgo, 14% de ceux de Yannick Jadot, 28% de ceux de Xavier Bertrand et 30% de ceux de Valérie Pécresse pourraient voter pour la leader du RN. Sans surprise, la plupart des électeurs (89%) d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen au premier tour voteraient pour leur champion au second tour.

Quel comportement électoral en cas de second tour Le Pen-Macron ?

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Grille de lecture : Parmi les personnes qui disent être « certaines » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour, 24% déclarent être « certaines » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Marine Le Pen au second tour dans l’hypothèse d’un duel Macron-Le Pen.

Dans le même temps, il faut noter que la proportion des répondants qui disent vouloir « éviter l’élection de Marine Le Pen » a baissé en un an, passant de 53% en septembre 2020 à 51% en avril 2021, pour devenir minoritaire en septembre 2021 (48%). À l’opposé, une proportion approchante (44%) déclare vouloir « éviter la réélection d’Emmanuel Macron », soit 3 points de plus qu’en avril 2021 et 4 points de plus qu’en septembre 2020.

Les employés et les ouvriers déclarent majoritairement vouloir éviter la réélection du président sortant

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II Partie

L’intérêt pour un candidat qui ne viendrait d’aucun parti

1

L’idée d’une candidature hors des partis demeure l’hypothèse préférée des électeurs

À la question « En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, diriez-vous que vous pourriez voter pour un candidat qui ne viendrait pas d’un parti politique ? », 43% des personnes interrogées répondent par l’affirmative. La disponibilité à voter pour une candidature qui ne serait issue d’aucun parti est plus élevée que la disponibilité à s’abstenir, à voter blanc ou à voter pour chacun des partis testés.

L’idée d’un(e) candidat(e) qui ne viendrait pas d’un parti politique séduit

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C’est parmi ceux qui disent être « certains » ou avoir « de fortes chances » de voter Éric Zemmour au premier tour de la présidentielle que l’on trouve la plus forte proportion (77%) d’électeurs exprimant une préférence pour un candidat qui ne viendrait pas d’un parti politique. On trouve une proportion moins importante mais encore très significative parmi les répondants qui disent pouvoir voter Nicolas Dupont-Aignan (65%), Yannick Jadot (58%), Valérie Pécresse (51%), Xavier Bertrand (48%) et Anne Hidalgo (48%). Cette attente est moins répandue chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (43%), Emmanuel Macron (39%), qui incarne cependant ce profil, et Marine Le Pen (35%).

2

Éléments sur le profil du candidat qui ne viendrait d’aucun parti

Un tiers des électeurs (32%) qui pourrait voter pour un candidat hors des partis souhaiterait voir une personne issue du monde de l’entreprise

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Les électeurs de gauche, ceux répondant qu’ils pourraient voter PS ou LFI au premier tour, expriment une préférence pour une candidature issue du monde scientifique ou universitaire. Les électeurs favorables à une candidature issue du monde de l’entreprise se trouvent parmi les répondants qui sont « certains » ou qui ont « de fortes chances » de voter pour Emmanuel Macron, Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse. Pour la droite protestataire, les citoyens qui pourraient voter pour Marine Le Pen privilégient le militaire et le policier, tandis que ceux qui pourraient voter pour Éric Zemmour préfèrent le profil du journaliste.

Le profil du candidat hors parti diffère selon les préfèrences électorales

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Grille de lecture : Parmi les répondants qui disent être « certains » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Jean-Luc Mélenchon, 21% d’entre eux souhaitent que ce candidat qui ne viendrait d’aucun parti vienne idéalement du milieu scientifique ou universitaire.

3

Le rejet des partis conditionne l’attente d’une candidature de la société civile

Nous faisons l’hypothèse que la disponibilité à voter pour un candidat issu de la société civile est l’une des expressions de la protestation électorale, à côté du vote antisystème, de l’abstention et du vote blanc. C’est ce que montrent les motivations des répondants qui disent pouvoir voter pour un candidat hors parti.

Les raisons du vote pour un candidat qui ne viendrait d’aucun parti

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La plupart des personnes interrogées (82%) n’ont pas confiance dans les partis. Spectaculairement élevée, cette défiance est même en légère augmentation par rapport à la vague 4 (80% en avril 2021). Le rejet des partis contribue à l’augmentation de l’abstention et du vote blanc ; il favorise aussi l’éclosion d’autres types de candidatures. En témoigne l’opposition inédite du second tour de l’élection présidentielle de 2017 entre, d’un côté, une candidature hors système, celle d’Emmanuel Macron, sans passé électoral ni parti constitué et, de l’autre, la candidature antisystème de Marine Le Pen. Depuis leur élimination au premier tour de 2017, LR et PS ne sont pas parvenus à retrouver le soutien de l’opinion. Leur impopularité obère les chances de succès des candidats qu’ils choisissent. Pour les candidats LR et PS, les bénéfices attachés au soutien d’un parti sont devenus incertains. Le parti pourrait être devenu l’obstacle à une victoire à la présidentielle, même s’il demeure un levier important compte tenu des besoins de financement et de la règle des parrainages. Si elle devenait officielle, l’entrée d’Éric Zemmour dans la compétition politique serait de nature à bouleverser le paysage politique.

Les potentiels réservoirs de voix d’Éric Zemmour

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Portrait des électorats d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen : entre convergences et différences

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III Partie

Le risque populiste s’inscrit dans une société inquiète

1

L’élection présidentielle pourrait diviser plus que rassembler les Français

Quelque 41% des citoyens estiment que l’élection présidentielle va « diviser davantage les Français ». Ils sont seulement 12% à répondre qu’elle va « rassembler davantage les Français». Près de la moitié des répondants (46%) déclarent « ni l’un ni l’autre ». L’idée selon laquelle l’élection présidentielle va « diviser davantage les Français » est plus répandue dans les classes aisées (44%) et les classes moyennes (42%) qu’au sein des classes populaires (38%). Les hommes (45%) sont sensiblement plus nombreux que les femmes (37%) à porter ce jugement. De même, 45% des personnes qui ont un revenu mensuel du foyer égal ou supérieur à 3.500 euros partagent cet avis, contre 39% pour ceux ayant un revenu mensuel du foyer inférieur à 1.000 euros. La proportion des artisans, commerçants et chefs d’entreprise (51%) et des cadres et professions intellectuelles supérieures (46%) à estimer que la présidentielle va davantage diviser les Français sont les plus élevées (contre 43% chez les employés et 41% chez les ouvriers).

2

Gilets jaunes, antivax et anti-passe sanitaire : un enchevêtrement de colères nourrit le vote protestataire

La France a vu s’enchaîner une série de crises d’intensités différentes, depuis les oppositions aux réformes ou le mouvement des Gilets jaunes jusqu’à la plus récente, la pandémie de la Covid-19 et la formation des mouvements qui ont suivi, les antivax puis les anti-passe sanitaire.

Le mouvement des Gilets jaunes bénéficie toujours d’une image positive dans l’opinion

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Si les antivax et les anti-passe sanitaire ne sont pas une reproduction à l’identique des Gilets jaunes, des éléments sont communs à ces trois mouvements, tous en rupture avec les organes représentatifs institutionnels et les pouvoirs intermédiaires traditionnels. Ces mouvements incarnent la montée en puissance du rejet des institutions.

Les profils des répondants qui ont une image positive des Gilets jaunes, des antivax et des anti-passe sanitaire font apparaître des groupes antisystème qui semblent se délier du modèle démocratique et expriment une vive critique à l’égard du gouvernement.

Gilets jaunes, antivax et anti-passe sanitaire : trois mouvements antisystème

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Grille de lecture : Parmi les personnes qui ont une image positive des anti-passe sanitaire, 53% estiment que « voter ne sert pas à grand-chose, les hommes et les femmes politiques ne tiennent pas compte de la volonté du peuple ».

Dans la perspective de 2022, la sympathie pour les Gilets jaunes, les antivax et les anti-passe sanitaire est associée à un potentiel de protestation électorale sensiblement plus élevé que la moyenne. Au premier tour, 84% des répondants qui ont une image positive des Gilets jaunes pourraient opter pour au moins l’un des comportements protestataires retenus (voter pour le RN, LFI, DLF ou LO/NPA, s’abstenir ou voter blanc), contre 72% en moyenne. Ce chiffre monte à 89% pour les personnes qui ont une image positive des antivax ou des anti-passe sanitaire.

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Fondation pour l’innovation politique – octobre 2021.

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3

Les Français jugent la société « de plus en plus violente »

Notes

1.

Cité in Salomé Vincendon, « Selon Emmanuel Macron, “nous sommes dans une société de plus en plus violente” », bfmtv.com, 3 juin 2021.

+ -

Affrontements lors de manifestations, augmentation de la criminalité, agressions racistes, antisémites, homophobes, attentats terroristes, multiplication des incivilités, innombrables propos haineux sur les réseaux sociaux… Le 3 juin 2021, Emmanuel Macron déclarait lui-même : « Nous sommes dans une société de plus en plus violente1. » Cette opinion est partagée par les trois quarts des répondants (72%), soit un chiffre identique à celui de nos deux précédentes vagues, septembre 2020 et avril 2021.

Depuis un an, 72% des répondants jugent la société de plus en plus violente

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Fondation pour l’innovation politique – octobre 2021.

Compte tenu de son niveau global, l’appréciation est présente dans toutes les catégories sociales, et dans des proportions comparables, que ce soit au sein des classes aisées (77%), des classes moyennes (70%) ou des classes populaires (71%). Cependant, l’opinion est sensiblement plus répandue chez les personnes considérant que leur niveau de vie s’est dégradé (83%) que chez celles estimant qu’il s’est amélioré (52%). Cette sombre appréciation concerne davantage les femmes (75%) que les hommes (68%), les plus de 65 ans (78%) que les 18-24 ans qui sont tout de même près d’un sur deux (46%) à la partager. Au sein des familles politiques, si cette opinion est d’autant plus répandue que le parti est plus à droite, elle est toujours majoritaire, y compris à gauche : 87% chez les sympathisants du RN, 78% chez LR, 68% à LREM, 64% pour le PS et EELV, 59% pour le PCF/LFI.

Les Français qui s’informent via les chaînes d’information en continu sont les plus nombreux à penser que la société est de plus en plus violente

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Fondation pour l’innovation politique – octobre 2021.

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Grille de lecture : Parmi les répondants qui s’informent avec les chaînes d’information en continu (CNews, LCI, BFM TV, etc.), 80% estiment que la société est de plus en plus violente.

4

Les utilisateurs d’applications de messagerie, de réseaux sociaux, de chaînes vidéos et « le droit de posséder une arme à feu chez soi pour assurer sa sécurité »

Le haut niveau de préoccupation pour les enjeux de sécurité, le sentiment que la société est de plus en plus violente et l’opinion selon laquelle la police n’a pas suffisamment de moyens nous conduit, pour la deuxième fois, à nous demander si, par voie de conséquence, il existe dans l’opinion la revendication d’un droit à posséder une arme chez soi. L’item « En France, pour assurer leur sécurité, les Français devraient avoir le droit de posséder une arme à feu chez eux » est approuvé par 21% des personnes interrogées mais rejeté par 78%. Un élément mérite cependant d’être souligné : minoritaire, bien qu’à un niveau significatif compte tenu de la question, l’idée d’un droit de posséder une arme à feu est nettement plus répandue chez les 18-24 ans (34%), notamment les lycéens et les étudiants (32%).

Plus d’un tiers (34%) des 18-24 ans sont favorables au droit de posséder une arme à feu chez soi

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Fondation pour l’innovation politique – octobre 2021.

La représentation d’une conflictualité montante et déréglée est alimentée par les réseaux sociaux qui mettent en scène de façon quasi quotidienne des faits de violence et dont les jeunes sont les principaux utilisateurs, notamment TikTok, Twitch ou Instagram. Il existe un lien clair entre le fait de passer du temps sur les réseaux sociaux et le souhait d’avoir le droit de posséder une arme chez soi. Parmi les personnes interrogées qui utilisent Telegram tous les jours, plus de la moitié (57%) sont en faveur du droit de posséder une arme chez soi. Il en va de même pour celles qui utilisent quotidiennement TikTok (42% souhaitent avoir le droit de posséder une arme), Twitch (44%), Twitter (29%) et Instagram (26%) et celles qui s’informent via les blogs/les forums (47%) et YouTube (41%). En revanche, pour les utilisateurs quotidiens de Facebook (22%) et de WhatsApp (21%), les chiffres sont similaires à la moyenne de l’échantillon (21%).

Les répondants qui souhaitent avoir le droit de posséder une arme à feu chez soi expriment une forte disponibilité à voter à droite, particulièrement pour un candidat du RN

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Fondation pour l’innovation politique – octobre 2021.

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Grille de lecture : Parmi les personnes qui sont d’accord d’« avoir le droit de posséder une arme à feu chez soi », 61% disent qu’elles pourraient voter pour un(e) candidat(e) RN au premier tour en 2022. Parmi les personnes qui ne sont pas d’accord d’« avoir le droit de posséder une arme à feu chez soi », 34% disent qu’elles pourraient voter pour un(e) candidat(e) LREM au premier tour en 2022.

5

L’utilisation régulière des réseaux sociaux est liée au comportement protestataire

L’espace public démocratique est soumis à des évolutions structurelles, notamment en raison du déclin des médias traditionnels. Ainsi, les résultats de la vague 4 (avril 2021) de notre indicateur, qui faisaient état d’une crise de la représentation médiatique, sont confirmés : en septembre 2021, près des trois quarts des Français (72%) ne font pas confiance aux médias. De même, la majorité des répondants (58%) estiment que « la plupart du temps, quand ils regardent l’actualité dans les médias, ils ont l’impression que ceux-ci parlent de sujets qui ne les concernent pas ». C’est 20 points de plus (38%) que ceux qui pensent que les médias traitent de sujets qui les concernent (4% des personnes interrogées n’ont pas répondu).

Cette crise de la représentation s’accompagne de l’avènement d’un espace numérique par le truchement des réseaux sociaux et des applications de messagerie téléphonique. Notre rapport à l’information a été bouleversé. Ainsi, parmi les personnes qui utilisent quotidiennement Telegram, 50% utilisent les « nouveaux médias » – YouTube, les blogs, les forums ou les réseaux sociaux – comme première source d’information (contre 14% en moyenne). Les résultats sont également très élevés pour les répondants qui se connectent quotidiennement à TikTok (46% s’informent via les « nouveaux médias ») ou Twitch (38%) et, dans une moindre mesure, Twitter (31%) ou Instagram (28%). Ce sont les utilisateurs quotidiens de WhatsApp (15%) et de Facebook (18%) qui sont les moins nombreux à utiliser les nouveaux médias comme première source d’information.

S’ils fournissent un accès à l’information, les réseaux sociaux et les applications téléphoniques œuvrent également à la circulation des opinions protestataires. Cela passe d’abord par le regroupement des utilisateurs dont les points de vue sont convergents, soit un effet d’agrégation ; cela passe ensuite par l’isolement de ce groupe par rapport aux opinions dissidentes avec lesquelles ils perdent peu à peu tout contact, soit l’effet « bulle de filtre », cette mécanique impliquant donc la radicalisation des points de vue du groupe. Ainsi, la vague 5 de notre indicateur confirme ce que nous avions identifié dans les éditions précédentes, à savoir que le potentiel de protestation électorale est sensible à l’utilisation régulière des réseaux sociaux. La disponibilité déclarée à voter populiste, à s’abstenir ou à voter blanc au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 est plus importante chez ceux qui utilisent quotidiennement ces nouveaux médias, tout particulièrement Twitch, TikTok et Telegram. L’application de messagerie WhatsApp est l’exception, avec des résultats inférieurs à l’ensemble de l’échantillon. Au premier regard sur les caractéristiques socio-économiques des populations qui consomment quotidiennement ces réseaux sociaux, les moins de 35 ans, les femmes, les chômeurs, les hommes et les femmes au foyer ainsi que les personnes dont le revenu mensuel du foyer est inférieur à 1.000 euros sont les plus nombreux à consommer régulièrement les réseaux sociaux.

Utilisation quotidienne des réseaux sociaux et disponibilité au comportement protestataire

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Source :

* L’option « voter populiste » regroupe ici les personnes interrogées qui ont répondu qu’elles pourraient voter pour au moins l’un des partis
populistes (RN, LFI, DLF) ou d’extrême gauche retenus (LO/NPA).

Grille de lecture : Parmi les personnes qui consomment quotidiennement Facebook, 78% pourraient s’abstenir, voter blanc ou voter populiste au premier tour de la présidentielle.

À propos du second tour de l’élection présidentielle, en imaginant l’hypothèse d’un second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, nous avons demandé aux personnes interrogées si, avant tout, elles chercheraient à « éviter l’élection de Marine Le Pen » ou à « éviter la réélection d’Emmanuel Macron ». La plupart des utilisateurs quotidiens de réseaux sociaux répondent vouloir faire barrage à la réélection du président sortant, alors que cette réponse est choisie par 44 % des membres de l’ensemble de l’échantillon. Les chiffres sont sensiblement supérieurs parmi les utilisateurs de Twitch ou de Telegram (69%) ; c’est encore le cas parmi les utilisateurs de TikTok (62%), de Twitter (49%) et de Facebook (48%). On trouve ensuite des niveaux correspondants à la moyenne chez les utilisateurs d’Instagram (45%) ; enfin, nous relevons un résultat inférieur à la moyenne chez les utilisateurs quotidiens de WhatsApp (38%).

On notera que le trio Facebook, WhatsApp et Instagram réunit les utilisateurs aux tendances relativement plus proches de la moyenne et moins protestataires que Twitch, Telegram et TikTok.

Jugement sur la démocratie représentative et sur la démocratie directe chez les utilisateurs des réseaux sociaux

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« Voter ne sert pas à grand-chose, les hommes et les femmes politiques ne tiennent pas compte de la volonté du peuple »…

L’affaiblissement de la démocratie représentative favorise l’opinion protestataire

Ils sont 38% de l’ensemble de notre échantillon à considérer que « voter ne sert pas à grand-chose, les hommes et les femmes politiques ne tiennent pas compte de la volonté du peuple ». Le consensus sur l’efficacité de l’élection est altéré. Ces répondants qui doutent de l’utilité du vote ont un fort potentiel protestataire. Plus des trois quarts (77%) sont mécontents de l’action d’Emmanuel Macron comme président de la République, soit 19 points au-dessus de la moyenne (58%). La plupart (81%) ne se sentent pas concernés par les sujets dont parlent les responsables politiques (contre 67% en moyenne) et plus des deux tiers (69%) ne se sentent pas concernés par les sujets dont parlent les médias (contre 58% en moyenne). Moins de la moitié (47%) sont favorables en premier à « un système politique démocratique avec un Parlement élu qui représente les citoyens et contrôle le gouvernement » (contre 60% en moyenne). En revanche, plus d’un tiers (34%) souhaitent que « les citoyens décident directement, à la place du gouvernement, ce qui leur semble le meilleur pour le pays » (contre 22% en moyenne). Ils sont 15% à approuver la figure d’« un leader fort, élu, qui déciderait seul sans se préoccuper du Parlement ni de ce que disent les médias », un résultat similaire à l’ensemble de l’échantillon (14%).

Une majorité (57%) des répondants pour qui « voter ne sert pas à grand-chose » ont une image positive des Gilets jaunes (contre 44% en moyenne), plus d’un tiers (38%) ont une image positive des antivax (contre 27%) et 50% des anti-passe sanitaire (contre 36%).

La protestation électorale est donc plus présente au sein de cette part de l’électorat : 38% pourraient voter pour Marine Le Pen au premier tour (contre 31% en moyenne), 23% pour Éric Zemmour (contre 18%), 20% pour Nicolas Dupont-Aignan (contre 16%) de même que Jean-Luc Mélenchon (contre 17%) et seulement 16% pour Emmanuel Macron (contre 33%), 23% pour Xavier Bertrand (contre 30%), 19% pour Valérie Pécresse (contre 25%), 16% pour Anne Hidalgo (contre 19%), 14% pour Yannick Jadot (contre 17%).

Dans l’hypothèse d’un second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, 31% disent être « certains » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Marine Le Pen (26% en moyenne), 12 % pour le président sortant (contre 31%) et 41% s’abstiendraient ou voteraient blanc (contre 29%). S’agissant du second tour de 2022, si l’on demande aux répondants de choisir entre « éviter l’élection de Marine Le Pen » et « éviter la réélection d’Emmanuel Macron », une forte majorité dit vouloir faire barrage à Emmanuel Macron (58%, contre 44% en moyenne).

 

IV Partie

Le soutien à la gestion de la crise sanitaire et à l’Europe contient le vote populiste

1

Des Français de plus en plus nombreux à juger que la crise sanitaire a été bien gérée

En septembre 2021, 45% des individus interrogés estiment que le gouvernement a bien géré la crise, tandis que 53% pensent le contraire. Toujours majoritaire selon notre indicateur, ce mécontentement est néanmoins en forte baisse par rapport aux précédentes mesures. La relative tolérance de l’opinion à l’égard du gouvernement, observée en septembre 2020 (39% des répondants déclaraient que le gouvernement gérait bien la crise, contre 59% qu’il la gérait mal), avait rapidement laissé place à une grogne largement partagée en avril 2021 lorsque 29% seulement des personnes interrogées estimaient que la crise était bien gérée, contre 68%.

Soudainement confrontés à une crise inédite et majeure, les gouvernants ont pu, un temps, donner le sentiment de l’impuissance et de la désorganisation. Mais le confinement, pénible et couteux, a fini par devenir inutile grâce à une politique vaccinale menée avec une vigueur manifeste, même si l’on a pu regretter qu’aucun vaccin français n’ait été mis au point. La population française est désormais l’une des plus vaccinées au monde. L’évolution de la satisfaction à l’égard de la gestion de la crise sanitaire pèsera évidemment sur la décision électorale. En utilisant l’hypothèse du duel Macron-Le Pen, on voit que 70% de ceux qui estiment que le gouvernement a bien géré la crise souhaitent « éviter l’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République » (contre 48% en moyenne). À l’inverse, 61% de ceux qui jugent que le gouvernement a mal géré la crise sanitaire disent vouloir avant tout éviter la réélection d’Emmanuel Macron.

L’évaluation de la gestion de la crise sanitaire et la disponibilité protestataire au premier tour de la présidentielle

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Septembre 2019-septembre 2021 : évolution de la satisfaction à l’égard de l’action d’Emmanuel Macron comme président de la République

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Prévision de croissance économique révisée à la hausse, campagne vaccinale tournant à plein régime, bars, restaurants, lieux culturels ouverts, reprise des activités sportives… Un nouveau cycle s’est ouvert dans la gestion de la pandémie. Il profite logiquement à Emmanuel Macron.

Cependant, bien que la perception de la gestion de la crise sanitaire et de l’action d’Emmanuel Macron comme président de la République se soit améliorée, 44% des Français continuent à vouloir avant tout éviter sa réélection en cas de second tour avec Marine Le Pen. Bien sûr, on peut penser que la satisfaction continuera d’augmenter au fur et à mesure qu’il apparaîtra plus clairement que nous sommes sortis de la crise sanitaire. D’un autre côté, il n’est pas possible d’écarter l’hypothèse pessimiste d’une rechute. Si elle devait avoir lieu, on en devine les conséquences. Mais l’évaluation des performances gouvernementales dans la gestion de la crise sanitaire peut aussi bien jouer un rôle de moins en moins important dans le choix d’avril 2022, en particulier si le retour à la vie normale devait être confirmé, atténuant d’ici là le souvenir des difficultés, c’est-à-dire aussi la mémoire des performances des gouvernants.

2

Pour les populistes, l’attachement de l’opinion à l’Union européenne et à l’euro demeure l’obstacle majeur

Depuis la création de notre indicateur, l’attachement des Français à l’Europe et à l’euro est constant. La vague 5 ne fait pas exception : plus des trois quarts (79%) des personnes interrogées souhaitent que la France reste dans l’Union européenne. Une minorité, stable à 18%, contre 17% en avril 2021, dit vouloir que la France quitte l’Union européenne. De même, la plupart (82%) souhaitent conserver l’euro, seul 16% des répondants souhaitant un retour au franc. Malgré les controverses sur l’Union européenne engendrées par la gestion initiale de la crise sanitaire, le sentiment européen n’a pas été altéré. Il constitue l’obstacle majeur pour les populistes. En effet, confrontés au ralliement pragmatique à l’Europe et à l’euro d’une partie de leur électorat, les populistes sont contraints de limiter drastiquement leur expression de l’euroscepticisme : 58% des répondants qui pourraient voter Marine Le Pen au premier tour en 2022 souhaitent que la France reste dans l’Union européenne. Il en va de même pour 55% des électeurs qui pourraient voter Éric Zemmour et pour 85% de ceux qui envisagent de voter Jean-Luc Mélenchon.

Les jeunes générations sont les plus attachées à l’Union européenne et à l’euro

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L’euro fragmente les électorats populistes

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Grille de lecture : Parmi les répondants qui disent être « certains » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Éric Zemmour au premier tour, 27% déclarent « Je ne suis pas favorable à l’euro et je souhaite que l’on quitte l’euro pour revenir au franc ».

V Partie

La société française est à droite

1

La prépondérance de la droite observée par l’autopositionnement sur l’axe gauche-droite

Une première façon d’évaluer le poids de la droite repose sur ce que l’on nomme l’autopositionnement politique. Les personnes interrogées sont invitées à se situer sur une échelle gauche-droite de 0 à 10, où 0 correspond au positionnement le plus à gauche et 10 au positionnement le plus à droite : ceux qui se situent de 0 à 4 sont considérés à gauche, à 5 au centre, de 6 à 10 à droite. Les personnes interrogées ont également la possibilité de ne pas se positionner sur cette échelle.

Les données montrent que plus d’un tiers des électeurs s’autopositionnent à droite (37%), un cinquième (20%) à gauche et 18% au centre. Enfin, un quart (23%) des personnes interrogées répondent ne pas vouloir se situer sur l’axe gauche-droite.

Janvier 2020-septembre 2021 : un glissement à droite des nouvelles générations

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Note : la différence entre les totaux et 100% représente les non-réponses.

Parmi les personnes qui se situent à droite, 28% répondent être « certains » ou avoir « de fortes chances » de voter pour Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle, 24% pour Emmanuel Macron, 19% pour Xavier Bertrand, 15% pour Éric Zemmour ou Valérie Pécresse, 8% pour Nicolas Dupont-Aignan. Parmi les répondants se situant au centre, 20% déclarent être « certains » ou avoir « de fortes chances » de voter pour le président sortant, devant Marine Le Pen (13%), Xavier Bertrand (9%), Éric Zemmour (4%), Valérie Pécresse (3%) ou Nicolas Dupont-Aignan (3%).

La disponibilité à voter pour Marine Le Pen au second tour demeure élevée chez les répondants se situant au centre

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2

La prépondérance de la droite observée par l’évaluation du potentiel électoral

Notre mesure du potentiel électoral confirme le positionnement à droite des Français. Depuis sa création en 2019, notre indicateur évalue la disponibilité à voter pour un parti ou un candidat lors de l’élection présidentielle de 2022. Pour ce faire, nous avons choisi une méthode invitant l’ensemble de l’échantillon à se prononcer sur chacun des candidats testés et non à en choisir un seulement. Nous avons décidé de procéder ainsi en espérant mieux cerner les logiques des reports de voix. Selon les données de la cinquième vague de notre indicateur, 56% des électeurs interrogés pourraient voter pour au moins l’un des candidats de droite testés (Xavier Bertrand, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen ou Éric Zemmour). Mesurée ainsi, la disponibilité à voter à droite est supérieure de 22 points à la disponibilité à voter à gauche (34%), soit pour au moins l’un des candidats de gauche testés (Anne Hidalgo, Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon). Enfin, il faut noter que le potentiel électoral de la droite est plus élevé encore si nous y incluons une partie des électeurs qui disent leur disponibilité à voter pour Emmanuel Macron. Dans ce cas, une autre partie de l’électorat macroniste devrait logiquement aller à la gauche, mais sans pouvoir remettre en cause la prépondérance de la France de droite.

La droite ne peut acquérir un tel poids qu’en dominant également au sein des couches populaires. Après la défaite quantitative, c’est la défaite sociologique de la gauche. Ainsi, la disponibilité déclarée à voter à droite est largement majoritaire chez les répondants sans diplôme ou faiblement diplômés (63%), appartenant aux catégories socioprofessionnelles inférieures (60%), ou ceux qui estiment s’en sortir difficilement à la fin du mois (60%) ou que leur niveau de vie s’est dégradé ces dernières années (60%).

La disponibilité à voter à droite est également dominante au sein des classes populaires

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Grille de lecture : Parmi les personnes sans diplôme ou faiblement diplômés, 29% répondent être « certaines », avoir « de fortes chances » ou qu’il « serait possible » qu’elles votent pour Anne Hidalgo, Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon. Parmi les personnes qui appartiennent aux CSP- (employés et ouvriers), 60% répondent être « certaines », avoir « de fortes chances » ou qu’il « serait possible » qu’elles votent pour Xavier Bertrand, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen ou Éric Zemmour.

On observe d’ailleurs qu’une partie significative des électeurs de gauche du premier tour de 2017 disent pouvoir voter pour un candidat de droite en 2022 : 37% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon pourraient voter pour Xavier Bertrand, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen ou Éric Zemmour. Réalisé dans l’autre sens, l’exercice montre que seuls 10% des électeurs de François Fillon et 16% de ceux de Marine Le Pen de 2017 pourraient voter pour Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo ou Yannick Jadot. Par ailleurs, au sein du groupe des électeurs qui se positionnent au centre, le potentiel électoral de la droite est beaucoup plus élevé : 57% de ces électeurs disent pouvoir voter pour au moins un des candidats de droite et 35% pour au moins un des candidats de gauche. Il en va de même pour ceux qui ne se situent pas sur l’échelle gauche- droite : 48% d’entre eux pourraient voter pour Xavier Bertrand, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen ou Éric Zemmour, contre 29% qui pourraient voter pour Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo ou Yannick Jadot. À quelques mois de l’élection présidentielle, toute la question est de savoir si ce réalignement à droite profitera à une droite de réforme ou à une droite de rupture.

3

Les préoccupations au sujet de la délinquance, de l’immigration et de l’islam sont une autre manière de vérifier la prépondérance de la droite dans l’opinion

Les préoccupations suscitées par la délinquance, l’immigration ou l’islam sont généralement épinglées comme des marqueurs de droite. Il n’est pourtant pas difficile d’imaginer qu’elles pourraient émaner d’une sensibilité de gauche. La demande de sécurité est probablement plus importante dans les quartiers populaires ; de même, la volonté de préserver l’emploi ou le niveau des rémunérations contient une demande de régulation de l’immigration ; enfin la défense de la laïcité relève d’une culture de gauche, plus évidemment que d’une culture de droite. Cependant, dans le débat public, le pli est pris et ces trois items contribuent depuis longtemps désormais à la délimitation d’une opinion de droite.

Hiérarchie des préoccupations et disponibilité à voter

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Électorats potentiels (« certains » ou ont « de fortes chances » de voter pour lui/elle) de :

Hiérarchie des préoccupations et disponibilité à voter (suite)

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Électorats potentiels (« certains » ou ont « de fortes chances » de voter pour lui/elle) de :

Le trio des préoccupations évolue de manière sensible par rapport à notre précédente mesure (avril 2021) : « Réduire la délinquance » passe de la deuxième à la première préoccupation (51%, en hausse de 5 points), « Réduire les inégalités sociales » passe de la troisième à la deuxième préoccupation (43%, en recul de 2 points), « Réduire l’immigration » passe de la quatrième à la troisième préoccupation (42%, en hausse de 5 points). L’item « Réduire le chômage », première préoccupation en avril 2021 (51%), est rétrogradé à la quatrième position (41%, en recul de 10 points). On note que si les préoccupations « Réduire l’influence de l’islam » et « Réduire le réchauffement climatique » sont au même niveau en septembre 2021 (37%), la préoccupation « Réduire l’influence de l’islam » est en hausse de 6 points depuis septembre 2019 (31%), tandis que la préoccupation « Réduire le réchauffement climatique » a reculé de 4 points sur la même période (41% en septembre 2019). Enfin, « Réduire la dette/le déficit de l’État » est passé de 38% à 27% en deux ans.

La délinquance est en tête des préoccupations

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Note : la différence entre les totaux et 100% représente les non-réponses.

La perception de l’immigration est dominée par un sentiment négatif

Les deux tiers des répondants (66%) estiment que « la plupart des immigrés ne partagent pas les valeurs de notre pays et cela pose des problèmes de cohabitation » ; a contrario, 30% choisissent l’item « La plupart des immigrés partagent les valeurs de notre pays et c’est un enrichissement culturel ».

L’immigration suscite des résistances dans l’ensemble de la société. L’idée que ces différences de valeurs rendent difficiles la cohabitation concerne aussi bien les classes aisées (65%) que les classes moyennes (67%) et populaires (65%). Près des deux tiers des personnes appartenant à un foyer dont le revenu mensuel est inférieur à 1 000 euros (63%) ou de celles appartenant à un foyer dont le revenu est supérieur ou égal à 3.500 euros (64%) expriment cette crainte à l’égard de l’immigration.

Gauche et droite sont concernées. En effet, si l’on considère les électorats de 2017, l’opinion négative sur l’immigration est partagée par la moitié des électeurs de Mélenchon (51%), de Macron (54%), de Fillon (76%) et de Le Pen (87%). Notons enfin que si les trois quarts des personnes (76%) qui voient dans la mondialisation une menace pensent que « la plupart des immigrés ne partagent pas les valeurs de notre pays et cela pose des problèmes de cohabitation », cette opinion reste majoritaire (53%) chez ceux qui voient dans la mondialisation une opportunité.

 

4

Le statut de propriétaire est associé à une orientation électorale nettement plus favorable aux candidats de droite et à Macron

Notes

2.

Depuis la vague 4, nous intégrons le statut de l’occupant du logement comme renseignement signalétique dans notre questionnaire. L’agrégat des vagues 4 et 5 nous permet d’analyser un échantillon de 6.167 personnes interrogées : 3.855 se déclarent propriétaires, 1.925 locataires et 387 sont logées à titre gratuit. Sur l’ensemble, 750 répondants sont propriétaires d’une résidence secondaire. Selon l’Insee, le statut de propriétaire s’applique aux ménages propriétaires, copropriétaires et accédant à la propriété ; les statuts de locataire ou de sous-locataire s’appliquent aux ménages s’acquittant d’un loyer quel que soit le type de logement qu’ils occupent ; le statut de logé à titre gratuit s’applique aux ménages qui ne sont pas propriétaires de leur logement et qui ne paient pas de loyer.

+ -

L’agrégat des vagues 4 et 5 de notre indicateur (avril et septembre 2021) nous permet d’analyser les résultats en tenant compte du statut de l’occupant du logement2.

Une première lecture consiste à s’intéresser à l’orientation électorale des propriétaires (maison ou appartement), des locataires (maison ou appartement) et des personnes logées à titre gratuit.

L’orientation électorale selon le statut de l’occupant du logement

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La fin de la polémique déclenchée par la ministre du Logement Emmanuelle Wargon, accusée de vouloir s’en prendre aux maisons individuelles, est la meilleure issue pour Emmanuel Macron : en effet, les propriétaires sont surreprésentés parmi ses électeurs. Ils sont aussi surreprésentés au sein de l’électorat LR. La France des propriétaires est une France de droite. C’est une manière supplémentaire de vérifier le poids de la droite dans la société. En revanche, les locataires sont beaucoup plus favorables à Marine Le Pen et à Jean-Luc Mélenchon. Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan sont les seuls à obtenir des résultats similaires chez les propriétaires, les locataires et les électeurs logés à titre gratuit. Chez les personnes possédant une résidence secondaire, la disponibilité à voter pour le président sortant ou pour des candidats LR est très supérieure à leur score moyen. On le voit pour Emmanuel Macron (45% des propriétaires d’une résidence secondaire contre 34% en moyenne), Xavier Bertrand (41% contre 31%), Valérie Pécresse (36% contre 25%), Éric Zemmour (25% contre 18%) et Nicolas Dupont-Aignan (21% contre 16%). Seule exception, Marine Le Pen, dont le score parmi les propriétaires d’une résidence secondaire déclarant pouvoir voter pour elle (29%) est inférieur à son potentiel moyen (32%). La présidente du RN est toujours la représentante d’un populisme puisant une partie de ses forces dans une France autrefois socialement destinée à la gauche.

La France des propriétaires immobiliers est aussi bien à droite que macroniste

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Notes

*.

Voir Céline Arnold, « 37 millions de logements en France au 1er janvier 2020 », insee.fr, 8 décembre 2020.

+ -

Au second tour, les locataires seraient plus nombreux à voter Marine Le Pen (27 %) qu’Emmanuel Macron (24%). Les propriétaires choisiraient Macron (34%) plutôt que Le Pen (25%). De même, les personnes logées gratuitement soutiendraient plus nettement le président sortant (32%) que sa concurrente (20%).

Selon l’Insee, en 2020, 58% des ménages étaient propriétaires de leur résidence principale. Cette part est stable depuis 2010, après avoir augmenté continûment depuis 1982, en partie sous l’effet du vieillissement de la population. La part des ménages locataires de leur résidence principale se maintient aux environs de 40% depuis 1990, soit un niveau un peu plus faible qu’en 1982. Enfin, la proportion des ménages logés gratuitement a baissé de façon continue depuis 1982 (2% en 2020)*.

 

Notes

3.

Terme utlisé par Dominique Reynié, in interview par Mériadec Raffray, « “Cette crise confirme la cassure entre Paris et les territoires” », lopinion.fr, 19 octobre 2021 (en accès réservé).

+ -

La prise en compte du lieu de résidence révèle un potentiel électoral hostile au président sortant dans la France des locataires habitant les petites villes et les villes moyennes. On peut y voir une rémanence de la crise des Gilets jaunes. Dans cette France des locataires, 53% des locataires des villes 2.000 à 19.999 habitants et 57% des locataires des villes de 20.000 à 99.999 habitants ont une image positive des Gilets jaunes (contre 44% en moyenne). Ce souvenir des Gilets jaunes peut être ravivé par les tensions qu’introduisent sur le marché les nouvelles stratégies immobilières consécutives à la crise sanitaire et aux difficultés du confinement en milieu urbain en général et métropolitain en particulier.

Les familles souhaitant quitter les métropoles pour des villes plus petites sont plus nombreuses qu’auparavant. Ce processus de « démétropolisation3 » était notable antérieurement, mais il semble amplifié par la crise de la Covid-19. L’autre stratégie notable est l’achat d’une résidence secondaire, mais les effets sur le marché immobilier sont de même nature. Par voie de conséquence, les ménages habitant déjà la France des villes petites et moyennes subissent une hausse des prix significative pour un produit représentant généralement un coût élevé ou très élevé et alors que le niveau des revenus de cette France des villes petites et moyennes est inférieur à celui de la France des métropoles et de la région parisienne.

Dans les villes de 2.000 à 99.999 habitants, les locataires souhaitent éviter la réélection d’Emmanuel Macron

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Les propriétaires s’opposent à l’élection de Marine Le Pen

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Notes

4.

Les catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+) sont les artisans, commerçants, chefs d’entreprise, cadres, professions intellectuelles supérieures et professions intermédiaires.

+ -

Qu’il s’agisse d’« éviter l’élection de Marine Le Pen » ou qu’il s’agisse d’« éviter la réélection d’Emmanuel Macron», les écarts les plus importants entre propriétaires et locataires se situent dans les villes de 2.000 à 99.999 habitants. Ces différences observées entre propriétaires et locataires sont moindres dans les communes rurales et en région parisienne.

Il est intéressant de noter que si nous prenons en considération la catégorie socioprofessionnelle, le fait d’être propriétaire ou locataire est sans effet politique sur les catégories socioprofessionnelles supérieures4 : 41% des propriétaires et 39% des locataires appartenant aux CSP+ disent souhaiter éviter la réélection d’Emmanuel Macron. De même, la moitié des propriétaires (52%) et des locataires (50%) appartenant aux CSP+ répondent vouloir avant tout éviter l’élection de Marine Le Pen. Néanmoins, l’hétérogénéité entre propriétaires et locataires apparaît très marquée chez les artisans, commerçants, chefs d’entreprise et, dans une moindre mesure, chez les cadres et les professions intellectuelles supérieures.

Les locataires artisans, commerçants et chefs d’entreprise veulent éviter la réélection d’Emmanuel Macron…

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… tandis que les propriétaires artisans, commerçants et chefs d’entreprise souhaitent éviter l’élection de Marine Le Pen

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Notes

5.

Les catégories socioprofessionnelles inférieures (CSP–) sont les employés et les ouvriers.

+ -

Si l’on considère les catégories socioprofessionnelles inférieures5, on voit que les écarts sont moins favorables au président sortant: la moitié des propriétaires appartenant aux CSP– (50%) déclarent vouloir éviter sa réélection et 57% parmi les locataires CSP–.

En revanche, 43% des propriétaires et 35% des locataires appartenant aux CSP– veulent éviter l’élection de Marine Le Pen. Dans le détail, les différences sont peu marquées entre les employés propriétaires et locataires, contrairement aux ouvriers.

1

Définitions

a) Le vote populiste
Le vote populiste regroupe soit les votes effectués en faveur d’un parti ou d’un candidat populiste, soit la disponibilité à voter pour un parti populiste. On caractérisera l’ offre populiste notamment par les éléments suivants :

l’appel au peuple, qui est au cœur du discours populiste. On le retrouve dans le rejet de la démocratie représentative et dans l’exaltation de la démocratie directe. L’appel au peuple des populistes se caractérise par la revendication de la souveraineté absolue de la décision électorale, censée prévaloir sur tous et tout, y compris sur les principes et les règles qui fondent et ordonnent l’État de droit ;

un discours anti-élites, à partir d’une différenciation sociale sommaire opposant un « peuple », unifié et mythifié, et des « élites » politiques, économiques, intellectuelles, médiatiques, disqualifiées comme oligarchie (« la caste », etc.) ;

– un discours et une organisation marqués par une culture autoritaire, que l’on retrouve dans une forme partisane construite autour d’un chef omniprésent ;

– un programme nationaliste ;

– une vision xénophobe ;

un style rhétorique notamment caractérisé par l’exagération, la simplification, la disqualification de l’ adversaire, une tendance à l’ explication conspirationniste, etc.

À partir du quatrième critère, on voit que s’opère une séparation entre deux expressions du populisme : l’expression largement dominante, celle qui rencontre les succès électoraux, véhicule un nationalisme xénophobe, dénonçant non seulement la spoliation du peuple par les élites mais aussi par un peuple étranger, les immigrés. Le populisme xénophobe est plus souvent de droite, mais il existe aussi à gauche en Europe. En France, le populisme de gauche est représenté par Jean-Luc Mélenchon et son parti LFI. Celui-ci, en dépit de quelques embardées sur le terrain de la xénophobie, ne parvient pas à rivaliser avec Marine Le Pen. C’est pourquoi le populisme de gauche subit la domination électorale du populisme de droite de Marine Le Pen et du RN.

Depuis la première vague de notre indicateur, nous avons fait le choix de compter Nicolas Dupont-Aignan et son parti DLF – offre politique balançant entre droite souverainiste et droite populiste – dans le calcul du potentiel électoral populiste. En 2017, pendant l’entre- deux-tours de l’élection présidentielle, le président de DLF avait en effet passé un accord de gouvernement avec Marine Le Pen au terme duquel il acceptait de devenir son Premier ministre en cas d’élection de la candidate du FN. Depuis lors, les prises de position de Nicolas Dupont-Aignan, en particulier dans le cadre de la crise sanitaire,viennentconforternotrechoixinitialdeclasser ce parti et son candidat dans la catégorie populiste.

Enfin, il importe de distinguer les partis populistes des partis de la gauche révolutionnaire. En effet, certains partis qui relèvent d’une vision antisystème ne reprennent ni le simplisme social, ni les codes du populisme. Ils s’inscrivent différemment dans la perspective d’un internationalisme à partir d’une vision de la société, de l’histoire et de la révolution fondée sur une analyse en termes de classes sociales. Ils revendiquent de parler pour une classe particulière, les ouvriers, éventuellement étendue aux « travailleurs », mais pas au « peuple », notion sociologiquement indéterminée et politiquement inconsistante. Fondamentalement, les partis de la gauche révolutionnaire ne se reconnaissent pas dans les principes et les mécanismes de la démocratie électorale que les populistes, différemment, assurent vouloir renforcer.

En France, les partis de la gauche révolutionnaire candidats à l’élection présidentielle, dont ils usent comme d’une scène pour s’assurer de la visibilité, relèvent de la mouvance trotskiste. Cependant, ici, sans oublier ces différences, nous choisissons d’intégrer le vote d’extrême gauche dans le calcul du potentiel électoral populiste afin de ne pas augmenter inutilement la complexité de l’indicateur.

De plus, le poids électoral de cette gauche révolutionnaire est marginal, à deux exceptions près, en 2002 (10,4% des suffrages exprimés et 7,2% des électeurs inscrits) et en 2007 (5,8% des suffrages exprimés et 4,8% des électeurs inscrits). Enfin, les répondants qui se reconnaissent dans cette gauche révolutionnaire témoignent dans notre étude d’une grande disponibilité à voter populiste, au moins pour une partie d’entre eux, dans le cadre d’une stratégie antisystème.

Notes
+ -

b) L’abstention
Les formes de l’abstention sont variées. L’abstention peut être systématique ou intermittente. Les raisons de l’abstention sont diverses : expression d’un désintérêt, incapacité à choisir, rejet de l’offre politique ou encore expression d’un mécontentement plus général. Dans la mesure où une partie seulement de l’abstention relève d’une forme de protestation électorale, il est difficile de l’évaluer à partir des résultats électoraux. Cependant, ici, nous choisissons d’intégrer l’abstention dans le calcul du potentiel de la protestation électorale car nous interrogeons les personnes sur leur disponibilité à l’abstention en 2022, ce qui écarte les raisons pratiques de l’abstention (maladie, absence, etc.). On remarquera d’ailleurs la similitude entre la courbe de l’abstention et celle du vote protestataire.

 

c) Le vote blanc
Jusqu’en 2014, le recensement du vote blanc était confondu avec celui du vote invalide (vote nul). La catégorie se nommait « blancs et nuls ». Le vote blanc est comptabilisé à part depuis la loi du 21 février 20146. Il a été recensé séparément pour la première fois lors des élections européennes de juin 2014. L’élection présidentielle de 2017 a donc connu le nouveau régime du vote blanc. Ici, de même que pour l’abstention, nous choisissons d’intégrer le vote blanc dans le calcul du potentiel de la protestation électorale car nous interrogeons les personnes sur leur disponibilité à voter blanc en 2022.

Candidatures retenues : 1965 : J.-L. Tixier-Vignancour (Comités Tixier-Vignancour) ; 1969 : J. Duclos (PCF), A. Krivine (LC) ; 1974 : J.-M. Le Pen (FN), B. Renouvin (NAR), A. Laguiller (LO), A. Krivine (FCR) ; 1981 : A. Laguiller (LO), G. Marchais (PCF) ; 1988 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), A. Lajoinie (PCF) ; 1995 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), R. Hue (PCF), J. Cheminade (SP) ; 2002 : B. Mégret (MNR), J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), O. Besancenot (LCR), R. Hue (PCF), D. Gluckstein (PT) ; 2007 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), O. Besancenot (LCR), M.-G. Buffet (Gauche populaire et antilibérale), G. Schivardi (PT) ; 2012 : M. Le Pen (FN), N. Dupont-Aignan (DLR), J.-L. Mélenchon (FdG), P. Poutou (NPA), N. Arthaud (LO), J. Cheminade (SP) ; 2017 :M. Le Pen(FN), N.Dupont-Aignan(DLF), F. Asselineau (UPR), J.-L. Mélenchon (LFI), P. Poutou (NPA), N. Arthaud (LO), J. Cheminade (SP).

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La protestation électorale vient de loin. Retour sur les élections présidentielles depuis 1965

Le vote populiste est en constante progression depuis 1965. Dans le prolongement de notre définition du vote populiste, les courbes ci-dessous représentent son évolution au premier tour des élections présidentielles de 1965 à 2017. Sur la période, le niveau du vote populiste varie selon que l’on intègre ou non le vote pour les candidats communistes. Lors des grandes heures du vote communiste, entre 1945 et 1981, on ne regardait généralement pas le PCF comme un parti populiste. De fait, par bien des aspects, ce parti répondait pourtant aux critères du populisme que nous proposons ici. Par d’autres aspects, il s’en éloignait, en particulier en considérant sa forte intégration au système français des élites politiques, syndicales, universitaires et médiatiques. Compte tenu de l’objectif de notre indicateur, il serait inapproprié d’ouvrir ici un tel débat.

Mais, dans notre reconstitution du vote populiste au premier tour des élections présidentielles de 1965 à 2017, nous avons choisi de présenter deux séries de données : l’une n’inclut pas le vote communiste, l’autre l’inclut. Nous n’avons pas pris en compte le vote en faveur de Pierre Juquin (2,10% des suffrages exprimés en 1988), candidat communiste dissident. Il importe enfin de noter que, de toute façon, à partir de 1988, le vote PCF décline rapidement, au profit d’un vote FN qui le supplante largement et systématiquement jusqu’en 2017. Le vote FN a d’ailleurs bénéficié d’importants transferts de l’électorat communiste.

Enfin, précisons que les résultats ont été calculés par rapport aux suffrages exprimés puis par rapport aux électeurs inscrits, ce qui permet d’intégrer ultérieurement sur un même plan l’abstention et le vote blanc, offrant la possibilité d’une évaluation globale de ce que nous nommons ici la « protestation électorale » et que nous définissons plus loin.

Candidatures retenues : 1965 : J.-L. Tixier-Vignancour (Comités Tixier-Vignancour) ; 1969 : J. Duclos (PCF), A. Krivine (LC) ; 1974 : J.-M. Le Pen (FN), B. Renouvin (NAR), A. Laguiller (LO), A. Krivine (FCR) ; 1981 : A. Laguiller (LO), G. Marchais (PCF) ; 1988 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), A. Lajoinie (PCF) ; 1995 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), R. Hue (PCF), J. Cheminade (SP) ; 2002 : B. Mégret (MNR), J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), O. Besancenot (LCR), R. Hue (PCF), D. Gluckstein (PT) ; 2007 : J.-M. Le Pen (FN), A. Laguiller (LO), O. Besancenot (LCR), M.-G. Buffet (Gauche populaire et antilibérale), G. Schivardi (PT) ; 2012 : M. Le Pen (FN), N. Dupont-Aignan (DLR), J.-L. Mélenchon (FdG), P. Poutou (NPA), N. Arthaud (LO), J. Cheminade (SP) ; 2017 :M. Le Pen(FN), N. Dupont-Aignan(DLF), F. Asselineau (UPR), J.-L. Mélenchon (LFI), P. Poutou (NPA), N. Arthaud (LO), J. Cheminade (SP).

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