Devrions-nous manger bio ?
Préface de Jean-Pierre Rennaud, Président du comité scientifique de Planet A
Vers la convergence de solutions vertueuses ?
Introduction
Qu’est-ce que l’agriculture biologique ? 2
Les valeurs nutritionnelles en bio et en conventionnel sont largement similaires
Les teneurs des principaux nutriments indispensables (protéines, lipides, minéraux, vitamines …) ne sont pas supérieures en bio
Certains aliments bio sont parfois un peu plus riches en antioxydants ou en acides gras polyinsaturés, mais sans effet sur la santé
Sur le plan sanitaire, on ne relève pas de bénéfices supplémentaires du bio par rapport au conventionnel
Constituants chimiques naturels à effet délétère
Contaminants chimiques et microbiens
Confusion entre association et causalité : les études épidémiologiques ne permettent pas de lier l’alimentation bio à une meilleure santé
Goût, consistance ou odeur : les études ne parviennent pas à déterminer une meilleure qualité organoleptique liée au mode de production
Les arguments du bio, au-delà de la qualité des aliments 56
Perspectives sur l’avenir du bio
Le tout-bio n’est pas possible pour toutes les productions
Le tout-bio n’est pas souhaitable pour la souveraineté alimentaire, ni pour nourrir la planète
Conclusion
Artiste sur la couverture
Résumé
S’appuyant sur les travaux de recherche et les faits ayant permis d’aboutir à un consensus scientifique international, cette étude déconstruit certains arguments sous-tendant la promotion de l’agriculture biologique. En termes nutritionnels, il est admis que la valeur des aliments bio est relativement similaire à celle des aliments conventionnels et que les quelques différences relevées demeurent négligeables au sein du régime alimentaire global. Au niveau sanitaire, si des traces quantifiables de résidus de pesticides sont beaucoup plus souvent détectées dans les fruits, légumes et céréales conventionnels, mais sans conséquences sur la santé, les produits bio végétaux – non protégés – ou animaux – élevés en plein air – présentent plus de risques de présence de constituants naturels toxiques ou de contaminations chimiques ou microbiennes.
La traduction médiatique de récentes études épidémiologiques liant une plus faible incidence de cancers à une alimentation bio confond souvent association et relation causale. Ces résultats ne traduisent pas un effet bénéfique des seuls aliments bio mais de la meilleure hygiène de vie et du comportement alimentaire des « mangeurs bio ». L’argument « nutrition santé », le plus souvent avancé, ne devrait donc plus être revendiqué.
Enfin, il convient de souligner qu’une expansion de l’agriculture bio au-delà de 15 % des surfaces cultivées n’est pas possible, notamment pour les grandes cultures, sans élevage de proximité pour fournir les engrais organiques indispensables. Une trop grande expansion, a fortiori le tout-bio, n’est pas non plus souhaitable pour pouvoir nourrir une population mondiale croissante : les rendements plus faibles nécessiteraient de plus grandes surfaces cultivées, non disponibles, et la hausse des prix associée rendrait les aliments plus difficilement accessibles au plus grand nombre.
Léon Guéguen,
Directeur de recherches honoraire de l’Inrae, ancien directeur du Laboratoire de nutrition et de sécurité alimentaire, membre émérite de l’Académie d’agriculture de France.
Quel avenir pour l'agriculture et l'alimentation bio ?
L'agriculture bio et l'environnement
Reconquérir la biodiversité, mais laquelle ?
Glyphosate, le bon grain et l'ivraie
L'Affaire Séralini l'impasse d'une science militante
Les biotechnologies en Chine : un état des lieux
OGM et produits d'édition du génome : enjeux réglementaires et géopolitiques
Des outils de modification du génome au service de la santé humaine et animale
Des plantes biotech au service de la santé du végétal et de l'environnement
La contestation animaliste radicale
Préface de Jean-Pierre Rennaud, Président du comité scientifique de Planet A
Vers la convergence de solutions vertueuses ?
Devrions-nous tous manger bio ? Nombreux sont les consommateurs et mouvements à considérer qu’une alimentation entièrement bio est une garantie de bonne santé, sinon la garantie. Leur engouement repose-t-il sur une solution avérée et unique ? L’alimentation bio est-elle véritablement meilleure pour la santé ? La dynamique de ce marché et ses filières, leur montée en gamme représentent-elles un avenir durable pour notre agriculture ?
Les éléments de réponse apportés à ces questions par Léon Guéguen dans cette note s’inscrivent dans le questionnement structurel actuel de notre société. Son analyse nous amène à nous interroger sur les qualités nutritionnelles, gustatives des produits bio et sur le modèle économique de l’agriculture bio. Elle développe une série d’arguments critiques des modèles, des techniques et des résultats agricoles proposés sous le label biologique. Elle pose en particulier la question de la durabilité du rapport nutrition/santé.
Au-delà des effets de mondialisation qui touchent désormais le bio, en déversant dans nos rayons des produits venus de grandes exploitations du bout du monde, étiquetés AB et dont les standards demeurent bien loin de nos propres exigences françaises ou européennes en vertu de la « reconnaissance mutuelle » et qui rognent la valeur des productions françaises, les réponses sont contrastées. Pour Léon Guéguen, « tous les pesticides, qu’ils soient naturels ou de synthèse, sont dangereux à forte dose pour la santé (et l’environnement), mais le risque sanitaire dépend de l’exposition au danger. Il faut donc éviter l’amalgame récurrent entre le risque réel provenant de fortes doses régulièrement inhalées par l’agriculteur mal protégé et le faible risque encouru par le consommateur exposé à d’éventuelles traces de résidus. […] Seules quelques molécules sont reconnues perturbateurs endocriniens avérés et leur contribution est relativement très faible par rapport à celle de très nombreux objets et matériaux de notre environnement ». Cette réflexion étayée met en perspective nos croyances, en soulevant des questions de santé, de société, d’économie et de modèle agricole.
Entre les partisans du tout bio et les défenseurs d’une agriculture conventionnelle utilisant des pesticides, il existe pour nous, au sein de Planet A, des voies complémentaires, de la convergence des différentes solutions vers la santé universelle, parmi lesquelles l’agroécologie. L’objectif de la pluralité des modes de production mis en oeuvre – conservation, régénération, agriculture biologique, rotation des cultures, agroforesterie, « Haute valeur environnementale » (HVE) … – est de réconcilier les impératifs de sécurité alimentaire et de protection de la biodiversité. Ces modes de production constituent des solutions aux enjeux actuels environnementaux et sociétaux, en permettant notamment d’augmenter la teneur en matière organique des sols, source de fertilité et de capacité de stockage du carbone. « Les pratiques agro-écologiques minimisent l’usage d’intrants externes et restaurent la santé des sols en misant sur les complémentarités agro-sylve-pastorales à l’échelle de la parcelle cultivée : elles remplacent l’usage des pesticides par le contrôle biologique et substituent des légumineuses aux engrais azotés », résumait le rapport du GIEC publié en août 2019.
La crise sanitaire mondiale sans précédent provoquée par le Covid-19 nous renvoie aux fondamentaux de notre organisation sociale, de nos modes de consommation et de nos modes de production. L’une des leçons de cette crise est qu’elle confirme la nécessité de faire converger les solutions vertueuses de l’agriculture vers le service de la santé universelle. Les liens et les interactions entre la santé de l’humain, la santé animale, la santé des sols et la santé des territoires sont plus que jamais devenus évidents.
Il s’agit désormais d’impliquer tous les acteurs de la chaîne (agriculteurs, scientifiques, consommateurs, fournisseurs d’intrants, entreprises de transformation, distributeurs…) afin d’explorer des pistes de solutions positives. La mise en oeuvre pratique de changements de modèles passe par une transition accompagnée dans le temps et par des moyens diversifiés appliqués par des femmes et des hommes qui ont fait le choix de transformer et de renouveler leur mode de culture, leur rapport à la terre et au vivant. Au-delà du tout bio.
Introduction
Agence Bio-Spirit Insight, « Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France », dossier de presse, février 2019, p. 10.
D’après une récente enquête sur la consommation et la perception des aliments bio en France, parmi les nombreuses raisons motivant le consommateur à acheter des aliments issus de l’agriculture biologique, la préservation de la santé arrive toujours largement en tête 1. Viennent ensuite le goût des aliments, la protection de l’environnement et de la biodiversité et, loin derrière, le bien-être animal et des considérations éthiques et sociales. Le principal frein invoqué est le prix, toujours bien plus élevé.
Le premier argument en faveur du bio est donc sa prétendue meilleure qualité nutritionnelle et sanitaire. Cet argument est-il justifié ? Contrairement à des considérations plus subjectives ou apparentées à des croyances, parfois quelque peu ésotériques, qu’il serait vain de contester, l’évaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments s’appuie sur des faits scientifiques basés sur l’analyse chimique ou bactériologique, et qui peuvent donc être vérifiés, plus rarement sur des études épidémiologiques, dont l’interprétation est souvent difficile. L’objectif de la présente étude n’est pas de dissuader le citoyen-consommateur d’acheter bio, puisque diverses raisons personnelles peuvent justifier sa demande, que le marché existe et que le producteur (et le distributeur) peut y trouver son compte, mais de faire le tri entre ces arguments et de lui fournir une information supplémentaire fiable, rationnelle, scientifiquement validée, afin de l’aider à choisir en connaissance de cause.
Après avoir rappelé les grands axes sur lesquels se fonde le cahier des charges de l’agriculture biologique, nous proposerons une évaluation qualitative des aliments bio en comparaison avec les aliments issus de l’agriculture conventionnelle sur les plans nutritionnel, sanitaire et organoleptique. Puis, au-delà de la qualité des aliments, nous passerons en revue quelques-uns des autres arguments des tenants du bio, avant d’analyser les perspectives sur le futur du bio.
Qu’est-ce que l’agriculture biologique ? 2
Voir également à ce sujet Léon Guéguen, « Aliments bio : le vrai et le faux », in Catherine Regnault-Roger (dir.), Idées reçues et agriculture. Parole à la science, Presses des Mines, 2018, chap. 6, p. 121-141
Sur les évolutions de l’agriculture biologique et du cahier des charges du bio en France, voir Gil Kressmann, Quel avenir pour l’agriculture et l’alimentation bio ?, Fondation pour l’innovation politique, mars 2021.
Les méthodes de production des aliments en agriculture biologique (AB) sont soumises à des cahiers des charges et diffèrent sur plusieurs points de celles utilisées en agriculture dite conventionnelle (AC). Avant l’agrément comme exploitation biologique, une période de conversion de deux ou trois années est exigée. Les produits obtenus peuvent alors être dénommés « issus de l’agriculture biologique » et bénéficier en France du logo AB ou du logo européen dit « eurofeuille ». Le règlement européen évolue vers un cahier des charges plus souple, notamment pour le lien au sol qui ne serait plus exigé, mais ce projet est contesté par les tenants les plus radicaux de l’agriculture biologique, qui le considèrent comme trop laxiste 3.
« Du côté des pouvoirs publics, il faut attendre 1980 pour que l’agriculture biologique – qui s’apparentait plutôt jusqu’alors à un courant de pensée, à un style de vie ou à une démarche syndicale, voire idéologique – devienne une démarche agricole reconnue officiellement par la législation française. Ainsi, la loi d’orientation agricole de 1980 reconnaît une agriculture « n’utilisant pas de produits chimiques de synthèse » et, en 1981, un décret a précisé les cahiers des charges correspondants. En 1991, un règlement européen est venu se substituer à la réglementation française en définissant des cahiers des charges pour les productions végétales d’abord, puis pour les productions animales. En 1985, la création du logo AB a marqué l’acte de naissance officiel du marché du bio *. » * Gil Kressmann, Quel avenir pour l’agriculture et l’alimentation bio ?, Fondation pour l’innovation politique, mars 2021, p.7. |
Pour les productions végétales, les différentes caractéristiques de l’agriculture biologique sont les suivantes :
- interdiction de tout produit chimique de synthèse (engrais, produits phytosanitaires) ainsi que des plantes génétiquement modifiées (PGM) ;
- utilisation d’engrais naturels minéraux ou organiques compostés ;
- encouragement pour les rotations des cultures et le recours à des espèces moins exigeantes en azote (les légumineuses par exemple) ;
- désherbage mécanique.
Le logo AB et le logo eurofeuille
Source : agriculture.gouv.fr.
Voir Gil Kressmann, op. cit., p. 19.
Bon nombre de ces principes sont aussi respectés en agriculture conventionnelle, particulièrement en agriculture dite raisonnée, intégrée, écologiquement intensive, à « Haute valeur environnementale » (HVE) ou agro-écologique, ainsi que pour les productions labellisées.
Dans la mesure où tout fertilisant doit être mis en solution avant son absorption par la racine et où les engrais les plus solubles sont de synthèse, la logique sous-tendant l’interdiction des engrais minéraux de synthèse sur leur seul caractère synthétique peut être contestée. Pourquoi interdire les nitrates de synthèse et autoriser les nitrates du Chili de même nature et aussi solubles parce qu’il s’agit de guano naturel ? De fait, le terme « naturel » ouvre les portes, par exemple, aux phosphates naturels broyés autorisés sans les transformations destinées à les purifier (fluor, cadmium…) et à les rendre plus assimilables, ou encore à la sylvinite, minerai potassique, au lieu du chlorure de potassium. De même, s’agissant des produits chimiques de synthèse, on peut s’interroger sur la pertinence d’une telle interdiction vis-à-vis de produits par ailleurs homologués après de longues études toxicologiques et bénéficiant d’autorisations de mise sur le marché (AMM), alors même qu’en parallèle sont autorisées, dans le même but, diverses substances dites naturelles dont l’innocuité n’a pas été démontrée et pour lesquelles une AMM n’est pas exigée.
Pour l’élevage des animaux, les différentes caractéristiques de l’agriculture biologique sont les suivantes :
- lien au sol privilégié pour l’alimentation, notamment pour le pâturage et les ressources fourragères de l’exploitation, et proscription de l’élevage intensif hors sol pour les monogastriques (ou non-ruminants) ;
- rations (alimentation) en majorité bio et interdiction des PGM ;
- encouragement du bien-être animal, notamment par un plus grand espace disponible et l’accès à un parcours extérieur ;
- traitements sanitaires faisant surtout appel à des méthodes alternatives et limitation du recours aux antibiotiques (autorisé si besoin) et à tous les traitements antiparasitaires.
Souvent, l’élevage bio diffère peu de l’élevage extensif au pâturage.
Par ailleurs, chaque étape, de la production à la commercialisation, doit être conforme au cahier des charges européen, et au moins un contrôle annuel est effectué par un organisme certificateur. Cependant, l’agriculture biologique est uniquement soumise à une obligation de moyens, pas de résultat. Aucune allégation ne devrait donc pouvoir être faite dans l’étiquetage ou la publicité suggérant à l’acheteur la garantie d’une qualité organoleptique (qui active les sens, l’odorat, le goût, la vue), nutritionnelle ou sanitaire supérieure. Il s’agit pourtant d’une des principales motivations d’achat du consommateur, notamment en France4. Dans d’autres pays européens, particulièrement dans les pays nordiques, l’agriculture biologique est surtout perçue comme un moyen de production respectueux de l’environnement mais ne revendique pas une quelconque vertu supplémentaire en matière de protection de la santé.
Les valeurs nutritionnelles en bio et en conventionnel sont largement similaires
Voir Agence Bio, art. cit.
Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), « Évaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique », juillet 2003.
Voir Léon Guéguen et Gérard Pascal, « Le point sur la valeur nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique », Cahiers de nutrition et de diététique, vol. 45, n° 3, juin 2010, p. 130-143.
Voir Bernard Le Buanec (dir.), Le tout bio est-il possible ? 90 clés pour comprendre l’agriculture biologique, Éditions Quæ, 2012, p. 240.
Voir, par exemple, Alan D. Dangour et al., « Nutritional quality of organic foods: a systematic review », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 90, n° 3, septembre 2009, p. 680-685, et Crystal Smith-Spangler et al., « Are organic foods safer or healthier than conventional alternatives? A systematic review », Annals of Internal Medicine, vol. 157, n° 5, septembre 2012, p. 348-366.
Voir Marcin Barański et al., « Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses », British Journal of Nutrition, vol. 112, n° 5, septembre 2014, p. 794-811, et Dominika Średnicka-Tober et al., « Higher PUFA and n-3 PUFA, conjugated linoleic acid, α-tocopherol and iron, but lower iodine and selenium concentrations in organic milk: a systematic literature review and meta-and redundancy analyses », British Journal of Nutrition, vol. 115, n° 6, mars 2016, p. 1043-1060.
Voir Parlement européen-STOA, « Human health implications of organic food and organic agriculture », décembre 2016, ainsi que Axel Mie et al., « Human health implications of organic food and organic agriculture: a comprehensive review », Environmental Health, vol. 16, n° 1, article 111, décembre 2017.
Les préoccupations concernant la qualité de la nutrition et la préservation de la santé sont les principales motivations d’achat d’aliments bio, devant la protection de l’environnement, les qualités organoleptiques ou encore devant des considérations moins rationnelles et d’ordre éthique comme la recherche du naturel et du socialement équitable ou le bien-être animal 5. La principale cause de rejet des aliments conventionnels est la peur du « chimique », les aliments bio étant considérés comme plus « naturels ». Si certaines caractéristiques peuvent être évaluées par l’acheteur (aspect, fraîcheur, texture, odeur, goût), d’autres, comme la valeur nutritionnelle et sanitaire, ne sont pas perceptibles et leur appréciation repose donc sur l’analyse chimique et microbienne pour leur composition ou sur des études épidémiologiques pour leurs effets éventuels sur la santé. De la lecture et de l’interprétation de ces revues naissent les controverses sur le bio, la vérité scientifique ayant du mal à s’imposer face aux déformations et caricatures souvent propagées par les médias avec des grands titres affirmatifs et souvent anxiogènes qui contribuent à la formation de l’opinion.
En 2003, un important rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa, aujourd’hui Anses) avait comparé des aliments provenant de l’agriculture biologique et de l’agriculture conventionnelle sur la base d’études publiées et respectant un minimum de critères d’inclusion dans ces études (notamment une période suffisante de conversion) 6. Ce rapport a été actualisé en 2010 avec une centaine de publications nouvelles dans une revue de synthèse 7 et un livre de l’Académie d’agriculture de France 8.
Depuis 2014, à l’étranger, plusieurs comparaisons systématiques entre aliments bio et conventionnels ont été publiées 9. Par ailleurs, deux grandes méta-analyses ont été entreprises avec le soutien financier de la Communauté européenne par dix-huit auteurs dans le but de vérifier (et de contester) les conclusions des publications précédentes, insuffisamment favorables aux aliments de l’agriculture biologique 10. Enfin, un récent rapport du Science and Technology Options Assessments (STOA) remis en décembre 2016 au Parlement européen par un groupe international de huit chercheurs experts en santé publique, nutrition et alimentation biologique, également publié sous une forme plus condensée, a exploité les données des méta-analyses précédentes 11.
Les principaux facteurs qui influent sur la composition chimique des plantes sont l’espèce, la variété, le stade de développement (la maturité pour les fruits), le cycle de végétation, la saison et le climat. Lorsque ces facteurs sont identiques, il n’y a pas de raison d’attendre des différences significatives entre modes de production. Pour les produits animaux, les principaux facteurs de variation sont l’espèce, la race, l’âge et le niveau d’engraissement et, dans le cas particulier des herbivores, la part de l’herbe ou des fourrages verts dans la ration.
Il est évident que l’on ne peut pas comparer le bio et le conventionnel si l’un de ces facteurs diffère. Par exemple, comparer un poulet « industriel » de 40 jours à un poulet bio de 80 jours n’a pas de sens, le degré d’engraissement étant très différent (il faudrait alors comparer avec un poulet labellisé de même âge et ayant eu accès à un parcours extérieur).
Les conclusions de toutes ces revues systématiques concordent et sont résumées ci-dessous, pour chacun des nutriments indispensables et des constituants indésirables.
Les teneurs des principaux nutriments indispensables (protéines, lipides, minéraux, vitamines …) ne sont pas supérieures en bio
« Such small changes are unlikely to represent any nutritional or health benefit » (cité in « Expert reaction to differences between organic and conventional milk and meat », sciencemediacentre.org, 16 février 2016).
Voir Marcin Barański et al., art. cit.
« Dairy products and meat account for only a minor proportion of dietary omega-3 intake in the human diet. Based on current knowledge, the calculated additional human omega-3 intake from organic animal products cannot be extrapolated to any specific health benefit » (Parlement européen-STOA, art. cit, p. 7).
Voir Alan D. Dangour et al., art. cit.
Voir Maja M. Jensen, Henry Jorgensen et Charlotte Lauridsen, « Comparison between conventional and organic agriculture in terms of nutritional quality of food – A critical review », CAB reviews, 2013, vol. 8, n° 045, février 2014, p. 1-13.
« From the perspective of nutritional guidelines, which are generally concerned with macronutrients, vitamins and minerals, there is no reason to prefer organic over conventional plant foods or vice versa » (Parlement européen-STOA, art. cit, p. 40).
Glucides et fibres
Aucune différence significative n’a été constatée entre des fruits comparables (mêmes variétés végétales et à stade de maturité équivalent) issus de l’agriculture biologique ou de l’agriculture conventionnelle, ou pour le lactose du lait.
Protéines
Comme c’est le cas pour les céréales en général, le blé bio est moins riche en protéines que le blé conventionnel, du fait d’un manque d’azote dû à l’interdiction des engrais azotés de synthèse. Cela est souvent un facteur limitant en boulangerie, le pouvoir panifiant étant plus faible. Ainsi, en agriculture biologique, le choix des variétés de blé panifiable est limité (la variété Renan est la plus connue). La teneur en protéines n’est pas modifiée dans les autres aliments, celle en caséine du lait dépendant principalement de la race.
Lipides
Les différences entre bio et conventionnel concernent surtout le lait, pas pour les teneurs en lipides totaux mais pour la nature des acides gras. Ainsi, il est admis que le lait bio est en moyenne plus riche en acides gras polyinsaturés (AGPI), dont le fameux AGPI oméga-3, ce qui serait bénéfique pour la santé. Cela résulterait d’une alimentation privilégiée de la vache à l’herbe ou aux fourrages verts, ce qui ne peut être pratiqué qu’une partie de l’année et n’est pas l’apanage de l’agriculture biologique. Des élevages conventionnels extensifs, notamment en zone de montagne, le font aussi. En outre, la teneur en AGPI du lait, de la viande et de l’oeuf peut aussi être augmentée par l’apport d’aliments comme la graine de lin ou des légumineuses (luzerne, trèfle…).
Quoi qu’il en soit, une augmentation, dans le cas le plus favorable, de 50 % de la teneur du lait en AGPI oméga-3, soit 40 mg par jour, contribuerait à 1,4% du besoin journalier d’un adulte. Cette évaluation est en parfait accord avec celle de Ian Givens, de l’université de Reading, qui a travaillé sur les données de la plus grande méta-analyse faite sur le sujet à ce jour et qui indique ainsi : « Il est peu probable que de si petits changements représentent un quelconque bénéfice pour la nutrition et la santé 12. »
Une modélisation dans le rapport du STOA précédemment cité, basée sur les mêmes données qu’une méta-analyse 13, ne démontre pas clairement l’augmentation des teneurs en AGPI oméga-3 dans la viande bio. Même dans le cas le plus favorable (hypothèse haute du scénario alimentaire tout-bio), l’impact nutritionnel maximum équivaut à moins de 7% du besoin en AGPI oméga-3 d’un adulte. Les auteurs concluent ainsi : « Les produits laitiers et la viande ne représentent qu’une part mineure de l’apport d’AG oméga-3 dans l’alimentation humaine. Il n’est pas possible à partir des connaissances actuelles de conclure à un effet bénéfique sur la santé spécifique à l’augmentation des apports en AG oméga-3 résultant d’une consommation de lait et de viande biologiques plutôt que conventionnelles 14. »
L’augmentation, souhaitable, de l’apport d’AGPI oméga-3 dans l’alimentation est bien plus efficace à travers la consommation de certaines huiles végétales (lin, colza) ou de poissons gras, qui conduit simultanément à une diminution de l’apport d’acides gras saturés.
Minéraux, oligoéléments, vitamines
Les tendances à des teneurs un peu plus élevées en vitamine C dans certains fruits bio et en magnésium et fer dans certains légumes bio observées dans un premier temps n’ont pas toutes été confirmées par les grandes revues systématiques internationales. Ces différences, faibles et incertaines, restent malgré tout souvent citées en faveur du bio. Seule une revue britannique note une teneur un peu plus élevée en phosphore dans les légumes bio, sans impact nutritionnel (l’apport de phosphore étant toujours excessif dans l’alimentation humaine) 15. Une grande étude expérimentale danoise menée sur plusieurs sites pendant deux années successives a montré que, à stade de maturité comparable (facteur de variation le plus important), l’influence de l’année, du lieu de culture et de la variété était beaucoup plus forte que celle du mode de production (agriculture biologique ou conventionnelle) 16.
Selon la conclusion du rapport européen du STOA : « Du point de vue des recommandations alimentaires qui portent en général sur les macronutriments, les vitamines et les minéraux, il n’y a pas de raison de préférer les aliments végétaux bio aux aliments conventionnels et vice versa 17. »
Si les teneurs en éléments minéraux majeurs et oligoéléments ne sont pas affectées par le mode d’élevage, le lait bio est en général plus pauvre en iode et en sélénium, deux oligoéléments indispensables systématiquement ajoutés dans le complément minéral aux rations en élevage intensif et dont l’intérêt nutritionnel est très important chez l’être humain.
Certains aliments bio sont parfois un peu plus riches en antioxydants ou en acides gras polyinsaturés, mais sans effet sur la santé
Les métabolites secondaires sont des composés chimiques synthétisés par la plante et qui, contrairement aux métabolites primaires, n’exercent pas de fonctions essentielles.
Voir Dominika Średnicka-Tober et al., art. cit.
Voir Léon Guéguen, « Les fruits et légumes bio ne sont pas meilleurs pour la santé », Science & Pseudo- Sciences, n° 314, octobre 2015, p. 49-55, et « Fruits et légumes bio : pas meilleurs pour la santé », La Revue de l’Académie d’agriculture, n° 7, octobre 2015, p. 22-26 (téléchargeable).
« It is important to bear in mind that in many cases the variation in the concentration of phenolic compounds is greater between different types and varieties of crops and between years, climates, soils etc. than between production systems » (Parlement européen-STOA, art. cit, p. 37).
L’ étude NutriNet-Santé est une étude de santé publique coordonnée par l’Equipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren – Inserm U1153/Inra U1125/Cnam/Université Paris 13) qui, grâce à l’engagement et à la fidélité de plus de 160 000 « nutrinautes » fait avancer la recherche sur les liens entre la nutrition (alimentation, activité physique, état nutritionnel) et la santé. Soutenue par le ministère des Solidarités et de la Santé, et plusieurs institutions publiques (Inserm, Inra, Cnam, université Paris 13, Santé publique France), cette grande étude épidémiologique répond à une problématique de santé publique (voir le site NutriNet Santé).
Voir Léon Guéguen, « Les fruits et légumes bio ne sont pas meilleurs pour la santé », art. cit.
« A slightly higher content of phenolic compounds in organic food does not constitute a strong basis for the inference of positive effects of organic compared to conventional plant products for human health » (Parlement européen-STOA, art. cit, p. 37).
Ce sont surtout certaines substances antioxydantes, notamment des polyphénols, qui seraient, selon la majorité des revues, plus abondants dans certains fruits bio. Cela n’est pas le cas d’une autre classe d’antioxydants, les caroténoïdes, dont les teneurs ne varient pas en fonction du mode de production. Les teneurs en lycopène (puissant antioxydant des pigments rouges de la tomate et de divers fruits rouges) sont même souvent plus fortes dans les tomates conventionnelles. Les plus fortes teneurs dans les végétaux non protégés par des produits phytosanitaires peuvent être expliquées par la réaction naturelle de défense de la plante qui synthétise ces métabolites secondaires 18 pour lutter contre ses agresseurs (insectes, champignons). Si des différences importantes (50 à 70%) ont pu être observées pour des polyphénols particuliers (certains flavonoïdes), l’écart moyen entre agriculture biologique et agriculture conventionnelle pour les polyphénols totaux ne dépasse pas 20%. L’activité antioxydante globale mesurée par trois méthodes ne serait en moyenne que de 17% supérieure pour les fruits bio, mais similaire pour les légumes (comprenant pourtant la tomate) 19, constat en accord avec nos conclusions 20 et avec celles de la plupart des autres revues (10 à 15%). Cependant, comme le conclut le rapport du STOA : « Il est important de savoir que dans la plupart des cas la variation des concentrations en composés phénoliques est plus grande entre espèces et variétés végétales et entre années, climats, sols, etc., qu’entre systèmes de production 21. »
Quoi qu’il en soit, plusieurs études récentes ont montré que ce léger avantage au niveau de l’aliment ne se traduit pas, après absorption intestinale, par un bénéfice sur le pouvoir antioxydant mesuré dans le sang. Aucune n’a permis de mettre en évidence un quelconque effet bénéfique de la consommation d’aliments bio sur plusieurs marqueurs biologiques de santé. Cela peut s’expliquer par la faible contribution relative des fruits et légumes à l’apport total de polyphénols. En effet, la grande étude française NutriNet a montré que l’activité antioxydante du régime alimentaire est attribuable pour environ la moitié aux polyphénols et que ces polyphénols sont surtout apportés en France par le café et le thé (70%), le chocolat (10%) et le vin rouge (7%), la part revenant aux fruits (6,7%) et aux légumes (0,7%) ne dépassant donc pas 10% 22. On peut ainsi en déduire que la contribution à l’effet antioxydant global d’un apport supérieur de 20% en polyphénols par des fruits bio serait inférieure à 1% 23. Il n’est donc pas surprenant que les marqueurs sanguins restent muets dans les comparaisons du statut antioxydant entre agriculture biologique et agriculture conventionnelle. Cela ne remet bien évidemment pas en cause la recommandation de consommer des fruits et des légumes (bio ou pas) dont les effets bénéfiques, attribuables à bien d’autres facteurs, sont unanimement reconnus. Pour reprendre à nouveau les conclusions du rapport du STOA : « Une teneur légèrement plus élevée en composés phénoliques dans des aliments bio ne constitue pas une base solide pour alléguer des effets positifs sur la santé humaine des produits végétaux bio par rapport aux produits conventionnels 24. »
Sur le plan sanitaire, on ne relève pas de bénéfices supplémentaires du bio par rapport au conventionnel
Constituants chimiques naturels à effet délétère
Voir, par exemple, Douglas L. Archer, « Evidence that ingested nitrate and nitrite are beneficial to health », Journal of Food Protection, vol. 65, n° 5, mai 2002, p. 872-875 ; Martinjn B. Katan, « Nitrate in foods: harmful or healthy? », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 90, n° 1, juillet 2009, p. 11-12 ; Norman G. Hord, Yaoping Tang et Nathan Bryan, « Food sources of nitrates and nitrites: the physiological context for potential health benefits », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 90, n° 1, juillet 2009, p. 1-10 ; Nathan S. Bryan et John L. Ivy, « Inorganic nitrite and nitrate: evidence to support consideration as dietary nutrients », Nutrition Research, vol. 35, n° 8, août 2015, p. 643-654 ; Jon O. Lundberg, Mattias Carlström et Eddie Weitzberg, « Metabolic effects of dietary nitrate in health and disease », Cell Metabolism, vol. 28, n° 3, juillet 2018, p. 9-22.
Jean-Louis L’Hirondel, « Le métabolisme des nitrates et des nitrites chez l’homme », Cahier de nutrition et de diététique, vol. 28, 1993, p. 341-349.
Cité in Bernard Le Buanec, op. cit., p. 184.
Voir Académie d’agriculture de France, « Rapport du groupe de travail “Impacts sur les cancers colorectaux de l’apport d’additifs nitrés (nitrates, nitrites, sel nitrité) dans les charcuteries” », novembre 2020.
Voir Douglas L. Archer, art. cit. ; Martinjn B. Katan, art. cit. ; Norman G. Hord, Yaoping Tang et Nathan Bryan, art. cit.
a) Des teneurs en nitrates plus faibles en bio, sans effet sur la santé
Les nitrates sont encore souvent classés, à tort, comme contaminants chimiques alors que de nombreuses études conduisent à les considérer comme des nutriments 25. Comme pour les protéines dans le cas des céréales, l’application d’engrais azotés solubles augmente la teneur en nitrates de certains légumes. Cependant, cette augmentation n’est pas propre au mode de culture conventionnel car certains engrais organiques très utilisés en agriculture biologique (comme le guano, la farine de sang ou les farines animales) apportent aussi de l’azote rapidement assimilable. La teneur en nitrates dépend surtout de la saison, notamment de l’ensoleillement, et les différences s’estompent en culture sous serre et en hiver. Peu d’études rigoureuses récentes ont porté sur les facteurs de variation de la teneur en nitrates des légumes. Elles confirment cependant des teneurs plus faibles en agriculture biologique pour la laitue, le cresson, la pomme de terre et, surtout, l’épinard, la différence pouvant atteindre 75% dans le cas de ce légume accumulateur de nitrates.
Les nitrates ne sont pas toxiques et les seuls risques qu’ils présentent résultent de leur réduction en nitrites (conversion en nitrites dans le tube digestif), surtout chez les nourrissons (cas maintenant rarissimes de méthémoglobinémie, ou syndrome du bébé bleu, dus à une mauvaise fixation de l’oxygène et survenant dans de mauvaises conditions d’hygiène du biberon) et de la formation de nitrosamines cancérigènes dans le tube digestif (peu probable, surtout en présence de vitamine C simultanément apportée par les fruits et légumes). De nombreux arguments de remise en cause de la toxicité des nitrates ont été fournis par Jean L’Hirondel dès 1993 26 et ont été confirmés par des études et revues ultérieures. Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), la dose journalière admissible (DJA), qui doit être au moins cent fois plus faible que la plus forte dose sans effet (DSE) établie chez l’animal, ne serait dépassée que pour des consommations excessives et peu probables de légumes riches en nitrates (roquette, laitue, épinard) et « l’effet carcinogène des nitrates des légumes n’a jamais été démontré et ne devrait pas être mis en avant pour contrecarrer leur consommation 27 ». La cancérogénicité des nitrites ajoutés à la charcuterie (dans le but de prévenir le botulisme), objet d’une vive controverse actuellement 28, résultant notamment d’une proposition de loi visant à les interdire, n’a pas été démontrée chez l’être humain. De plus, cet apport est négligeable par rapport à celui des nitrites endogènes résultant de la réduction des nitrates des légumes et de l’eau qui ne sont pourtant pas mis en cause.
Il serait d’ailleurs paradoxal de vanter les vertus des légumes pour la santé et de suspecter la toxicité des nitrates que presque tous contiennent. Au contraire, de nombreux travaux publiés depuis une décennie mettent l’accent sur les effets bénéfiques des nitrates sur la santé 29. Non seulement ils exercent un effet bactériostatique, bactéricide, antiacide et immunoprotecteur dans la sphère oro-gastro-intestinale, mais ils interviennent aussi favorablement dans la prévention de l’hypertension artérielle et des troubles cardiovasculaires. Ces fonctions physiologiques auraient comme étape intermédiaire la formation d’oxyde nitrique et son effet vasodilatateur. Le jus de betterave rouge, riche en nitrates, semblerait même connaître un certain succès comme « dopant » naturel dans les sports d’endurance. Des apports suffisants de nitrates d’origine végétale seraient donc utiles.
Voir Sibylle Aoudjhane, « “L’herbe du diable” retrouvée dans de la farine de sarrasin bio », bfmtv.com, 4 novembre 2019.
Voir Patricia A. Murphy, Suzanne Hendrich, Cindy Landgren et Cory M. Bryant, « Food mycotoxins: an update », Journal of Food Science, vol. 71, n° 5, juin-juillet 2006, p. R51-R65 ; Agnès Champeil, Thierry Doré et Jean-François Fourbet, « Fusarium head blight: epidemiological origin of the effects of cultural practices on head blight attacks and the production of mycotoxins by Fusarium in wheat grains », Plant Science, vol. 166, n° 6, juin 2004, p. 1389-1415.
Voir Hélène Parisot, « Des lots de farine bio retirés du marché », lafranceagricole.fr, 23 mai 2018.
Voir Laurent Folcher et al., « Lower mycotoxin levels in Bt maize grain », Agronomy for Sustainable Development, vol. 30, n° 4, décembre 2010, p. 711-719.
Annick Barre et al., « Concentration des LTP dans la peau et la pulpe des fruits », Revue française d’allergologie, vol. 49, n° 3, avril 2019, p. 169.
b) Le bio plus exposé à certaines toxines potentiellement nocives
Les plantes pas ou mal protégées par des produits phytosanitaires contre des attaques d’insectes, de champignons ou de parasites divers ont des réactions d’autodéfense conduisant à la formation de centaines de métabolites secondaires, qui sont des composés chimiques à action insecticide ou fongicide dont l’effet sanitaire sur l’être humain est mal connu. Certains de ces métabolites toxiques sont bien connus (alcaloïdes comme la solanine de la pomme de terre et de la tomate, furanocoumarines dits psoralènes, composés aromatiques photosensibles du céleri), mais d’autres n’ont pas été étudiés, voire même identifiés. Des lots de farine de sarrasin bio ont aussi été retirés du marché à la suite d’une forte présence de graines de datura contenant des alcaloïdes toxiques (atropine, scopolamine) 30.
Les toxines naturelles les plus préoccupantes sont les mycotoxines produites par des moisissures. Les plus connues sont l’ergot du seigle, produit par Claviceps purpurea, et l’aflatoxine de l’arachide. En effet, si les végétaux bio semblent les plus exposés par absence de traitement fongicide efficace, la plupart des études portant sur des céréales en agriculture biologique ou agriculture conventionnelle montrent qu’il est difficile de conclure en raison de différences de conditions expérimentales et compte tenu de nombreux autres facteurs comme l’année, le climat ou la région de culture, dont l’influence est plus importante que celle du mode de culture 31. Le blé bio aurait tendance à être plus contaminé en ochratoxine A (OTA), produite par Penicillium et Aspergillus, et le blé conventionnel en déoxynivalenol (DON) produit par Fusarium.
Des cas de fortes contaminations en OTA de farines complètes de blé bio ont été observés en Italie et des lots ont récemment été retirés du marché en France 32. Mais l’influence de l’année et de la région est primordiale par rapport au type de pratiques culturales. À noter que le maïs génétiquement modifié protégé contre les attaques de pyrales et de sésames est moins sujet à des contaminations par les mycotoxines qui sont favorisées par les lésions provoquées par les insectes ou leurs larves 33.
Les protéines de transport des lipides (LPT) des Rosacées (Prunoïdées : pommes, prunes, poires, abricots, cerises…) sont des protéines de défense responsables d’allergies sévères chez l’enfant comme chez l’adulte. Dans une étude récente, il a été montré que leur présence est plus importante dans la peau de variétés de pommes et de prunes bio que dans celle des mêmes variétés conventionnelles et les auteurs concluaient que « la consommation de fruits “bio” (de prunes en particulier) n’est pas à conseiller aux personnes allergiques 34 ».
Contaminants chimiques et microbiens
À ce sujet, voir Gil Kressmann, op. cit.
Voir Marcin Barański et al., art. cit.
Voir Paula Medina-Pastor et Giuseppe Triacchini, « The 2018 European Union report on pesticide residues in food », EFSA, 24 février 2020 ; Gauld Dervilly-Pinel et al., « Micropollutants and chemical residues in organic and conventional meat », Food Chemistry, vol. 232, 1er octobre 2017, p. 218-228.
Voir « Trois questions sur le fipronil, l’insecticide au coeur de l’affaire des oeufs contaminés », franceinfo.fr, 11 août 2017.
La limite maximale de résidus (LMR) est calculée pour chaque produit végétal cultivé conformément à la réglementation pour que la dose journalière admissible (DJA) ne soit pas dépassée, la DJA étant elle-même au moins cent fois plus faible que la dose sans effet (DSE) observée chez l’animal. Des effets synergiques entre molécules (effet cocktail) peuvent exister, mais aussi des effets antagonistes.
Voir Catherine Regnault-Roger, Des plantes biotech au service de la santé du végétal et de l’environnement et Des outils de modification du génome au service de la santé humaine et animale, Fondation pour l’innovation politique, janvier 2020.
Voir « Résidus de pesticides dans les aliments : le risque pour les consommateurs reste faible »,
efsa.europa.eu, 26 octobre 2016.
a) Des résidus de pesticides parfois aussi présents dans les aliments bio, mais en plus faible dose
Ces résidus sont la principale cause des craintes exprimées par les consommateurs de fruits, légumes et céréales conventionnels et le premier argument santé mis en avant par l’agriculture biologique 35.
Les produits phytosanitaires de synthèse étant interdits en agriculture biologique, il est logique de trouver en plus faible quantité et moins souvent des résidus dans les produits végétaux bio. Cependant, les enquêtes montrent que les aliments bio ne sont pas à l’abri de contaminations, accidentelles ou frauduleuses. Le pourcentage de produits « positifs » (traces détectées) est de 46% pour les produits de l’agriculture conventionnelle (surtout pour les fruits) mais aussi de 11% pour les produits issus de l’agriculture biologique 36. Même des produits animaux comme l’oeuf ne sont pas à l’abri de contaminations accidentelles ou frauduleuses par des pesticides, comme l’a montré la récente affaire, fortement reprise dans les médias mais loin d’être une crise sanitaire, des oeufs de poules bio traitées par un antiparasitaire contenant du fipronil interdit. D’autres antiparasitaires étant autorisés en agriculture biologique, les oeufs bio y ont également été exposés.
Il faut aussi mentionner que la dernière grande enquête de l’Efsa, portant sur plus de 80.000 échantillons de fruits et légumes 37, constate que 58% des produits (conventionnels ou bio) ne présentent pas de traces décelables 38 de résidus de pesticides de synthèse et que dans 98,6% des échantillons, la limite maximale réglementaire en résidus (LMR) n’est pas dépassée 39. Les dépassements de LMR sont surtout constatés sur des produits importés de pays ayant une réglementation plus souple. En France, seuls 13,8% des produits bio contiennent des résidus quantifiables de pesticides de synthèse, mais 1,4% seulement dépassent les LMR. Ces résultats sont en bon accord avec ceux relevés en France par la Direction générale de l’alimentation (DGAL). De plus, sachant que les analyses portent sur les produits bruts entiers (par exemple avec la peau pour les bananes et les oranges), il est évident que la partie consommable, surtout après lavage et/ou épluchage, ne contient en général que des traces indétectables (par les méthodes modernes d’analyse) de molécules indésirables.
Il faut souligner que les enquêtes sur les résidus de pesticides ne visent que les substances de synthèse et jamais les pesticides « naturels » autorisés en agriculture biologique, comme le cuivre et plusieurs molécules dont l’innocuité n’est pas garantie à forte dose (roténone maintenant interdite, azadirachtine de l’huile de Neem, synergistes des pyréthrines, spinosad…). Les résidus de pesticides « naturels » autorisés en agriculture biologique ne sont jamais recherchés alors qu’ils ne sont pas tous inoffensifs.
Tous les pesticides, qu’ils soient naturels ou de synthèse, sont dangereux à forte dose pour la santé (et l’environnement), mais le risque sanitaire dépend de l’exposition au danger. Il faut donc éviter l’amalgame récurrent entre le risque réel provenant de fortes doses régulièrement inhalées par les agriculteurs mal protégés et le faible risque encouru par le consommateur exposé à d’éventuelles traces de résidus. Dans le débat sur les perturbateurs endocriniens, dont de faibles doses pourraient exercer un effet, les pesticides sont systématiquement stigmatisés 40. Pourtant, seules quelques molécules sont reconnues perturbateurs endocriniens avérés et leur contribution est très faible par rapport à celle de très nombreux objets et matériaux de notre environnement.
Selon les conclusions d’un rapport de l’Efsa de 2016, dans l’état actuel des connaissances, l’exposition alimentaire actuelle aux pesticides à court ou long terme a peu de chances de poser un risque de santé pour les consommateurs en Europe 41.
Voir Marcin Barański et al., art. cit.
Voir « Résidus de pesticides dans les aliments… » , art. cit.
Voir Gauld Dervilly-Pinel et al., art. cit.
Le Monde-AFP, « Le bilan de la bactérie E. coli s’alourdit à 35 morts », lemonde.fr, 12 juin 2011.
b) Le cadmium plus présent dans les céréales dites conventionnelles mais le cuivre plus abondant dans les végétaux bio
Les teneurs en cadmium peuvent être préoccupantes car son apport par l’alimentation n’est pas très inférieur à la dose hebdomadaire tolérable (DHT) abaissée en 2009 par l’Afssa à 2,5 microgrammes par kg de poids corporel par semaine. Les phosphates bruts non traités autorisés en agriculture biologique étant une source importante de cadmium, il serait logique que le risque de contamination du blé bio soit le plus élevé, mais en cas d’absence de fertilisation phosphatée en agriculture biologique, c’est le blé conventionnel qui présenterait des teneurs plus hautes 42. Cependant, le principal vecteur de cadmium est le tabac, puis vient l’alimentation, avec surtout les produits de la mer, dont les mollusques et les algues, les champignons, le chocolat, puis les céréales, les légumes, les racines et tubercules. Selon l’Efsa, une éventuelle plus forte teneur en cadmium des céréales ne conduit pas en Europe à un risque aggravé de toxicité 43.
De fortes teneurs en cuivre peuvent résulter de traitements trop fréquents et tardifs en agriculture biologique au sulfate de cuivre sur les pommes de terre, les tomates et la vigne. De fortes contaminations du riz bio par l’arsenic ont aussi été observées en absence de fertilisation phosphatée, la carence en phosphore favorisant l’absorption par la plante de l’arsenic du sol.
c) Les polluants organiques n’épargnent aucune culture
D’autres substances chimiques peuvent être préoccupantes, comme les dioxines et les PCB (polychlorobiphényles, perturbateurs endocriniens et cancérigènes) dont la plupart sont d’origine industrielle et surtout présents dans les produits animaux. La principale source de pollution est atmosphérique pour toutes les productions de plein air. Cela peut concerner des rejets industriels de dioxines ou d’autres substances, éventuellement radioactives, provenant de retombées après de grands accidents. Le lait et la viande d’animaux au pâturage sont ainsi susceptibles d’être contaminés en raison de l’ingestion de terre potentiellement polluée. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il en est de même pour les oeufs de poules élevées en plein air par rapport à ceux provenant d’élevage en cages. Une récente enquête sur les échantillons du marché a révélé que le saumon bio était le plus contaminé par l’arsenic, le mercure, les dioxines, les PCB et même par des résidus de pesticides, l’explication tenant à son alimentation majoritairement à base de poisson.
Dans le cas de la viande, une très grande étude collective réalisée par plusieurs organismes de recherche et soutenue par l’Agence nationale pour la recherche a comparé les teneurs en résidus chimiques de 266 échantillons de viande bovine, porcine et de poulet – bio ou conventionnel 44. Les analyses faites par le laboratoire de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ont porté sur 250 substances : dioxines-furanes, PCB, mycotoxines, métaux lourds, antibiotiques, coccidiostatiques et pesticides. Aucun résidu de ces derniers trois groupes de produits de traitement n’a été détecté. En revanche, les teneurs en dioxines, PCB, cadmium, plomb et arsenic sont significativement plus élevées dans la viande bio, sans pour autant dépasser les limites réglementaires. Ces différences pourraient résulter d’un plus grand contact avec un environnement pollué, notamment le sol, et d’un abattage à un âge plus avancé en agriculture biologique et donc une teneur plus élevée en lipides qui retiennent les polluants.
d) La vigilance doit être renforcée pour les contaminants bactériens, viraux et parasitaires en ce qui concerne le bio
L’utilisation de fumier mal composté pourrait augmenter le risque de contamination des cultures maraîchères par des bactéries telles que Escherichia coli. Cependant, si des retraits de vente sont parfois observés, aucune crise de grande ampleur n’a été enregistrée depuis l’affaire allemande des graines germées bio en 2011 qui ont provoqué 35 décès et près de 4.000 intoxications par une souche très pathogène d’E. coli 45.
Le mode d’élevage (agriculture biologique ou conventionnelle) n’a pas d’effet sur la contamination des fèces de porc par les Salmonella alors que celle des fèces de poulet par Campylobacter est plus élevée en agriculture biologique. Il faut noter que, à l’exception de Campylobacter chez le poulet, la résistance aux antibiotiques de ces bactéries est plus faible en agriculture biologique qu’en agriculture conventionnelle. Cette plus faible résistance aux antibiotiques a été confirmée chez les poules pondeuses et leurs oeufs pour plusieurs bactéries (Campylobacter, Salmonella, E. coli, Listeria, Enterococcus). Il y aurait donc une légère tendance à une prévalence plus forte de contamination microbienne des produits bio, mais les bactéries concernées présenteraient une moindre résistance aux antibiotiques.
Confusion entre association et causalité : les études épidémiologiques ne permettent pas de lier l’alimentation bio à une meilleure santé
Voir Kathryn E. Bradbury, « Organic food consumption and the incidence of cancer in a large prospective study of women in the United Kingdom », British Journal of Cancer, vol. 110, n° 9, mars 2014, p. 2321-2326.
Voir Julia Baudry et al., « Association between organic food consumption and metabolic syndrome: Cross-sectional results from the NutriNet-Santé study », European Journal of Nutrition, vol. 57, n° 7, octobre 2018, p. 2477-2488.
Voir Emmanuelle Kesse-Guyot et al., « Prospective association between consumption frequency of organic food and body weight change, risk of overweight or obesity: results from the NutriNet-Santé Study », British Journal of Nutrition, vol. 117, n° 2, janvier 2017, p. 325-334.
Julia Baudry et al., « Association of frequency of organic food consumption with cancer risk in the NutriNet-Santé prospective cohort », JAMA Internal Medicine, vol. 178, n° 12, décembre 2018, p. 1597-1606.
Voir Léon Guéguen et Gérard Pascal, « Non, il n’est pas établi que les aliments bio protègent du cancer », Académie d’agriculture de France, 31 octobre 2018 ; Gedeon Meyerowitz-Katz, « Don’t believe the hype, organic food doesn’t prevent cancer », theguardian.com, 26 octobre 2018 ; Elena C. Hemler, Jorge Chavarro et Frank B. Hu, « Organic foods for cancer prevention-Worth the Investment? », JAMA Internal Medicine, vol. 178, n° 12, décembre 2018, p. 1606-1607 ; Charles-Élie Guzman, « Peut-on vraiment affirmer que le bio réduit de 25 % les risques de cancer ? », up-magazine.info, 24 octobre 2018 ; Jayson Lusk, « Organic food consumption and cancer », jaysonlusk.com, 24 octobre 2018.
Les études épidémiologiques d’observation portant sur de grandes cohortes de consommateurs recevant à long terme une alimentation bio ou conventionnelle sont rares. Cela tient d’abord au fait qu’il est difficile de recruter des participants consommant régulièrement une part significative d’aliments certifiés bio (qui représentent moins de 5% des aliments disponibles) et qu’un régime totalement bio est exceptionnel.
La plus grande étude prospective a été publiée en 2014 et menée pendant neuf ans sur plus de 600.000 femmes âgées de plus de 50 ans par des épidémiologistes de l’université d’Oxford 46. Elle a montré que la consommation d’aliments bio n’avait pas d’influence sur l’incidence des cancers communs, à l’exception possible du lymphome non hodgkinien. Cela devrait, à cet égard, disculper les traces de résidus de pesticides de synthèse que l’on peut éventuellement trouver dans les produits issus de l’agriculture conventionnelle, puisqu’une alimentation bio sans pesticides de synthèse ne fait ainsi pas mieux qu’une alimentation conventionnelle qui en contient des traces.
La grande étude prospective française NutriNet-Santé, dont il a déjà été question, comprend un volet BioNutriNet portant sur des cohortes de 60.000 à 70.000 adultes volontaires, dont 78% de femmes, suivis depuis 2009 et répondant périodiquement à un questionnaire sur leur alimentation. Cette étude a d’abord observé que la fréquence du surpoids et de l’obésité 47, puis du syndrome métabolique et du diabète, était plus faible chez les forts consommateurs bio 48. Cependant, comme les auteurs de l’étude le reconnaissent, il s’agit d’associations et non pas de relations de cause à effet. De nombreuses causes de biais et de facteurs de confusion, partiellement pris en compte dans l’interprétation des résultats, interviennent dans cette étude : d’une part, la part d’aliments bio dans le régime, évaluée par questionnaire, est imprécise et nettement surévaluée, et, d’autre part, il est bien connu que les mangeurs bio sont plus attentifs à l’équilibre de leur régime alimentaire et, de façon plus générale, à leur hygiène de vie (tabac, alcool, exercice physique…).
L’étude la plus médiatisée concernait l’association entre alimentation bio et cancer 49. Ses conclusions ont été traduites dans les médias par des titres du type « manger bio diminue de 25% le risque de cancer ». Cette étude a fait l’objet de très nombreuses réactions critiques 50 car, malgré les précautions objectivement prises par les auteurs de l’article, ce prétendu effet bénéfique a été repris sans nuances par les médias et a marqué l’opinion. L’étude a comparé les 20% de la cohorte ne consommant jamais de bio aux 20% pour qui plus de la moitié de l’alimentation était bio. En fait, cette association a uniquement été observée chez les femmes et seulement pour le cancer du sein post-ménopausique et certains lymphomes. Selon les auteurs, une explication pourrait être la moindre ingestion de résidus de pesticides de synthèse par les consommateurs bio. La très faible contribution des résidus de pesticides dans les fruits et légumes conventionnels, non quantifiée dans l’étude, ne soutient certainement pas une telle hypothèse. De plus, quand l’interprétation statistique ne prend en compte que la consommation de produits végétaux – les seuls qui peuvent contenir des résidus de pesticides –, l’association observée n’est plus significative pour le cancer du sein.
Voir Philippe Stoop, « Santé et alimentation : attention aux faux-semblants statistiques », Notes académiques de l’Académie d’agriculture de France.
Citée in Loïc Chauveau, « Manger bio est lié à une attitude de vie plus saine », sciencesetavenir.fr, 27 avril 2019 (en accès réservé).
Voir Générations futures, « Les aliments issus de l’agriculture biologique sont-ils bons pour la santé ? », janvier 2021.
Voir Marcel Kuntz, Glyphosate, le bon grain et l’ivraie, Fondation pour l’innovation politique, novembre 2020.
L’interprétation statistique des données issues de NutriNet-Santé a été sévèrement critiquée et les conclusions des études ainsi vivement contestées 51. Outre les failles de la méthodologie statistique, la mauvaise évaluation de la part du bio dans le régime ne permet pas d’imputer les éventuelles associations observées aux différences entre aliments bio et conventionnels mais au comportement du « mangeur bio », plus vigilant sur son hygiène de vie et l’équilibre de son régime alimentaire, avec notamment moins de viande et plus de fruits et légumes. Les associations relevées concernent donc l’effet du mode de vie et du comportement alimentaire des « mangeurs bio » et non pas l’effet favorable des seuls aliments bio. Il s’agirait alors d’éventuels effets bénéfiques sur la santé d’un régime « flexitarien » (moins de viande et plus de végétaux). Cela est objectivement et clairement admis par Emmanuelle Kesse-Guyot, coauteure de l’article : « Le principal enseignement, c’est que passer au bio sans diminuer la part de la viande dans sa consommation ne sert à rien, ni pour la santé, ni pour l’environnement 52. »
Toutes ces réserves formulées sur les conclusions de cette étude épidémiologique et, surtout, sur leur traduction médiatique sont le plus souvent ignorées ou volontairement occultées, par exemple par l’association Générations futures qui vient de publier un supposé « fact checking » sur les déclarations de deux journalistes scientifiques relatant l’absence d’effet d’une alimentation bio sur la santé 53. Or cette vérification des faits se base essentiellement sur les publications de NutriNet-Santé et sur une récente revue systématique australienne des études épidémiologiques portant sur les relations entre alimentation bio et santé, qui conclut par ailleurs à une insuffisance de preuves d’un effet bénéfique d’une alimentation bio sur la santé et à la nécessité de procéder à des études cliniques de longue durée. De nombreuses études prises en compte dans cette revue portent sur le dosage de résidus de pesticides dans l’urine et sur la signification discutable de ces mesures en termes de santé. Cette question pourrait aussi être posée sur la signification et l’intérêt des tests urinaires de glyphosate que d’aucuns pratiquent actuellement 54.
Dans le cas particulier des fruits et légumes bio, les arguments avancés par certains organismes ou associations pro-bio, notamment sur le prétendu effet bénéfique de la plus forte teneur en antioxydants ou de la moindre présence de résidus de pesticides de synthèse, ne sont donc pas valables et n’ont pas de fondement scientifique.
Goût, consistance ou odeur : les études ne parviennent pas à déterminer une meilleure qualité organoleptique liée au mode de production
Voir Wan-chen Jenny, Mitsuru Shimizu, Kevin M. Kniffin et Brian Wansink, « You taste what you see: Do organic labels bias taste perceptions? », Food Quality and Preference, vol. 29, n° 1, juillet 2013, p. 33-39 (www.ask-force.org/web/Organic/Lee-You-Taste-What-You-See-2013.pdf).
Les motivations d’achat des aliments bio sont nombreuses, même si l’on admet l’absence de supériorité pour la nutrition et la santé. Il ne peut s’agir de garantie concernant le produit car, contrairement à des signes comme le label rouge, l’agriculture biologique n’a pas une obligation de résultat mais seulement de moyens. L’appellation « AB » ne confère donc pas aux aliments une qualité gustative supérieure et les contrôles réglementaires ne comportent pas d’analyses sensorielles. Les rares études qui ont tenté de comparer les deux modes de production sur des critères spécifiques comme le taux de sucres, l’acidité, la fermeté, ont été peu convaincantes tant les facteurs influant sur ces qualités sont nombreux et indépendants du mode de production. En effet, les principaux facteurs de qualité gustative sont, comme pour la composition chimique, la variété végétale ou la race animale, la vitesse de croissance, le stade de maturité et la fraîcheur des légumes ou des fruits, l’âge et le degré d’adiposité des animaux. Il n’y a donc pas de raison propre au mode de production bio pour que les fruits, légumes, viandes, lait, oeufs et vins soient mieux appréciés chez les consommateurs, sauf pour la charge symbolique et des arguments, pourtant infondés, qui orientent le choix et inconsciemment le goût. Dans un test de dégustation en aveugle, des tomates conventionnelles de variétés nouvelles cultivées sous serre ont même été préférées à des variétés anciennes bio. Un autre test américain a mis en évidence un « effet halo » qui conduit les dégustateurs à préférer les aliments portant la mention « organic » alors que tous les aliments présentés étaient les mêmes 55.
Les arguments du bio, au-delà de la qualité des aliments 56
Voir Bernard Le Buanec, L’agriculture bio et l’environnement, Fondation pour l’innovation politique, mars 2021 (à paraître).
Voir Michael Clark et David Tilman, « Comparative analysis of environmental impacts of agricultural production systems, agricultural input efficiency, and food choice », Environmental Research Letters, vol. 12, n° 6, article 064016, juin 2017.
Voir Julia Baudry et al., « Improvement of diet sustainability with increased level of organic food in the diet: findings from the BioNutriNet cohort », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 109, n° 4, avril 2019, p. 1173-1188.
Voir Bernard Le Buanec, Agriculture biologique…, op. cit.
Voir Gil Kressmann, op. cit.
Les « externalités positives » de l’agriculture biologique en faveur de l’environnement, du changement climatique, de la biodiversité ou du bien-être animal pourraient orienter le choix du consommateur. Si la pollution de l’eau par les nitrates et les résidus de certains pesticides est un argument recevable, tout comme la préservation de la biodiversité par rapport à la monoculture intensive, ce n’est pas toujours le cas quand il s’agit de diminuer les dépenses d’énergie fossile (travail mécanique des sols) ou de réduire l’émission de gaz à effet de serre.
Si les engrais azotés de synthèse sont une source importante de protoxyde d’azote (pouvoir d’effet de serre représentant trois cents fois celui du gaz carbonique), les fumiers, lisiers et composts génèrent aussi de l’ammoniac et des oxydes d’azote. Pour une même production alimentaire, des rendements plus faibles en agriculture biologique nécessiteraient de plus grandes surfaces cultivées, aux dépens des forêts, jachères, zones humides, prairies permanentes et autres aires protégées, et l’émission de gaz à effet de serre rapportée à la quantité produite n’est pas toujours en faveur de l’agriculture biologique 57. Le même constat est fait dans l’étude française BioNutriNet 58 qui montre que l’éventuelle amélioration de l’empreinte carbone d’une alimentation bio ne serait pas due au mode de production des aliments mais à la composition du régime des « mangeurs bio » (plus de végétaux et moins de viande).
De nouveaux modes de production respectueux de l’environnement, suivant les principes de l’agro-écologie mais en moins dogmatique (voire ésotérique dans le cas de la biodynamie) que l’agriculture biologique, pourraient même être aussi vertueux à cet égard. On peut citer l’agriculture dite de conservation, sans labour, qui préserve la vie des sols et le stockage de carbone, mais qui nécessite en général un désherbage chimique (notamment par le glyphosate), le mode de production à « Haute valeur environnementale » (HVE), l’agriculture de précision et même l’agriculture raisonnée. De même, un élevage plus extensif produit plus de gaz carbonique et de méthane (au pouvoir d’effet de serre vingt-cinq fois plus élevé que le gaz carbonique) si ces émissions sont rapportées au poids de viande ou de lait produits 59.
Enfin, les arguments favorables doivent aussi être mis en balance avec des prix plus élevés des aliments bio, supérieurs selon de nombreuses enquêtes de 30 à 100% 60. Cela pourrait être un facteur dissuasif et serait aussi une cause de discrimination sociale, mais constitue aussi la caractéristique d’une alimentation équitable que le consommateur accepte de payer plus cher pour rémunérer le producteur au juste prix (coûts de production inévitablement plus élevés).
Perspectives sur l’avenir du bio
Le tout-bio n’est pas possible pour toutes les productions
Voir Léon Guéguen, « Nourrir durablement dix milliards de personnes », Science & Pseudo-Sciences, n° 328, avril-juin 2019, p. 37-42.
Voir Catherine Regnault-Roger, Des plantes biotech…, op. cit.
Si l’agriculture biologique peut se développer facilement en production maraîchère sur de petites surfaces, voire en arboriculture fruitière qui nécessite une bonne protection phytosanitaire mais peu de fertilisation chimique, les obstacles à son développement sont plus grands, parfois insurmontables, pour les grandes cultures (notamment les céréales) dans les régions sans élevage à proximité (et donc sans accès facile aux engrais organiques). Quel que soit le mode de production, la fertilité des terres cultivables à moyen et long terme doit être entretenue, ce qui nécessite la restitution au sol des éléments minéraux (azote, phosphore et potassium) exportés par les récoltes et dont une grande partie est irréversiblement perdue.
Si l’azote peut être en partie fourni par des légumineuses qui captent l’azote de l’air, ce n’est pas le cas du phosphore dont les réserves fossiles s’épuisent et qui risque bientôt d’être un facteur limitant de la production alimentaire mondiale, notamment déjà en agriculture biologique qui n’utilise pas d’engrais phosphaté traité facilement assimilable. Si l’on renonce aux engrais minéraux, notamment aux engrais azotés de synthèse, il faut les remplacer par des engrais organiques provenant principalement du fumier, du purin et du lisier. Mais comment y remédier si étaient appliquées les récentes recommandations de diverses organisations pour une forte diminution de la consommation de viande et donc une réduction drastique de l’élevage, en particulier de ruminants ? Et comment faire si, en priorité, l’élevage intensif est proscrit ? En effet, l’élevage extensif en plein air, sur parcours ou au pâturage, ne permet pas la bonne récupération des déjections animales pour leur emploi en grande culture. Paradoxalement, à défaut d’engrais minéraux de synthèse, notamment azotés, l’avenir à long terme de l’agriculture biologique pour les grandes cultures est indissociable de la présence proche d’élevages intensifs 61. Transporter des fientes de volaille de Bretagne pour fertiliser du blé en Beauce n’est pas très compatible avec les principes écologiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à économiser l’énergie. De plus, le règlement de l’agriculture biologique interdit l’emploi de fumiers et excréments d’animaux provenant d’élevages « industriels ». À vrai dire, le qualificatif « industriel » n’est pas bien défini. Jusqu’à présent, par accord tacite, il signifiait « élevage intensif hors sol ».
Cependant, face à la pénurie prévisible d’engrais organiques qui limiterait le développement de l’agriculture biologique, ce verrou pourrait être levé par l’adoption d’une définition beaucoup plus laxiste de l’élevage industriel qui ne concernerait plus que les « fermes-usines » de plusieurs dizaines de milliers de poules pondeuses ou de plusieurs milliers de porcs en croissance-engraissement. Il s’agirait cependant d’une décision arbitraire car la composition chimique et la qualité hygiénique des déjections animales ne seraient pas différentes pour des élevages intensifs hors-sol cinq à dix fois plus petits mais avec la même densité animale et le même type de ration alimentaire.
Enfin, certaines grandes cultures sont très difficiles en agriculture biologique sans une protection phytosanitaire efficace. C’est le cas de la betterave, de la pomme de terre et, surtout, du colza. Certes, des innovations biotechnologiques devraient permettre de créer des variétés plus résistantes aux agresseurs et peut-être de se passer des produits phytosanitaires 62, encore faudrait-il que les techniques de transgénèse ou du moins de mutagénèse dirigée soient acceptées dans le cahier des charges de l’agriculture biologique, ce qui n’est pas à exclure dans un proche avenir.
Le tout-bio n’est pas souhaitable pour la souveraineté alimentaire, ni pour nourrir la planète
Voir « Le programme Ambition bio 2022 présenté à l’issue du grand Conseil d’orientation de l’Agence Bio », agriculture.gouv.fr, 25 juin 2018.
Voir Gil Kressmann, op. cit.
Voir Laurent Pahpy, « Agriculture “bio” : tromperies subventionnées », Institut de recherches économiques et fiscales (Iref), 1er mars 2019.
Voir « 2050 : 2,3 millliards de bouches de plus à nourrir », fao.org, 23 septembre 2009.
Voir Gilles Billen, Julia Le Noë et Josette A. Garnier, « Two contrasted future scenarios for the French agro-food system », Science of the Total Environment, vol. 637-638, octobre 2018, p. 695-705 ; « Prospective Agrimonde-Terra », 2016 ; Solagro, Scénario Afterres 2050, version 2016 ; Dalibor Frioux, Antoine Hardy, Thierry Pech et Matthieu Vincent, « La viande au menu de la transition alimentaire. Enjeux et opportunités d’une alimentation moins carnée », Terra Nova, 23 novembre 2017 ; Marco Springmann et al., « Options for keeping the food system within environmental limits », Nature vol. 562, n° 7728, octobre 2018, p. 519-525 ; Walter Willett et al., « Food in the anthropocen: the EAT-Lancet commission on health diets from sustainable food systems », The Lancet, vol. 393, n° 10170, p. 447-492 ; ainsi que le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), sur le changement climatique et l’utilisation des sols.
L’objectif « Ambition bio » prévoit en France une forte augmentation de la part des aliments bio dans la restauration collective (principalement les cantines scolaires), devant atteindre environ 20% (50% de bio, local ou label écologique) 63. Dans la mesure où, comme nous l’avons vu précédemment, les différences en termes de valeur nutritionnelle et sanitaire sont faibles entre le bio et le conventionnel, on peut s’interroger sur le bien-fondé de cette initiative, au-delà de la promotion de l’agriculture biologique 64. En effet, cela ne représenterait qu’un repas tout-bio sur la vingtaine de repas hebdomadaires. Pour la santé des enfants, il serait préférable de veiller à la diversité, à l’équilibre et à l’appétence des menus.
En 2019, les surfaces certifiées AB représentaient en France environ 6% de la surface agricole utile (SAU), dont 60% en herbe et cultures fourragères pour l’alimentation animale. Selon la stratégie du Pacte vert de la Commission européenne, il est prévu qu’elles atteignent 15% en 2022 et même 25% en Europe en 2030. De façon plus réaliste, les surfaces en agriculture biologique pourraient atteindre 10%, voire 15% de la SAU, sachant que plus de la moitié est constituée de prairies et que la conversion des élevages laitiers extensifs est relativement facile (pas de besoin d’engrais de synthèse ou de pesticides) et encouragée par la « crise » des prix du lait affectant surtout le lait conventionnel. Est-il souhaitable d’aller au-delà ? Une trop forte production en agriculture biologique conduirait à une diminution des prix et serait donc préjudiciable au revenu des producteurs qui n’y trouveraient plus leur compte, surtout si les indispensables subventions sont réduites. De plus, considérant que les rendements sont toujours plus faibles en agriculture biologique, notamment pour les céréales (le rendement du blé bio est plus de 50% plus faible en France), cette extension se ferait aux dépens des exportations, donc de la balance commerciale. Les conclusions d’un récent rapport sont sévères à cet égard, considérant que la valeur ajoutée nutritionnelle, sanitaire et écologique de l’agriculture biologique ne justifie pas les subventions publiques qui lui sont accordées 65. Depuis quelques années, plusieurs rapports officiels et articles scientifiques remettent aussi en cause la durabilité de l’agriculture biologique, principalement à cause de ses plus faibles rendements qui nécessitent plus de surfaces cultivées pour une égale production alimentaire.
Dans une démarche plus mondiale, doit-on encourager l’agriculture biologique ? Dans nombre d’économies peu développées qui n’ont pas accès aux intrants chimiques (engrais, produits phytosanitaires), les agriculteurs pratiquent déjà une certaine forme d’agriculture biologique et pourraient augmenter les rendements de leurs cultures en appliquant davantage certains principes du cahier des charges européen. Cependant, cette amélioration serait limitée et ne pourrait concerner toutes les cultures. De nombreux pays, notamment d’Afrique, sont (et seront de plus en plus) tributaires des pays exportateurs de céréales pour éradiquer les famines. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il faudrait augmenter la production alimentaire mondiale de l’ordre de 50 à 70% pour satisfaire les besoins de la planète avant 2050 66. Dans cette perspective, la promotion d’une agriculture à plus faibles rendements paraît illogique et peu raisonnable. Les plus récents scénarios envisagés pour nourrir la France, l’Europe ou la planète, basés sur une agriculture productive, sans baisse des rendements, considèrent tous que cet objectif pourrait être atteint, mais à plusieurs conditions : baisser la consommation chez les populations les plus riches, diminuer de 50% les pertes et gaspillages alimentaires, adopter une forte transition alimentaire avec plus de produits végétaux et la moitié moins de produits animaux, notamment de viande, donc supprimer en grande partie l’élevage (qui fournit pourtant la majeure partie des engrais organiques indispensables en agriculture biologique) 67. Si réunir tant de conditions semble un peu utopique et revêt peut-être même un caractère idéologique et peu réaliste pour ce qui concerne l’élevage, qu’en serait-il si, en plus, s’y ajoutait une forte baisse de la productivité de l’agriculture ?
Conclusion
Voir Gil Kressmann, op. cit.
L’agriculture biologique, comme d’autres formes d’agriculture respectueuses de l’environnement, a incontestablement sa place dans l’agriculture nationale et mondiale, et il serait vain de le nier. Le marché des aliments bio existe et prospère, soutenu par la demande des consommateurs et les intérêts des distributeurs. Cependant, le consommateur doit être informé du fait que la supériorité nutritionnelle et sanitaire des aliments bio n’est pas démontrée et que cet argument seul ne peut pas justifier des achats de 30 à 100% plus chers, et ne devrait pas être invoqué pour faire la promotion de ce modèle agricole.
À cet égard, l’agriculture biologique n’a pas d’obligation de résultat concernant la qualité des aliments. D’autres motifs d’achat peuvent être invoqués, comme la protection des ressources naturelles (sol, eau), la biodiversité et, surtout, la satisfaction personnelle, qui repose sur des croyances et des critères qu’il serait vain de contredire par des arguments scientifiques.
De plus, l’agriculture biologique, dont les rendements sont plus faibles (surtout pour les céréales) ne pourrait certainement pas permettre, aujourd’hui et encore moins demain, de nourrir la planète. Les aliments bio représentent actuellement en France moins de 5% en poids des produits alimentaires (dont plus du tiers sont importés) et, compte tenu d’une demande soutenue, cette part de marché est appelée à croître jusqu’à un seuil difficile à définir mais probablement de l’ordre de 10% 68.
Il est indéniable que ce mode de production possède divers atouts à faire valoir pour trouver sa place sur le territoire agricole, mais l’argument de valeur ajoutée nutritionnelle et sanitaire des aliments bio ne devrait plus être revendiqué pour sa promotion. Alors que tant de conditions difficiles vont devoir être réunies pour pouvoir nourrir l’humanité future, notamment une forte réduction de la consommation de viande et des gaspillages, il serait déraisonnable d’y ajouter un verrou supplémentaire, à savoir la baisse de productivité de l’agriculture. Un trop grand développement de l’agriculture biologique ne permettrait pas d’assurer la souveraineté alimentaire nationale et encore moins la sécurité alimentaire mondiale.
Artiste sur la couverture
La Fondation pour l’innovation politique remercie chaleureusement l’artiste Paulette Tavormina pour sa contribution à la publication de nos trois notes sur la thématique de l’agriculture et alimentation bio, dans le cadre d’une série sur les agritechnologies et biotechnologies.
Les arrangements de Paulette Tavormina rappellent les détails somptueux des natures mortes des maîtres du XVIIe siècle et servent d’interprétations personnelles d’histoires intemporelles et universelles. Avec une perspective picturale qui rappelle celles de Juan Sánchez Cotán et de Giovanna Garzoni, Paulette Tavormina crée des natures mortes mondaines.
Bénéficiaire d’une bourse de la Fondation Pollock-Krasner, son livre monographique Seizing Beauty a été publié par The Monacelli Press en 2016. On peut retrouver les photographies de Paulette Tavormina dans des musées et des collections particulières. Elle a également travaillé pour Sotheby’s et a collaboré au National Geographic et au New York Times. Elle était auparavant accessoiriste et styliste culinaire à Hollywood, où son savoir-faire a notamment été utilisé dans sept films.
Site Internet de l’artiste : www.paulettetavormina.com
Copyright :
Apples and Peas, After J.S.C. © Paulette Tavormina (2010)
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