Résumé

Se souvenir ensemble, aujourd’hui et demain

Méthode de l’enquête

1914-1918 : La Première Guerre Mondiale

Quels sont les pays jugés responsables de la Première Guerre Mondiale ?

1914-1918 : Les conséquences de la guerre

1939-1945 : La Seconde Guerre Mondiale

Quels sont les pays jugés responsables e la Seconde Guerre Mondiale ?

Allemagne

URSS

Japon

Italie

Etats-Unis

France

Royaume-Uni

1939-1945 : Les conséquences de la guerre

Mémoire à venir

L’extermination des Juifs par les nazis et l’utilisation de la bombe atomique

Que savent les nouvelles générations des camps d’extermination nazis ?

Un crime impuni ?

Un siècle de massacres et de génocides

Mémoire à venir

Jugements sur la politique nazie

Se souvient-on du pacte germano-soviétique ?

Mémoires des communistes

La Chine de Mao

Les morts du communisme

La perception des systèmes démocratiques

En 1939-1945, mon pays a-t-il agi pour la liberté et la dignité humaine ?

Mémoires à venir

Connaître la Première Guerre Mondiale

Connaitre la Seconde Guerre Mondiale

Connaître la Shoah

 

Comment transmettre l’histoire ?

Des lieux pour la mémoire et la transmission

Pourquoi connaître l’histoire ?

Pourquoi visiter les camps d’extermination

Que s’est-il passé de mémorable depuis 1989 ?

2011, 2012, 2015 : trois enquêtes sur la jeunesse du monde

Quelles valeurs pour une société idéale ?

Quelles attitudes à l’égard des personnes différentes de soi ?

Les idées politiques

La religion

I.
Question :

« Que pensez-vous des gens qui n’ont pas la même nationalité que vous ? »

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Résumé

La Fondation pour l’innovation politique et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah ont voulu s’associer afin de concevoir une étude internationale auprès des nouvelles générations.

Nous avons interrogé 31 172 jeunes de 16 à 29 ans, dans 31 pays, en 24 langues différentes. Nous leur avons demandé quel jugement ils portent sur les événements du XXe siècle, sur les deux guerres mondiales, sur les génocides, sur les systèmes nazi, communiste et démocratique; comment ils ont acquis leurs connaissances sur ces grands faits historiques, quel fut le rôle de l’école, des documentaires, des fictions, d’internet, de la transmission familiale, des musées ou des expositions, des sites historiques, etc.

De même, nous leur avons demandé pourquoi transmettre l’histoire et comment ils imaginent eux-mêmes la transmettre à leur tour, ou encore quels sont, à leurs yeux, les événements les plus marquants depuis 1989.

Les 31 pays de l’enquête sont : l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, la Chine, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Inde, Israël, l’Italie, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Russie, la Serbie, la Suisse, la Turquie et l’Ukraine.

La présente étude propose une analyse des résultats.

Télécharger le rapport avec les résultats principaux.

L’ensemble des données de l’enquête est disponible, en 24 langues, sur data.fondapol.org.

Dominique Reynié,

Professeur des universités à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique.

Auteur, entre autres, du Triomphe de l’opinion publique. L’espace public français du XVIe au XXe siècle (Odile Jacob, 1998), du Vertige social nationaliste. La gauche du Non (La Table ronde, 2005) et des Nouveaux Populismes (Pluriel, 2013). Il a également dirigé l’ouvrage Où va la démocratie ? (Plon, 2017) et Démocraties sous tensions (Fondation pour l’innovation politique, 2020), deux enquêtes internationales de la Fondation pour l’innovation politique.

Se souvenir ensemble, aujourd’hui et demain

La période 2014-2015 se présente comme une séquence appelant notre réflexion sur ce que fut le  XXe  siècle. Presque en même temps, nous commémorons quelques-uns des événements qui en constituent la  trame, la part sombre de notre histoire récente mais aussi son dépassement : le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale (1914) et de celui du génocide arménien (1915), puis le 70e anniversaire du débarquement allié en Normandie (1944), de la fin de la Seconde Guerre mondiale, celui de la libération d’Auschwitz (1945), et aussi le 20e anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda (1994) ou le 40e anniversaire de la naissance du régime khmer rouge (1975).

Commémorer, c’est rappeler le souvenir d’un événement. Cela suppose de dire de quoi procède cet événement, de quelle généalogie il est le résultat. C’est le travail que mène l’historien, à l’aide d’archives et de témoignages. Mais commémorer, c’est aussi rappeler le souvenir à travers une cérémonie, se souvenir ensemble.

L’acte de rappeler un fait au souvenir à travers une cérémonie contient l’intention d’en redire l’histoire publiquement, haut et fort, en s’adressant à tous. En cela s’exprime une volonté qui ne s’arrête pas à la compréhension historique des faits mais, au-delà, vise à partager la leçon que l’on tire de cet événement, qu’il soit heureux ou dramatique. Plus précisément, commémorer vise à répéter l’enseignement que l’on s’accorde à retenir d’un événement. Dans cet accord se loge la dimension politique de la commémoration, car se souvenir ensemble, c’est faire communauté ; il n’existe pas de communauté sans commémoration. Dire et redire ensemble – puisque commémorer suppose la répétition – quelles leçons on s’accorde à tirer d’un fait ou d’un événement, c’est réaffirmer les valeurs sur lesquelles repose la communauté.

Pour nous, commémorer les   grands événements qui ont fait le XXe siècle, s’en souvenir  ensemble,  c’est redire la valeur politique et morale qu’ils revêtent à nos yeux. Par exemple, dans le rappel de ces événements, qu’ils   soient tragiques, comme le déclenchement de la Grande Guerre, ou heureux, comme la Libération, se reflètent et s’expriment l’attachement à une communauté nationale mais aussi à un idéal de paix, de progrès et de liberté.

Cependant, commémorer ne s’arrête pas nécessairement à des faits relevant exclusivement de l’histoire nationale. Ainsi, l’extermination des Juifs par les nazis, les génocides des Arméniens par les Turcs et des Tutsis au Rwanda, la chute du mur de Berlin ou les attentats du 11 septembre 2001 sont des faits mémorables et commémorés parce qu’ils appartiennent à l’histoire universelle et parce qu’à nos yeux ils relèvent de notre condition humaine commune.

On peut concevoir la commémoration comme un acte strictement national, voire nationaliste. Le cas est très fréquent dans la mesure où la mise en place d’une politique mémorielle est l’un des principaux instruments mobilisés dans la construction historique du fait national, c’est-à-dire l’invention d’une nation. On peut aussi penser la portée de la commémoration comme ungeste non seulement national mais aussi de portée universelle. Cette perspective définit une autre manière et fournit d’autres raisonsde commémorer des événements aussi déterminants que le déclenchement ou la fin de guerres, l’accomplissement de génocides ou, pour prendre des exemples heureux, le débarquement des forces alliées en Normandie, la création de l’Union européenne, l’effondrement du communisme ou la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. En  imaginant une politique mémorielle combinant le rappel de faits qui participent de l’histoire nationale et celui de faits qui concernent l’histoire universelle – il arrive que ce soit les mêmes, par exemple si nous considérons le cas de la persécution des Juifs –, nous affirmons notre appartenance à une communauté certes nationale, mais en même temps fondée sur des valeurs inspirées par le souci de l’humanité.

Pour le dire différemment, ce faisant, nous affirmons notre appartenance à une communauté particulière, à une nation, la nôtre, tout en rappelant que nous appartenons aussi, et d’une autre manière, à la communauté européenne et à la communauté humaine.

Que retiennent de ces événements les nouvelles générations ? Qu’en pensent les premières générations, de plus en plus nombreuses, à n’avoir pas vécu, sinon leur enfance, au XXe siècle ? De quelles mémoires du XXe siècle seront-elles détentrices ? La question est d’importance puisqu’il leur reviendra de faire vivre non seulement l’histoire du XXe siècle, mais aussi les leçons que renferment les événements qui l’ont constituée.

Les jeunes interrogés ne l’ont pas été comme historiens mais comme citoyens. Nous avons cherché à recueillir leur qualification politique et leur évaluation morale des grands événements du XXe siècle : les deux guerres mondiales, la révolution russe de 1917, le nazisme, le communisme, les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, les génocides dont ont été les victimes les Arméniens, les Juifs et les Tutsis, la décolonisation… Nous les avons également interrogés sur les sources de leurs connaissances du passé, sur le rôle de l’école, sur celui des livres, des fictions ou des documentaires, mais aussi sur la place de la transmission familiale   ou celle d’Internet et encore sur l’utilité des lieux de mémoire, la pertinence des commémorations.

Enfin, nous avons voulu savoir  quels  événements, à leurs yeux, constituent leur époque, car le  cours de l’histoire ne s’interrompt pas. Nous leur avons demandé de nous dire ce qui les a le plus marqués, depuis la chute du mur de Berlin, en 1989, jusqu’à l’élection du pape François, en 2013, en passant par les manifestations sur la place Tiananmen, en 1989 ; la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, en 1991 ; les attentats du 11 septembre 2001 ; la création de l’euro, en 2002 ; la guerre enIrak, en 2003 ; la crise financière ou l’élection de Barack Obama, en 2008 ; le printemps arabe, en 2011 ou l’élection du papeFrançois, en 2013.

Tous ces événements, et d’autres plus récents encore, tels les attentats meurtriers contre le journal Charlie Hebdo et la liberté d’expression, contre la police républicaine et contre des Français juifs, qui ont coûté la vie à 17 personnes, les 7, 8 et 9 janvier 2015, forment les couches les plus récentes de la mémoire collective ; elles viennent, et elles viendront, se superposer  à  des strates de souvenirs plus anciennes dont elles modifieront inévitablement l’image et l’interprétation. Or, si l’on peut être attaché à la commémoration en tant que telle, précisément parce qu’elle permet de faire communauté, d’éprouver l’être ensemble – ce qui peut satisfaire notre désir de socialité –, il n’en demeure pas moins que la commémoration vaut pour les valeurs qu’elle porte autant que par le fait qu’elle opère leur partage, d’abord entre tous les membres de la nation, ensuite avec les autres nations, et enfin, par la transmission,avec les nouvelles générations qui feront la communauté et l’humanité de demain. C’est dans cet esprit que la Fondation pour l’innovation politique et la Fondation pour la Mémoire de la  Shoah ont souhaité s’associer pour savoir de quelle mémoire du siècle passé sera constitué le XXIe siècle  à venir. Cela revient à interroger la place qu’occupent les valeurs de liberté et de justice parmi les nouvelles générations et leur avenir à l’âge de la globalisation. C’est une façon de chercher à deviner l’avenir de notre humanité, et c’est aussi une façon d’espérer y contribuer.

Les données qui sont présentées dans les pages qui suivent ne sont qu’une partie de l’ensemble des données recueillies. Le lecteur pourra consulter l’intégralité des résultats de notre enquête sur le site de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah ou sur le site de Fondation pour l’innovation politique.

Méthode de l’enquête

L’enquête « Mémoires à venir » a été conçue par la Fondation pour l’innovation politique et la Fondation pour la Mémoire de la  Shoah. Sa réalisation a été confiée  à l’institut Ipsos qui a interrogé 31.172 personnes sur la base d’échantillons nationaux comprenant environ 1.000 individus âgés de 16 à 29 ans.

Le questionnaire a été administré dans 31 pays et dans chacune des langues nationales, soit 24 langues au total ; il comportait 33 questions. La collecte des données a été réalisée dans un intervalle de quatre semaines afin de neutraliser les effets de conjoncture (entre le 14 juillet et le 11 août 2014).

La méthode des quotas d’âge, de sexe et de lieu d’habitation a été utilisée pour assurer une bonne représentativité des échantillons.  Toutefois, l’enquête ayant été administrée par un questionnaire électronique, les échantillons des pays émergents sont davantage représentatifs des catégories moyennes et aisées de la population.

La liste des pays au sein desquels les jeunes ont été interrogés est la suivante : Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chine, Croatie,  Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Inde, Israël, Italie, Japon, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Serbie, Suisse, Turquie et Ukraine.

L’enquête couvre à la fois des  questions d’opinion et de connaissances. Elle est complétée par le recueil des données sociodémographiques, qui favorisent l’analyse des caractéristiques sociales et de genre, au-delà des spécificités nationales. Il importe ici de souligner que des questions jugées sensibles, portant sur les événements de Tiananmen ou l’opinion à l’égard de la période maoïste, n’ont pas pu être posées en Chine. Dans d’autres cas, une question portant sur un contexte historique précis mais inexistant pour certains pays n’a pas été retenue (c’est le cas de la question 20 1 en Belgique, en Estonie, en Inde, en Israël, en Lettonie, en Lituanie, aux Pays-Bas, en Pologne et en République tchèque).

Pour certaines questions, nous  avons demandé aux jeunes d’évaluer leurs connaissances sur un événement en définissant une intensité sur une échelle comportant quatre niveaux : « tout à fait », « plutôt », « plutôt pas », «pas du tout». Dans cette note, nous procédons parfois à des totalisations entre, d’un côté, les réponses « tout à fait » et «plutôt»,  puis, de l’autre, les réponses «plutôt pas» et « pas du tout ». Nous le signalons à chaque fois. Les personnes interrogées ont parfois été invitées à sélectionner plusieurs propositions (jusqu’à trois) dans une liste comprenant plusieurs réponses possibles, par exemple lorsque nous leur avons demandé quels étaient, selon eux, les événements survenus dans le monde depuis 1989 ayant le plus d’importance à leurs yeux.

La moyenne européenne (Union européenne) a été construite pour agréger les données des dix-neuf pays membres de l’Union européenne représentés dans l’enquête. Elle a été pondérée selon le poids démographique des 16-29 ans de chaque pays. Le même procédé ne peut être reproduit au niveau mondial dans le cadre de cette enquête,  en  raison des disparités de taille de population entre les pays : on ne pourrait pondérer par  la  population de ces  31 pays qu’en faisant disparaître tous les pays ou presque sous le poids démographique de seulement deux d’entre eux : la Chine et l’Inde. Les résultats perdraient alors leur intérêt.

Nous avons centré notre analyse sur les réponses des jeunes (16-29 ans), en limitant la comparaison entre les sous-classes d’âges (16-19 ans, 20-24 ans, 25-29 ans) aux cas révélant des différences notables ou portant sur des enjeux pour lesquels la comparaison fait sens. Enfin, les expressions telles que «la  jeunesse française», « les jeunes Indiens » ou encore « les Australiens », c’est-à-dire sans mention d’âge, renvoient toujours aux personnes interrogées âgées de 16 à 29 ans.

1914-1918 : La Première Guerre Mondiale

Question :

« Avez-vous le sentiment d’avoir, sur la Première Guerre mondiale, des connaissances très approfondies, plutôt approfondies, plutôt pas approfondies ou pas du tout approfondies ? »

La question posée ne mesure pas la connaissance des personnes interrogées, mais elle les invite à estimer leur niveau d’information, ici à propos des deux guerres mondiales. Au vu des résultats, on voit donc que la plupart des répondants (61%) considèrent que leurs connaissances à propos de la Première Guerre mondiale ne sont pas approfondies (« plutôt pas » et « pas du tout »), contre 39% qui pensent avoir des connaissances approfondies (« très » ou «plutôt»). Le nombre de personnes jugeant leurs  connaissances «approfondies» est un peu supérieur chez les jeunes Européens (42%), parmi lesquels les Italiens sont les champions (62%), devant les Autrichiens (49%),  les

Allemands, les Hongrois, les Lituaniens, les Roumains (48% dans tous les cas) 2 et les Danois (46%). Hors de l’Union européenne, les Suisses (46%) et les Turcs (53%) sont ceux qui s’estiment le plus volontiers bien informés sur le premierconflit mondial.

On notera que les Chinois (59%) et les Indiens (58%) sont beaucoup plus nombreux que les Américains  (36%) à s’estimer bien informés, mais que ce sont les Japonais (79%), les Tchèques (76%), les Estoniens (75%), les Néerlandais (73%), les Lettons (73%), les Ukrainiens (73%), les Russes (69%) et les Espagnols (68%) qui sont les plus nombreux à estimer ne pas avoir des connaissances approfondies.

Quels sont les pays jugés responsables de la Première Guerre Mondiale ?

Question :

« Selon vous, chacun des pays suivants a-t-il été responsable de la Première Guerre mondiale ? »

 

 

Il est évident que les réponses à une telle question procèdent d’un mélange de connaissances, d’impressions et de sensibilités politiques et culturelles, lesquelles relèvent en partie du fait national.

Pour la plupart des répondants (80%), l’Allemagne est responsable de la Première Guerre mondiale, devant l’Autriche-Hongrie (59%) et la Russie (57%). On notera qu’une majoritéd’Autrichiens (56%) juge l’Allemagne responsable. La Serbie n’est citée que par un tiers des jeunes interrogés (36%), mais par lesdeux tiers des Autrichiens (64%), une majorité des Italiens (57%) et, bien sûr, des Croates (56%), par près d’une moitié des Japonais (49%), des Turcs (48%), des Suisses (47%), des Hongrois (45%) et des Tchèques (43%), mais par seulement 29% des Serbes.

Les Allemands sont aussi nombreux (75%) à juger l’Allemagne responsable que les Autrichiens à désigner l’Autriche-Hongrie (74%), tandis que les Hongrois (58%) sont moins nombreux à considérer responsable l’ancien empire dont ils formaient l’autre partie. L’idée de la responsabilité pour son propre pays est moins répandue chez les Français (49%), les Britanniques et les Russes (32%).

Si la France est jugée responsable par une minorité de l’ensemble des répondants (43%), sa responsabilité est cependant pointée par la plus grande partie des Turcs (79%), des Chinois (60%), des Grecs et des Indiens (58%), des Japonais (57%) et des Hongrois (54%). La responsabilité des États-Unis est mise en  cause par un tiers des répondants (34%), y compris parmi les Russes (34%), mais davantage parmi les Grecs (65%), Japonais (62%), Indiens (53%), Turcs (50%),

Croates (48%), Chinois (46%), Espagnols (45%), Ukrainiens (44%), Hongrois et Serbes (41%).

Les Japonais se distinguent par le fait qu’ils semblent considérer tous les pays responsables de la guerre de 1914-1918 : l’Allemagne (70%), la Russie et le Royaume-Uni (66% dans les deux cas), les États- Unis (62%), la France (57%), l’Autriche-Hongrie (52%) et la Serbie (49%).

1914-1918 : Les conséquences de la guerre

Question :

« Selon vous, parmi les suivantes, quelle est la principale conséquence de la Première Guerre mondiale ? »

 

 

Les résultats montrent que la perception des conséquences de la guerre reflète les traumatismes nationaux. Les Allemands citent davantage (41%) l’arrivée du nazisme au  pouvoir ;  les  Autrichiens  (56%) et les Hongrois (47%), mais aussi lesTchèques (49%), les Serbes (45%), les Italiens (42%), les Roumains, les Lituaniens (38%) et les Croates (35%) retiennent la fin de l’Empire austro-hongrois et la création de nouveaux États en Europe. Les Turcs se souviennent surtout de la dislocation de l’Empire ottoman (52%).

Pour un tiers des jeunes interrogés (32%), l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne en 1933 constitue l’une des principales conséquences de la Première Guerre mondiale. Plus de la moitié des Britanniques citent cet item (54%), tout comme la moitié des Américains (48%), 44% des Israéliens, 41% des Australiens, des Canadiens, des Français et des Allemands, et, enfin, 40% des Belges et des Japonais.

En revanche, seuls 19% des répondants citent la révolution communiste de 1917 et la création de l’URSS comme l’une des principales  conséquences  de la Première Guerre mondiale. Mais la proportion augmente sensiblement parmi les Lituaniens (33%), les Lettons (35%) et les Estoniens (38%) et parmi les Polonais (30%), les Ukrainiens (28%) et les Russes (39%) pour desraisons évidemment différentes, voire opposées, y compris au sein d’un même pays, comme en Russie. Pour une partie des Russes, la révolution de 1917 demeure une référence glorieuse, pour des raisons qui procèdent davantage du nationalisme que du communisme. Pour les pays de l’Europe de l’Est, pour les Baltes ou les Ukrainiens, 1917 est la date de naissance de ce que va devenir l’Empire soviétique. Les Japonais sont les plus nombreux  (22%),  avec  les Grecs (21%) à citer la crise de 1929 parmi les conséquences du premier conflit mondial, témoignant ainsi d’une lecture économique des conséquences de la guerre qui leur est propre.

1939-1945 : La Seconde Guerre Mondiale

Question :

« Avez-vous le sentiment d’avoir, sur la Seconde Guerre mondiale,  des connaissances très approfondies, plutôt approfondies, plutôt pas approfondies ou pas du tout approfondies ? »

Les nouvelles générations répondent mieux connaître la Seconde Guerre mondiale que la Première. La moitié des personnes interrogées (51%) estiment en effet disposer de connaissances  approfondies. Les Israéliens et les Danois (75% dans les deux cas) sont les plus nombreux à dire posséder de bonnes connaissances sur la guerre de 1939-1945.  Parmi  les jeunes Européens, le nombre des répondants estimant bien connaître le conflit est significativement plus élevé que la moyenne européenne (53%) chez les Autrichiens (71%), les Allemands (66%) et les Italiens (65%). Les Français (49%) et  les  Belges (46%), dont les pays ont été pourtant également  très marqués par ce conflit, sont moins  nombreux que la moyenne à s’estimer bien informés. Hors d’Europe, les Australiens (39%), Canadiens  (46%) et Américains (46%) sont moins nombreux que les Russes (56%) mais aussi que les Chinois (65%) à considérer posséder de bonnes connaissances. Mais les moins nombreux à s’estimer compétents sont les Japonais (25%), les trois quarts d’entre eux (75%) répondant avoir le sentiment de ne pas connaître la Seconde Guerre mondiale (réponses « plutôt  pas » ou « pas du tout » approfondies).

Parmi les jeunes, les hommes s’estiment plus familiers avec les guerres mondiales que les femmes. La comparaison montre qu’une plus grande proportion d’hommes (4%) que de femmes (34%) a tendance à estimer avoir davantage de connaissances historiques à propos du conflit de 1914-1918. Cet écart s’accroît en ce qui  concerne  la  Seconde  Guerre  mondiale : 58% des hommes contre 43% des femmes jugent avoir des connaissances historiques approfondies au sujet de ce conflit.

Le lien avec l’institution scolaire détermine évidemment l’évaluation de ses propres connaissances en la matière. Pourtant, c’est moins le niveau des études qui compte que le fait d’être toujours scolarisé au moment de répondre. Si les deux tiers (67%) de ceux qui ont fini leur cursus scolaire avant 21 ans estiment ne pas avoir de connaissances précises sur la Première Guerre mondiale, ils ne sont plus que 57% parmi ceux qui sont toujours étudiants. Le même différentiel peut être remarqué pour la Seconde Guerre mondiale : 56%  de  ceux  qui  ont  arrêté leurs études avant 21 ans jugent leurs connaissances insuffisantes, contre 46% pour les jeunes qui sont toujours étudiants. Ces données témoignent d’une mémoire proprement scolaire. Elle s’atténue donc au fur et à mesure que les répondants entrent dans la vie active, s’éloignant de leur cursus scolaire. D’autres sources que l’école sont nécessaires.

Quels sont les pays jugés responsables e la Seconde Guerre Mondiale ?

Question :

« Selon vous, chacun des pays suivants a-t-il été responsable de la Seconde Guerre mondiale ? »

Aux yeux de presque tous les jeunes interrogés (92%), l’Allemagne est le principal pays responsable de la Seconde Guerre mondiale. Ce jugement est partagé par 94% des jeunes Européens, dont notamment 93% des Allemands et des Autrichiens, 98% des Israéliens, 96% des Français, 85% des Américains, les trois quarts des Indiens (78%) et des Japonais (77%).

Parmi les jeunes s’estimant informés sur la Seconde Guerre mondiale, c’est presque la totalité (95%) qui juge l’Allemagne responsable du conflit, contre 88% parmi ceux qui se disent peu ou mal renseignés.

De même, parmi ceux qui estiment posséder de bonnes connaissances sur l’extermination des Juifs, une même proportion (95%) partage l’opinion sur la responsabilité de l’Allemagne, contre 89% parmi ceux qui se jugent insuffisamment informés sur la Shoah.

Si la moitié seulement des personnes interrogées (52%) mettent en avant la responsabilité du Japon dans le déclenchement du conflit planétaire, cette proportion atteint les trois quarts des répondants chez les Japonais eux-mêmes (77%). La quasi-totalité des Chinois (92%) partagent cette opinion, ainsi que les deux tiers des Indiens (69%) et des Américains (67%).

Allemagne

URSS

Japon

Italie

Etats-Unis

France

Royaume-Uni

Les Européens se montrent divisés. En effet, 64% des Croates, 63% des Hongrois,  62% des Espagnols,  61% des Tchèques et 58% des Italiens jugent le Japon responsable du conflit, contre un tiers des Roumains (32%) et des Allemands (32%),  38%  des Lettons, des Néerlandais et des Autrichiens, des Italiens, 39% des Estoniens et 42% des Lituaniens. De la même façon, la responsabilité de l’Italie est moins souvent évoquée par l’ensemble des répondants (43%) que par les Italiens (60%). Ce sont les Grecs (67%), les Serbes (65%), les Croates (58%), les Turcs (55%), les Ukrainiens (55%), les Français (54%), les Tchèques (53%) et les Polonais (50%) qui sont les plus nombreux à désigner la responsabilité de l’Italie dans le déclenchement du conflit, contre à peine un tiers des Allemands, des Lettons et des Danois (32%), des Néerlandais (30%), des Estoniens (29%) et 17% des Roumains.

Les deux tiers des jeunes interrogés (63%) tiennent l’Union soviétique pour responsable de la Seconde Guerre mondiale. Bien sûr, la   responsabilité de la Russie soviétique est moins citée que celle de l’Allemagne nazie (92%) mais elle l’est davantage que celle du Japon impérialiste (52%) ou de l’Italie fasciste (43%).

Les jeunes Européens sont deux fois plus nombreux (61%) que les Russes (33%) à citer la responsabilité de l’URSS. Mais le rôle de l’URSS est beaucoup plus souvent cité dans la jeunesse des pays de la partie orientale du Vieux Continent, longtemps restée sous l’emprise des Soviétiques (87% en  Pologne, 82% en Finlande et en Hongrie, et 72% en République tchèque), ou dans  les  pays  qui   furent membres de l’Union soviétique comme la Lettonie (77%), l’Estonie  (80%),  la  Lituanie  (80%) et  l’Ukraine (77%). Les trois quarts des Croates (76%) expriment le même avis.

Les jeunes d’Europe occidentale sont moins nombreux à désigner la responsabilité de l’URSS, mais ils sont majoritaires en Italie (69%), en Suisse (68%), en Espagne (67%), en Grèce (68%), en Autriche (61%), en France (60%), au Danemark et en Belgique (53%), en Allemagne et en Israël (51%). La jeunesse turque est plus encline (76%) que la jeunesse américaine (52%), canadienne (53%) ou australienne (48%) à pointer la responsabilité de la Russie soviétique ; les deux tiers des Turcs (65%) pointant la responsabilité de la France et les trois quarts (71%) celle du Royaume-Uni.

1939-1945 : Les conséquences de la guerre

Question :

« Selon vous, parmi les suivantes, quelles sont les deux principales conséquences de la Seconde Guerre mondiale ? »

Deux réponses étant possibles, le total est donc supérieur à 100.

Le début de la guerre froide entre les deux nouvelles superpuissances (61%) domine la perception  que  les nouvelles générations ont  des  conséquences  de la Seconde Guerre mondiale. Cette opinion est plus répandue encore parmi les Américains (65%) et les Russes (77%), les Estoniens (68%), les Chinois, les Grecs et les Ukrainiens (69%), les Serbes (70%), les Lituaniens (73%) et les Croates (77%).

Au sein de la jeunesse interrogée, la création de l’ONU (33%) est plus souvent citée dans les pays dont la diplomatie est dominée par le choix d’une politique de neutralité, tels que la Suisse (40%), l’Autriche (42%) et la Finlande (52%).

Les jeunes Européens insistent davantage que l’ensemble des répondants sur la création du bloc communiste par l’Union soviétique (31%) et sur la construction de l’Union européenne (28%).

De même, la naissance de la  République  populaire de Chine (5%) est citée par 35% des Chinois, la création de l’État d’Israël (11%) est citée par 78% des Israéliens et par 23% des Turcs, ou le début de la décolonisation en Afrique et en Asie (10%) est cité par 16% des Indiens et 21% des Japonais.

Les Espagnols (19%) sont peu nombreux à citer la naissance de l’unification européenne, peut-être parce que leur pays n’y a pas pris part. Cela expliquerait le fait que seuls 13% des Tchèques, 14% des Polonais, 24% des Roumains et des Britanniques classent cet événement parmi les deux principales conséquences de la Seconde Guerre mondiale. Mais alors cela n’expliquerait pas pourquoi seulement 21% des Italiens font cette même réponse, alors que leur pays est l’un des fondateurs de l’Union européenne, tandis que, dans les autres pays fondateurs, les jeunes sont plus nombreux à citer la naissance de l’Union : les Français (31%), les Néerlandais (36%), les Belges (40%) et les Allemands (44%). Mais, là encore, le lien n’est pas simple puisque dans certains pays de l’Union qui ne sont pas des membres fondateurs, les jeunes sont plus nombreux que la moyenne à citer la création de l’Union : les Grecs (30%), les Hongrois (31%), les Danois (34%), les Finlandais (43%) et  les Autrichiens (51%), ces derniers étant également les plus nombreux  à citer la création de l’ONU (52%), manifestant une sensibilité particulière pour des formes transnationales et coopératives de l’action publique.

Cependant, il n’y a pas un lien automatique entre les histoires nationales ou régionales et les réponses des personnes interrogées. Ainsi, si la construction européenne est citée par un quart des  répondants (24%) et seulement par 28% des Européens, c’est parce que les jeunes Européens ne la classent pas tous parmi les deux principales conséquences de la guerre. On peut comprendre que les jeunes  interrogés  soient moins enclins à citer la création de l’Union européenne que le début de la guerre froide dans la mesure où la création de l’Union est, par nature, un événement moins spectaculaire: il s’agit d’un accord entre des nations libres et qui n’a pas de dimension traumatisante, au contraire, puisqu’il s’agit de dépasser les contentieux et les conflits précédents. Peut-être la création de  l’Union  européenne  est-elle un événement moins aisément mémorable… précisément parce qu’elle a parfaitement rempli sa mission essentielle de restauration de la paix, de la liberté et de la prospérité en Europe.

Dans la liste des principales conséquences de la Seconde Guerre mondiale, la création du bloc communiste par l’Union soviétique n’est citée que  par moins d’un tiers des jeunes interrogés (29%). On retrouve cette proportion chez les Européens (31%), les Américains (31%) et les Russes (31%).

La situation est différente dans les pays de l’ancien bloc communiste  où la création du  bloc par l’URSS est perçue comme une des deux principales conséquences de la Seconde Guerre mondiale. Qu’ils vivent dans des pays anciennement membres de l’URSS, comme les Lituaniens  (52%),  les  Lettons (49%), ou les Estoniens (42%) ou qu’ils vivent dans des États qui furent membres du bloc communiste, comme les Polonais  (58%), les Tchèques (54%), les Roumains (43%), les Ukrainiens (36%) ou les Hongrois (34%).

Les jeunes Européens de l’Ouest sont parmi ceux qui citent le moins la création du bloc communiste comme l’une des deux principales conséquences du conflit mondial de 1939-1945 : 15% des Autrichiens, 17% des Finlandais, 18% des Néerlandais et des Suisses ou 20% des Danois.

Moins d’un Israélien sur dix (6%), 13% des Japonais et 14% des Turcs mentionnent la création du bloc communiste comme l’une des conséquences principales de la guerre de 1939-1945.

L’extermination des Juifs par les nazis et l’utilisation de la bombe atomique

Question :

« Selon vous, quels sont, parmi les suivants, les trois faits les plus importants de la Seconde Guerre mondiale ? »

 

 

 

 

Les deux tiers des jeunes interrogés considèrent l’extermination des Juifs par les nazis comme l’événement le plus important de la Seconde Guerre mondiale (66%). Les Européens sont plus nombreux à citer ce fait en premier (74%) et, parmi eux, les Espagnols et les Lituaniens (71%), les Tchèques et les Suisses (72%), les Allemands, les Croates et les Danois (73%), les Italiens (78%), les Belges (82%), les Néerlandais (86%) et les Français (88%). Chez les Américains, l’Holocauste est placé en troisième position (60%), après l’utilisation de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki (64%) et l’attaque de la base militaire de Pearl Harbor par l’armée japonaise (62%).

La jeunesse des pays émergents semble porteuse d’une autre mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, l’extermination des Juifs est beaucoup moins citée par les Indiens (33%) et les Chinois  (38%), les Ukrainiens (46%), les Russes (49%) et les Turcs (56%). Mais les Américains et les Japonais (60%), qui n’appartiennent  pas  à  des pays émergents, sont aussi parmi ceux qui citent le moins souvent l’extermination des Juifs par les nazis comme l’un des trois faits les plus importants de la Seconde Guerre mondiale.

L’extermination des Juifs est placée en première position (66%) devant les six autres événements proposés. Au même niveau, on trouve l’utilisation de la bombe atomique contre les villes de Hiroshima et Nagasaki (65%), plus souvent citée par les Japonais (81%) mais aussi par les Croates (83%), les Serbes (80%), les Hongrois (79%), les Italiens (75%), les Estoniens et les Grecs (73%), les Finlandais (71%), les Français, les Indiens et les Turcs (70%).

L’attaque de la base militaire américaine de Pearl Harbor par les Japonais en 1941 est citée par un tiers (34%) des répondants. Les pays où les jeunes sont plus nombreux à désigner cet événement comme l’un des trois plus importants dessinent les enjeux, voire les raisons de cette bataille : les Américains (62%) et les Japonais (46%) mais aussi les Chinois (65%), les Indiens (56%), les Australiens (53%) les Canadiens (42%) et les Britanniques (41%).

Le débarquement en Normandie (32%) est plus largement cité par les Français (77%), que par les Britanniques (47%), les Canadiens (42%), les Américains (29%), et les Australiens  (26%) dont les armées y jouèrent pourtant un rôle clé. C’est un résultat d’autant plus surprenant que le cinéma a largement popularisé cette bataille décisive.

L’invasion de la Pologne par les nazis en 1939 (27%) retient un peu plus l’attention des Allemands (32%) et beaucoup plus celle des Ukrainiens (37%), des Britanniques (38%), des Israéliens (47%), où bien sûr, des Polonais (70%) et un cinquième des Russes. La bataille de Stalingrad, qui opposa les nazis à l’Armée rouge (27%), est plus  souvent citée par  les Lettons (32%), les Lituaniens et les  Roumains (33%), les Autrichiens (35%), les Serbes (36%), les Grecs (43%) et les Ukrainiens (59%). On ne sera pas surpris de lire que la plupart des Russes (71%) citent Stalingrad. Ce sont les Américains qui citent le moins cette bataille historique (14%).

La prise de Berlin par les Soviétiques, en 1945, est citée par 26% des jeunes interrogés mais par 34% des Roumains, 40% des Lettons et des Serbes, 41% des Estoniens, 66% des Ukrainiens mais 84% des Russes.

Les trois quarts des jeunes femmes (72%) citent l’extermination des Juifs contre près des deux tiers parmi les jeunes hommes (61%), lesquels sont plus nombreux à citer la destruction des deux villes japonaises par la bombe atomique (65%). Les moins de 20 ans citent davantage l’utilisation  américaine de la bombe atomique (68%) alors que leurs aînés citent l’Holocauste en premier lieu (67% des 20-24 ans et des 25-29 ans).

Source :

Les résultats de tous les pays sont disponibles sur le site ou sur le site.

Question :

« Avez-vous le sentiment d’avoir, sur l’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, des connaissances très approfondies, plutôt approfondies, plutôt pas approfondies ou pas du tout approfondies ? »

Parmi les pays de l’enquête, à l’exception de la jeunesse israélienne qui est celle qui estime le plus largement (88%) avoir des connaissances approfondies sur l’extermination des Juifs, c’est en Europe que les jeunes interrogés (53%) sont les plus nombreux à dire avoir des connaissances approfondies, notamment en  Autriche et Italie (71%), en Allemagne (69%), au Danemark (65%), en Suisse (62%) et en Hongrie (61%).

En moyenne, 53% des personnes interrogées considèrent ne pas avoir de connaissances approfondies sur l’extermination des Juifs. Les pays où les 16-29 ans sont plus nombreux que la moyenne à se dire mal informés à ce sujet sont l’Ukraine (75%), l’Estonie (74%) et la Lettonie (73%), la Russie (70%), la Serbie (67%), la Turquie (64%),  la  République  tchèque (63%), l’Espagne (62%), l’Australie (60%) et même la Pologne (58%). Les Japonais sont les plus nombreux (80%) à considérer n’avoir pas de connaissances approfondies à propos de la persécution des Juifs.

Bien que 51% des jeunes interrogés  disent  avoir des connaissances approfondies sur la Seconde Guerre mondiale, ils ne sont que 47% à le dire en ce qui concerne précisément l’extermination des Juifs. Remarquons que la moyenne européenne (53%) est supérieure au résultat d’ensemble. Toutefois, il est possible de relever d’autres effets atténués. Sur cette question, l’effet d’âge persiste avec une différence notable entre les 16-19 ans (51%) et les 25-29 ans (44%) ce qui témoigne à nouveau d’une meilleure connaissance lorsque les répondantssont encore dans un environnement scolaire : 51% des jeunes qui sont encore étudiants considèrent avoir des connaissances approfondies contre 41% de ceux qui ont terminé leurs études avant 21 ans et 45% de ceux qui ont terminé leurs études après 21 ans. Il apparaît ainsi clairement que si le fait d’être en situation d’apprentissagefavorise, évidemment, la perception d’un savoir acquis sur l’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, cette mémoire est fragile. Elle faiblit dès la fin des études, et ce même chez les jeunes interrogés qui ont poursuivi des études plus longtemps.

Parmi les jeunes qui se déclarent informés sur l’extermination des Juifs, 71% considèrent cet événement comme l’un des trois plus importants, contre seulement 62% parmi les jeunes qui se disent peu informés. On retrouve ce type de lien chez ceux qui estiment nécessaire de préserver les camps de concentration pour entretenir la mémoire ; ils  sont 69% à citer l’extermination des Juifs, contre 54% parmi les jeunes qui estiment qu’il ne faut pas conserver ces camps.

Résultats par pays

Réponse :

connaissances plutôt et très approfondies (en %)

Que savent les nouvelles générations des camps d’extermination nazis ?

Question :

« Selon vous, chacune des populations suivantes était-elle visée par les camps d’extermination nazis pendant la Seconde Guerre mondiale ? »

 

Source :

Salle de classe du collège Gilbert Dru à Lyon (septembre 2005). 

Question :

« Selon vous, les principaux responsables de l’extermination des Juifs et des massacres de la Seconde Guerre mondiale ont-ils été punis ? »

 

Les deux tiers des jeunes interrogés (64%) considèrent que les principaux responsables de l’extermination des Juifs et des massacres de la Seconde Guerre mondiale n’ont pas été punis. C’est donc l’idée d’un siècle où la justice n’a pas été entièrement rendue que dessine l’opinion des nouvelles générations. Les données font apparaître un effet d’âge : l’idée que la plupart des responsables n’ont pas été punis passe de 62% chez les 16-19 ans à 66% chez les 25-29 ans. L’effet de genre est plus net : 59% des hommes partagent l’idée que les principaux responsables n’ont pas été punis, la proportion atteint 69% chez les femmes.

Ce jugement négatif est plus répandu parmi les jeunes Européens (69%) que dans  l’ensemble de la population interrogée (64%). La majorité

des Israéliens interrogés est dans un état d’esprit comparable (70%) aux jeunes Européens. Les plus critiques sont les Serbes (85%), les Croates, les Espagnols, les Grecs (81%),  les  Tchèques  (77%), les Roumains (76%), les Lituaniens (75%), les Polonais (74%), les Italiens (73%), les Allemands et les Autrichiens, les Lettons, les Suisses, (70%) et les Français (69%).

En revanche, dans 6 des 31 pays, la jeunesse a le sentiment que la plupart des responsables ont été punis. C’est le cas des Australiens et des Finlandais (50%), ces derniers étant avec les Danois (54%) les seuls jeunes Européens à partager ce point de vue optimiste, avec les Indiens (59%), les Américains (61%) et les Chinois (63%).

Un siècle de massacres et de génocides

On définit couramment le «génocide » comme «l’extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d’un groupe ou d’une partie d’un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales». Tous les massacres de masse ne sont  pas

des génocides. Le consensus pour utiliser le terme de génocide n’est général qu’en ce qui concerne le massacre des Arméniens, des Juifs et des Tutsis. Les nouvelles générations sont-elles spontanément capables d’intégrer le caractère spécifique et unique d’un génocide ?

Question :

«Selon vous, peut-on parler de génocide dans chacun des conflits suivants…?»

 

 

« Selon vous, peut-on parler de génocide dans chacun des conflits suivants… ? »

Les données recueillies montrent que parmi les cas proposés, les jeunes interrogés qualifient de « génocide » le massacre des Juifs par  les nazis (90%), le massacre des Arméniens par le mouvement dit des Jeunes-Turcs (77%) et le massacre des Tutsis par le Hutu Power (76%).

Question :

« Selon vous, peut-on parler de génocide en ce qui concerne  le massacre des Juifs, par les nazis, lors de la Seconde Guerre mondiale ? »

Question :

« Selon vous, peut-on parler de génocide en ce qui concerne le massacre des Arméniens, par les Turcs, en 1915 ? »

Question :

« Selon vous, peut-on parler de génocide en ce qui concerne le massacre des Tutsis, par les Hutus, au Rwanda en 1994 ? »

Jugements sur la politique nazie

Question :

« Selon vous, l’Allemagne nazie était-elle dotée d’un système politiquetout à fait respectueux de la liberté et de la dignité humaine, plutôt respectueux de la liberté et de la dignité humaine, plutôt pas respectueux de la liberté et de la dignité humaine ou pas du tout respectueux de la liberté et de la dignité humaine ? »

La quasi-totalité des jeunes interrogés pensent que le nazisme ne respectait pas la liberté et la dignité humaine. On voit que cette opinion est encore plus répandue parmi les jeunes femmes que parmi les jeunes hommes.

Les Israéliens (97%), Français (97%),  Espagnols (95%),  Allemands,  Autrichiens, Grecs et   Serbes (94%) sont unanimes dans leur qualification négative du régime nazi. Il en va de même d’une façon générale parmi les jeunes Européens.

Si ces chiffres sont très élevés, on s’étonne quand même de lire que 11% des répondants peuvent

considérer que l’Allemagne nazie était dotée d’un système politique respectueux de la liberté et de la dignité humaine. Les plus nombreux à le penser sont les Indiens (36%), les Russes (28%), les Turcs (20%) et les Chinois (18%).

De même, le nazisme est clairement considéré par l’ensemble des jeunes interrogés (92%) comme un régime criminel responsable « de la mort de millions de personnes ».

Question :

« Êtes-vous tout à fait, plutôt, plutôt pas ou pas du tout d’accordavec l’affirmation suivante : “Le régime nazi a provoqué la mort de millions de personnes” ? »

 

Source :

Les résultats de tous les pays sont disponibles sur le site ou sur le site.

Il est cohérent de relever que les jeunes qui se déclarent informés sur l’extermination des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale sont plus nombreux (95%) à juger le régime nazi responsable de la mort de

millions de personnes que les répondants s’estimant peu informés sur l’extermination des Juifs (90%). Mais l’écart est faible.

Se souvient-on du pacte germano-soviétique ?

Question :

« Selon vous, en 1940, l’Allemagne nazie était en guerre contre la Russie soviétique (l’URSS) ou l’Allemagne nazie et la Russie soviétique (l’URSS) étaient alliées ou vous ne savez pas vraiment ? »

Notes

3.

Cf : Retour sur l’alliance soviéto-nazie,70 ans après, Stéphane Courtois, Fondation pour l’innovation politique, juillet 2009 et le livre Sortir du communisme, changer d’époque, Stéphane Courtois (dir.), octobre 2011, Fondation pour l’innovation politique, PUF, Paris, p. 509-552

+ -

Le 23 août 1939, l’Allemagne nazie et l’Union soviétique signent un traité dit de « non-agression ». Le pacte Molotov-Ribbentrop instituait en  réalité  une alliance entre les deux pays puisque l’accord comprenait notamment un partage de  la  Pologne3.  La connaissance de cette alliance est importante  pour comprendre non seulement la Seconde Guerre mondiale mais aussi, à travers le totalitarisme, l’un des plus grands phénomènes politiques du XXe siècle et le plus dévastateur. En juin 1941, l’invasion de l’URSS par les armées nazies entraînera  la  rupture du pacte germano-soviétique, puis le basculement de l’URSS dans le camp des Alliés.

Pourtant, pour 41% des jeunes interrogés, l’Allemagne nazie et l’Union soviétique étaient en guerre l’une contre l’autre en 1940. Seuls 30% des répondants savent que les deux pays  étaient  alliés,  tandis  que 29% disent ne pas savoir répondre à la question.

Dans six pays seulement, les 16-29 ans interrogés sont plus nombreux à donner la bonne que la mauvaise réponse. Les Russes sont les seuls à savoir majoritairement (53%) que l’Allemagne nazie et l’URSS étaient alliés en 1940. Il est surprenant de relever que moins de la moitié des Polonais (46%) connaissent la bonne réponse, tandis que leur pays fut la première victime de ce pacte.

Une majorité des Lituaniens, Lettons et Estoniens pense à tort que l’Allemagne nazie et l’URSS étaient en guerre l’une contre l’autre en 1940 : leurs  pays ont pourtant connu une situation proche  de  celle  des Polonais. Les États baltes ont été envahis par les nazis en 1940, avant que ceux-ci soient chassés et remplacés par les Soviétiques.

Notons que les Français  connaissent mieux la nature du pacte germano-soviétique que la plupart des personnes interrogées, tandis que les Japonais sont les plus nombreux à dire leur ignorance (60% répondent « ne pas savoir »).

On notera que les jeunes se disant informés sur la Seconde Guerre  mondiale  donnent   plus souvent  la bonne réponse (40%)  alors que   l’ensemble des personnes interrogées (41%) indiquent que l’Allemagne nazie et l’URSS étaient en guerre l’une contre l’autre en 1940. Les jeunes se déclarant peu informés sur le conflit sont de leur côté très nombreux à dire leur ignorance (45%).

Enfin, parmi les jeunes interrogés, les hommes sont plus nombreux (34%) que les femmes (24%) à fournir la bonne réponse.

Mémoires des communistes

LA RUSSIE DE STALINE

Question :

« Selon vous, la Russie communiste était-elle dotée d’un système politique tout à fait respectueux de la liberté et de la dignité humaine, plutôt respectueux de la liberté et de la dignité humaine, plutôt pas respectueux de la liberté et de la dignité humaine ou pas du tout respectueux de la liberté et de la dignité humaine ? »

Pour la plupart des jeunes, le communisme est une référence négative. La quasi-totalité des jeunes Européens (89%) partagent cet avis, même s’ils sont moins nombreux que dans le cas du nazisme (93%). Cette opinion critique rassemble jeunes Européens de l’Ouest et de l’Est ; elle est partagée par 94% des Polonais et des Français, 93% des Lituaniens et des Finlandais, 91% des Autrichiens et des Croates  et par 90% des Allemands, des Italiens et des Estoniens. En revanche, le jugement des Russes est plus

contrasté : une courte majorité (53%) seulement estime que le régime communiste ne respectait pas la liberté et la dignité humaine.

Considéré comme un régime liberticide par une très large majorité, le communisme  soviétique  bénéficie à l’inverse d’une image positive auprès des Chinois : pour près des trois quarts d’entre eux (72%), l’URSS était dotée d’un système  respectueux  de  la  liberté et de la dignité humaine. Une majorité des  Indiens (52%) exprime cette opinion.

Question :

« Selon vous, la Chine de Mao de 1949 à 1976 était-elle dotée d’un système politique tout à fait respectueux de la liberté et de la dignité humaine, plutôt respectueux de la liberté et de la dignité humaine, plutôt pas respectueux de la liberté et de la dignité humaine ou pas du tout respectueux de la liberté et de la dignité humaine ? »

Le régime communiste chinois (1949-1976) est jugé de manière négative par une grande majorité des jeunes interrogés (81%) qui voient en lui un système qui n’était pas respectueux de la liberté et de la dignité humaine. Cet avis se place au même niveau que l’appréciation du régime de la Russie soviétique. Comme dans le  cas  du  régime  soviétique,  les  jeunes Européens (89%) et les jeunes Nord- Américains (77%) sont particulièrement nombreux  à juger négativement le régimechinois. Le jugement

dépréciatif fait quasiment l’unanimité parmi les Français (94%), les Finlandais (92%), les Allemands et les Autrichiens (91%) de même que parmi les Belges, les Espagnols et les Suisses (90%).

Cependant, 56% des Indiens  interrogés  estiment,  au contraire, que la Chine de Mao était dotée d’un système politique respectueux de la liberté et de la dignité humaine, ainsi que 43% des Russes,  39% des Ukrainiens et 33% des Turcs. Il faut rappeler que cette question n’a pas pu être posée aux Chinois.

Les morts du communisme

Question :

« Êtes-vous tout à fait, plutôt, plutôt pas ou pas du tout d’accord avec l’affirmation suivante : “Les régimes communistes ont provoqué lamort de millions de personnes” ? »

 

 

Les plus nombreux à ne pas adhérer à cette affirmation sont les Serbes (27%), Grecs (29%), Japonais (32 %), Turcs (33%), Russes (44%) et Chinois (66%).

De manière cohérente, au vu des réponses précédentes, une majorité de jeunes tient les régimes communistes pour responsables de  la mort de millions de personnes» (80%). Cette opinion est également forte en Europe et en Amérique du Nord. La majorité est plus faible mais demeure supérieure aux deux tiers des personnes interrogées en Grèce (71%), au Japon (68%) et en Turquie (67%). En Russie, si  l’opinion se montre divisée, une majorité (56%) se reconnaît dans l’opinion selon laquelle le communisme a « provoqué la mort de millions de personnes ».

Les Chinois sont les seuls à exprimer un avis contraire, mais tout de même un tiers d’entre eux se déclarent d’accord avec cette affirmation (34%). Le fait que cette question a pu être posée et le résultat enregistré constituent deux des données les plus intéressantes de notre enquête.

On notera que si trois Ukrainiens sur dix (30%) considèrent le régime communiste soviétique comme respectueux de la liberté et de la dignité humaine (39% expriment la même opinion concernant le système politique de la Chine de Mao), les trois quarts d’entre eux partagent cependant cette critique du communisme.

Source :

Les résultats de tous les pays sont disponibles sur le site ou sur le site.

La perception des systèmes démocratiques

Question :

« Êtes-vous tout à fait, plutôt, plutôt pas ou pas du tout d’accord avec l’affirmation suivante : “Les régimes démocratiques ont provoqué la mort de millions de personnes” ? »

 

 

Il n’y a donc pas de surprise : le nazisme et le communisme sont considérés comme des régimes criminels par la plupart des jeunes interrogés. Pour ce qui concerne le nazisme, ce jugement négatif ne connaît aucune exception nationale. En revanche, dans le cas des régimes communistes, une partie importante voire majoritaire de la jeunesse chinoise, indienne et russe diverge de l’opinion la plus partagée. Si l’on applique maintenant le même type d’évaluation aux régimes démocratiques, on observe qu’ils suscitent, certes, un jugement beaucoup plus favorable que les régimes nazis et communistes, mais que l’écart de jugement n’estpas celui que l’on pouvait attendre. Ainsi, plus d’un tiers des répondants (37%) estiment être d’accord avec l’idée selon laquelle «les

régimes démocratiques ont provoqué la mort de millions de personnes ». On note que sur ce point les jeunes Européens (37%) ne se distinguent pas de la moyenne d’ensemble (37%). Peut-être les répondants ont-ils à l’esprit les victimes de la Première Guerre mondiale, dans laquelle plusieurs démocraties étaient engagées, les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki pendant la Seconde Guerre mondiale, ou encore les périodes de la colonisation et les crises de décolonisation. Les plus nombreux à imputer aux régimes démocratiques la responsabilité «de millions de morts» sont les Britanniques, les Australiens, les Indiens, les Canadiens, les Croates,  les  Américains, les Polonais et les Finlandais.

Source :

Les résultats de tous les pays sont disponibles sur le site ou sur le site.

Question :

« Selon vous, pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1939et 1945, les États-Unis étaient-ils dotés d’un système politique tout à fait respectueux de la liberté et de la dignité humaine, plutôt respectueux de la liberté et de la dignité humaine, plutôt pas respectueux de la liberté et de la dignité humaine ou pas du tout respectueux de la liberté et de la dignité humaine ? »

 

Parmi les jeunes interrogés, les plus nombreux à considérer que le système politique des États-Unis n’était pas respectueux de la liberté et de la dignité humaine au cours de la période 1939-1945 sont les Serbes (64%) et les Japonais (63%). Pour les Serbes, on peut émettre l’hypothèse que ce jugement témoigne d’un antiaméricanisme qui prend notamment sa source dans l’orientation prorusse de la Serbie et dans le rôle joué par les États-Unis lors des guerres en ex-Yougoslavie. Pour les Japonais, il faut y voir sans doute la conséquence des bombardements de Hiroshima et Nagasaki. On peut d’ailleurs penser

que ces deux bombardements ainsi que ceux des villes allemandes sont parmi les causes du jugement négatif porté sur le système politique américain par les Turcs (57%), les Grecs (52%), Croates (49%), Espagnols (46%),   Autrichiens (46%), Lettons (44%), Allemands, Britanniques, Indiens et Suisses (43%). D’autres raisons, plus contemporaines, interviennent certainement. La perception négative de l’intervention militaire en Irak en 2003 pourrait expliquer en partie la réponse des jeunes en Espagne et en Turquie.

Question :

« Selon vous, pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1939et 1945, le Royaume-Uni était-il doté d’un système politique tout à fait respectueux de la liberté et de la dignité humaine, plutôt respectueux de la liberté et de la dignité humaine, plutôt pas respectueux de la liberté et de la dignité humaine ou pas du tout respectueux de la liberté et de la dignité humaine ? »

Ce sont peu ou prou les mêmes raisons qui expliquent que la proportion de personnes considérant que le système politique britannique n’était pas respectueux de la liberté et de la dignité humaine entre 1939 et 1945 peut atteindre 62% des jeunes interrogés au Japon, 61% en Turquie, 49% en Serbie, 45% en Grèce et Inde ou 38% en Croatie et en Espagne.

L’étroite imbrication des engagements militaires américains et britanniques lie sans doute les deux pays dans une même perception publique,  pour partie négative. Dans le cas des Indiens (45%), le haut niveau du jugement critique porté sur le régime politique britannique s’explique sans doute aussi par la crise de décolonisation.

En 1939-1945, mon pays a-t-il agi pour la liberté et la dignité humaine ?

Question :

« Selon vous, pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement de votre pays agissait-il en faveur ou contre la liberté et la dignité humaine ? »

La question est difficile puisque, de fait, elle invite les nouvelles générations à évaluer politiquement et moralement le rôle de leur pays et le comportement de leur peuple pendant le second conflit mondial.

Faut-il souligner que l’écrasante majorité des Allemands porte un jugement approprié sur le rôle du gouvernement de leur pays pendant la Seconde Guerre mondiale ou, différemment, s’étonner de lire qu’un cinquième de cette jeunesse a le sentiment que ce gouvernement agissait en faveur de la liberté et    de la dignité humaine ? Et que dire de la jeunesse autrichienne au sein de laquelle cette proportion concerne près d’un tiers des répondants ? On peut se demander ce que savent les Hongrois et les Croates de leur histoire nationale pour imaginer dans de telles proportions que le gouvernement de leur pays entre 1939 et 1945, agissait en faveur de la liberté et de la dignité humaine, ou alors, quelle définition de ces valeurs implique un tel jugement.

Les tableaux ci-contre sont deux façons différentes de présenter les mêmes résultats ; il nous a cependant paru intéressant de donner à les voir sous ce double aspect.

Connaître la Première Guerre Mondiale

Question :

« Par quels moyens avez-vous acquis vos connaissances sur la Première Guerre mondiale ? »

L’école (85%), les œuvres documentaires (43%) et Internet (31%), tels sont les trois principaux moyens par lesquels les 16-29 ans disent avoir acquis leurs connaissances sur  la  Première Guerre mondiale. Les réponses témoignent de la centralité de l’école. Ce résultat est à la fois une évidence et un défi : une évidence, parce que l’école semble remplir le rôle d’enseignement qui lui est confié ; un défi, parce que la dépendance de nos mémoires collectives à l’égard de l’école est conséquemment immense.

Si 85% des personnes interrogées citent l’école comme l’un des trois principaux moyens de connaître l’histoire de la Première Guerre mondiale, on observe que la proportion est d’autant plus élevée que le contact avec l’école est plus récent. Ainsi, les 16-19 ans sont les plus nombreux à désigner le rôle majeur de l’école (88%).

Internet, qui compte parmi les trois principaux moyens choisis par l’ensemble des répondants, est d’autant moins cité que les répondants sont plus âgés, ce quilaisse deviner le rôle croissant d’Internet dans la construction de la mémoire collective future. On note enfin que les hommes (37%) sont plus nombreux que les femmes (24%) à considérer Internet comme l’une des trois sources principales pour connaître ce sujet. Inversement, les femmes (23%) citent plus souvent que les hommes (19%) la transmission familiale.

Le classement ne varie jamais en ce qui concerne l’école qui est donnée comme la principale source de connaissances sur la Première Guerre mondiale dans chacun des 31 pays du panel. Le classement peut varier ensuite selon les pays, comme le montrent les données pour les pays suivants.

Source :

Les résultats de tous les pays sont disponibles sur le site ou sur le site.

Connaitre la Seconde Guerre Mondiale

Question :

« Par quels moyens avez-vous acquis vos connaissances sur la Seconde Guerre mondiale ? »

La liste des trois principaux   moyens  auxquels les nouvelles générations estiment devoir leurs connaissances ne varie pas entre la  Première et la Seconde Guerre  mondiale. On retrouve l’école (83%), les œuvres documentaires (46%) et les recherches sur Internet (29%). Les proportions sont mêmes très proches.

En ce qui concerne le rôle de l’école, l’écart entre les réponses faites par les hommes (79%) et les femmes (88%) est important même s’il ne remet pas en

cause la hiérarchie constatée. Un écart significatif apparaît pour le recours aux œuvres documentaires, plus souvent citées par les garçons (48%) que par les filles (43%). Un écart de même ampleur peut être relevé en ce qui concerne la transmission familiale, au profit des jeunes femmes (29%). La différence la plus importante concerne les recherches sur Internet qui sont beaucoup plus souvent évoquées par les garçons (35%) que par les filles (22%).

Question :

« Par quels moyens avez-vous acquis vos connaissances sur l’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ? »

Une fois encore, pour l’ensemble des personnes interrogées, les connaissances acquises à propos de l’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale viennent avant tout de  l’école  (76%). Si les œuvres documentaires sont citées en deuxième position par la moitié des jeunes interrogés (48%), en revanche le troisième rang est accordé aux

œuvres de fiction (31%), devant les  recherches sur Internet (2%), soit un classement des sources des connaissances en partie différent de celui qui prévaut pour chacune des deux guerres mondiales. Invariablement, les recherches sur Internet sont plus souvent citées par les hommes (34%) que par les femmes (23%).

Dans chacun des pays, des différences portent le témoignage d’une culture et d’une histoire partiellement singulière. Ainsi l’école est placée au premier rang des sources de la connaissance sur l’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, mais avec cette fois une exception, celle de la Turquie, où les jeunes répondants citent d’abord les œuvres documentaires (56%), puis les recherches sur Internet (51%), l’école (47%) n’arrivant qu’en troisième position.

La transmission familiale, citée par 18% des répondants, est  plus  souvent  évoquée  par  les Grecs, Polonais, Lituaniens et Ukrainiens (23%), Néerlandais (24%), Roumains (26%) et Israéliens (32%).

Les musées et les expositions, cités par 16% de l’ensemble  du  panel,  sont  donnés  comme  l’une   des sources de leurs connaissances à propos de l’extermination des Juifs par les Australiens, les Hongrois  et  les  Polonais  (21%),  les  Américains (22%), les Belges (24%), les Danois (25%), les Néerlandais (27%), les Britanniques (28%) et les Israéliens (31%).

Les visites sur les lieux historiques (15% des répondants), sont davantage citées par les Italiens (21%), les Belges (22%), les Polonais (23%), les Tchèques et les Danois (24%), les Israéliens (25%), les Allemands (30%) et les Autrichiens (33%).

Les commémorations et les cérémonies citées par 9% de l’ensemble le sont davantage par les Grecs et les Tchèques (13%), les Français (14%), les Néerlandais (15%), les Hongrois (20%), les Italiens (26%) et les Israéliens (39%).

Comment transmettre l’histoire ?

Question :

« Selon vous, de façon générale, quels sont les moyens les plus efficaces pour transmettre l’histoire aux jeunes générations ? »

 

Plusieurs réponses étant possibles, le total est donc supérieur à 100

 

La  question est bien différente : il ne s’agit  plus de dire par quels moyens on estime avoir  acquis des connaissances en histoire, mais  quels moyens on préconise pour les générations suivantes. Les réponses faites par des personnes âgées de 16 à 29 ans valent donc aussi pour une sorte de retour sur leur propre expérience, présente ou très récente selon les individus

D’une manière  générale,  l’école  domine  toujours (66%), mais son rôle est disputé par les œuvres documentaires (52%). Dans certains pays, la jeunesse accorde même à l’école le deuxième rang (c’est le cas des Grecs, des Espagnols, des Turcs et des Ukrainiens), voire le troisième rang (c’est le cas des Chinois).

Des lieux pour la mémoire et la transmission

Question :

« Selon vous, faut-il préserver ce qu’il reste des camps d’extermination pour permettre au public de s’y rendre ? »

 

L’attachement à la préservation de ce qu’il reste des camps d’extermination est exprimé par la plupart  des répondants (83%). Ce point de vue confine à l’unanimité parmi les Italiens (93%), Allemands, Polonais et Tchèques (92%), Autrichiens (91%), Belges  (89%),  Danois, Français et Néerlandais  (88%). On notera que les Chinois sont très nombreux à partager cette opinion (89%).

Si les Israéliens se retrouvent tous derrière l’idée de cette nécessité mémorielle (98%), les Russes sont ceux qui la comprennent ou qui l’acceptent le moins (67%), avec les Ukrainiens (68%).

Pourquoi connaître l’histoire ?

Question :

« Selon vous, connaître l’histoire de la Seconde Guerre mondiale permet de… »

 

Les résultats montrent l’adhésion unanime des nouvelles générations aux raisons de mieux connaître les grandes crises historiques du XXe siècle.

On remarquera que la fonction de réparation à laquelle peut conduire la connaissance historique  est,  par  comparaison avec les  autres évoquées ici, celle qui suscite la plus faible adhésion des répondants. Les jeunes interrogés qui se montrent

proportionnellement les moins convaincus par cette dimension de la connaissance de l’histoire sont les Italiens (62%), les Danois et les Lituaniens (61%), les Allemands et les Hongrois (60%), les Belges (58%), les Autrichiens, les Ukrainiens et les Turcs (57%), les Néerlandais et les Suisses (56%), les Finlandais et les Lettons (55%).

Pourquoi visiter les camps d’extermination

Question :

« Pour quelle raison principale faut-il préserver les camps d’extermination ? »

La majorité des personnes interrogées (61%) considère que ce qu’il reste des camps doit être préservé pour « éviter que cela recommence ». Les jeunes qui sont les plus nombreux à partager cette opinion sont les Japonais (85%), les Ukrainiens et les Israéliens (70%), les Italiens (69%), les Allemands (68%), les Autrichiens, les Finlandais, les Serbes et les Turcs (67%).

La réponse « mieux connaître l’histoire des atrocités commises par le régime nazi », choisie par 57 % de l’ensemble des répondants, est plus largement citée par les Israéliens (80%), Grecs (72%), Australiens (70%), Canadiens et Britanniques (68%), Américains et Russes (66%), Danois et Lituaniens (62%).

La moitié des répondants (50%) ont jugé que la conservation des lieux  devait  avoir  pour  finalité  d’« honorer la mémoire des victimes ». Cette

justification est plus largement donnée par les Néerlandais (70%), les Britanniques (64%), les Australiens (63%), les Américains (62%), les Canadiens (61%), les Croates et les Serbes  (59%), les Belges, les Français et les Ukrainiens (58%) et les Polonais (57%).

32% de l’ensemble  des  répondants  ont  choisi  l’item « pour faciliter  la  construction  de  l’Europe  en comprenant les erreurs du passé », soit la même proportion parmi les européens (31%).

Les plus nombreux se trouvent au sein de la jeunesse chinoise et danoise (51%), estonienne et roumaine (50%), espagnole (48%), finlandaise (46%), italienne

et néerlandaise (44%), tchèque (39%), turque (38%) et lituanienne (37%). Les Allemands (29%) et les Français (23%) sont les moins nombreux à choisir  cet item.

Symétriquement, une autre question a été posée à ceux qui ont préalablement répondu qu’il ne fallait pas préserver ce qu’il reste des camps, soit 17% de tous les jeunes interrogés.

 

Question :

« Pour quelle raison principale ne faut-il pas préserver les camps d’extermination ».

 

La réponse « cela culpabilise les générations d’aujourd’hui qui ne sont pas responsables du passé », qui réunit 57% de ceux qui pensent qu’il ne faut pas préserver ce qu’il reste des camps, est plus souvent choisie par les Polonais (74%), les Chinois (73%), les Français (67%), les Autrichiens (65%) et les Israéliens (65% également, mais les effectifs sont faibles), les Allemands, les Turcs mais aussi les Croates (63%).

On relèvera enfin que l’idée que la conservation des camps « complique la construction de l’Europe parce que cela rappelle la guerre entre les Européens » n’est pas davantage partagée par les jeunes Européens (42%) que par l’ensemble des répondants (45%).

 

 

 

Que s’est-il passé de mémorable depuis 1989 ?

Question :

« Voici une série d’événements qui ont eu lieu depuis 1989. Selon vous, quels sont les trois qui à vos yeux ont le plus d’importance ? »

 

 

Parmi les dix-sept événements proposés, la moitié des jeunes interrogés (47%) cite les attentats du 11 septembre 2001 comme l’un des trois événements les plus marquants depuis 1989. La crise économique et financière de 2008 (38%), la chute du mur de Berlin (37%) et la fin de l’URSS (35%) viennent ensuite,   en un ensemble réunissant des items dont chacun représente un peu plus d’un tiers des répondants. Un quart des jeunes interrogés citent ensuite la mise en circulation de l’euro (23%) et l’accident nucléaire de Fukushima (23%).

Le 11 septembre 2001 est l’événement le plus cité dans la moitié des 31 pays de l’enquête, un peu plus par  les jeunes Nord-Américains (67%) que par les jeunes Européens (55%). L’item est choisi par près des trois quarts des Israéliens, les deux tiers des Français, et par une large majorité des Australiens, des Britanniques, des Canadiens et des Néerlandais.

Deuxième événement le plus cité, la crise économique et financière de 2008 est placée en premier par les Chinois (64%), les Hongrois (58%), les Roumains (54%), les Grecs (52%), les Croates (46%) et les Indiens (42%). Elle est un peu moins souvent citée par les plus jeunes des répondants qui y sont sans doute moins exposés car encore scolarisés pour la plupart : un tiers des 16-19 ans (33%) pour 40% des 25-29 ans.

Près de quatre  jeunes  sur  dix  désignent  la  chute  du mur de Berlin comme l’un des trois événements les plus marquants depuis 1989 (37%). Pour les Allemands (65%), la chute du mur de Berlin est l’événement le plus important depuis 1989, de même que pour les jeunes des pays voisins de l’Allemagne : les Danois (55%), les Suisses (51%) et les Autrichiens (49%). Toujours dans la partie occidentale du Vieux Continent, la moitié des Italiens (52%) et des Français (49%) citent cet événement.

La chute du mur de Berlin est encore l’événement cité en premier par les Lituaniens (45%) et en deuxième par les Finlandais (48%), dont le pays, frontalier de l’ex-URSS, a longtemps vécu sous l’emprise soviétique. En interrogeant les 16-29 ans, nous questionnons celles et ceux qui sont nés entre 1985 et 1998. Le premier fait historique majeur correspondant à ces générations est, objectivement, l’effondrement du communisme en 1989. Contemporaines de la chute du Mur, mais sans doute trop jeunes pour s’y intéresser au moment des faits, les nouvelles générations n’accordent pas le même poids que leurs aînés à cet événement pourtant majeur et généralement considéré comme fondateur d’une nouvelle ère. En  effet, ils citent davantage les attentats du 11 septembre 2001, tragiques  et  plus proches dans leur mémoire. Les nouvelles générations sont les premières depuis 1917 qui ne côtoient pas de régimes communistes, du moins si l’on admet que la Chine s’est désormais dotée d’un système postcommuniste conservant sa dimension nationaliste et autoritaire mais converti au mode de production capitaliste.

Plus à l’est, les jeunes choisissent largement l’éclatement de l’Empire soviétique et l’effondrement du communisme en 1991 : en Russie (75%), en Estonie (72%), en Ukraine (68%), en Lettonie (64%), en Finlande (62%), en Lituanie (61%), en Pologne (56%) et en République tchèque (53%).

Plus d’un quart (27%) des jeunes Européens mettent en avant la mise en circulation de l’euro et, de façon logique, un plus grand nombre de ceux qui sont directement concernés par la monnaie commune : les Grecs (42%), les Finlandais (40%), les Néerlandais (37%), les Autrichiens (36%), les Allemands et les Italiens (34%) et les Belges (33%), 28% des Espagnols et un quart des Français (26%). Cet événement est également choisi par un tiers des Roumains (32%), et la même proportion de Serbes (33 %) candidats officiels à l’Union européenne. En revanche, l’euro n’est cité que par 23% des Lituaniens, qui viennent pourtant de l’adopter, tandis que les Estoniens (34%) et les Lettons (29%), déjà membres de la zone euro, sont plus nombreux à citer leur monnaie européenne. En revanche, la création de la monnaie unique  est peu mentionnée par les jeunes qui vivent,  certes,  hors de la zone euro, tels que les Danois (12%) et les Britanniques (9%), mais qui sont probablement nombreux à prendre, ou à avoir pris, des vacances dans les pays du Sud où l’euro est la monnaie d’usage. L’accident nucléaire de Fukushima en 2011 est jugé comme l’un des trois événements les plus marquants depuis 1989 pour un quart de tous les répondants (23%). Évidemment, les Japonais sont les plus nombreux à citer cet événement (61%) qu’ils classent devant les attentats du 11 septembre 2001 (57%). L’accident est également plus souvent cité par 40% des Chinois, 33% des Français,  31%  des  Suisses, 30% des Allemands, des Turcs et des Russes.

Un tiers des Américains (29%) et des Canadiens (29%) cite l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis en 2008 mais aussi un tiers des Indiens (35%).

La guerre en Irak en 2003 n’est considérée comme l’un des principaux événements depuis 1989 que par un tiers des Américains (30%), des Indiens (27%) et des Turcs (36%) dont le pays, il est vrai, est frontalier de l’Irak.

La guerre en ex-Yougoslavie (1991-2001) constitue un événement marquant pour  les  Serbes (61%) et pour les Croates (44%). Enfin, la signature des accords d’Oslo est citée par un tiers des Israéliens (32%) et 14% des Turcs.

La fin de l’apartheid en Afrique du Sud en 1991 est mise en avant par 13% des jeunes, dont 18% des jeunes Européens. La fin de l’apartheid est davantage mentionnée par les proches de la gauche (21%) que par les sympathisants de la droite (11%) ou du centre (12%).

Certains  événements, massivement commentés dans les médias, sont très peu cités. Il  en  est  ainsi  du  « printemps  arabe » que ne choisissent que 7% des personnes interrogées. Seules la jeunesse turque (32%) et israélienne (25%) accordent à cet événement une place importante.

Si le facteur géographique est déterminant, les réponses démontrent que les nouvelles générations vivent dans un monde de plus en plus globalisé. Leur mémoire est attachée au lieu où ils vivent comme à l’histoire particulière de la partie du monde qu’ils connaissent, mais elle ne s’y réduit pas.

Question :

« Selon vous, dans les années qui viennent, une troisième guerre mondiale est-elle possible ? »

La majorité des jeunes interrogés (57%) considèrent qu’une troisième guerre mondiale pourrait avoir lieu. La possibilité d’une troisième guerre mondiale est une opinion majoritaire dans 22 des 31 pays de l’enquête. Tout d’abord en Ukraine, pays en guerre, et en Russie, pays fortement militarisé et aujourd’hui impliqué dans  plusieurs  conflits, dont l’un  avec  l’Ukraine. La possibilité d’une nouvelle guerre mondiale est également redoutée par la plupart des jeunes en Estonie et en Lettonie, proches de l’Ukraine, frontaliers de la Russie et qui comptent une importante minorité de russophones. On notera qu’en Lituanie, république balte où la proportion de russophones est faible, le pourcentage des personnes interrogées qui partagent

cette crainte est sensiblement moins élévé.

La possibilité d’un  nouveau  conflit  mondial  dans  les années qui viennent est également très répandue chez les Roumains, les Tchèques et les Italiens ; elle concerne les trois quarts des Croates et les deux tiers des Serbes, à peine sortis d’une guerre destructrice ; elle est aussi très présente dans la jeunesse turque, pays frontalier de la Syrie, et auprès de la jeunesse grecque.

Enfin, notons que l’idée que nous risquons de connaître une troisième guerre mondiale est plus présente chez les jeunes qui se sentent menacés par la globalisation (65%) que chez ceux qui la regardent comme une opportunité (54%).

2011, 2012, 2015 : trois enquêtes sur la jeunesse du monde

Question :

« Laquelle des deux propositions suivantes se rapproche le plus de ce que vous pensez : la mondialisation est une opportunité ou la mondialisation est une menace ? »

Notes

4.

La première enquête intitulée 2011, la jeunesse du monde a été réalisée auprès de 32 714 jeunes dans 25 pays et en 20 La deuxième enquête intitulée Youth and Sustanable Development a été réalisée en 2012, en partenariat avec Nomadéis et l’ONU, auprès de 30.000 jeunes dans 30 pays et en 21 langues.

+ -

Depuis la première enquête internationale réalisée par la Fondation pour l’innovation politique, en 2011, nous faisons le même constat : pour les nouvelles générations, la mondialisation est massivement considérée comme une opportunité4. L’inquiétude n’est un sentiment  majoritaire  que  dans  très  peu  de pays. En 2015, cela ne concerne que la Turquie.  Ce sentiment de crainte se renforce au cours des dernières années. Ce résultat distingue fortement la jeunesse turque de la jeunesse des pays émergents qui regardent au contraire la mondialisation avec enthousiasme, la Chine et l’Inde se montrant les champions, pour la troisième fois.

Cela dit, dans les pays développés, depuis 2011, les jeunes regardent de plus en plus favorablement la mondialisation. Ainsi, entre 2011 et 2015,  le  poids du  jugement  négatif   diminue au Royaume-Uni, en Australie, au Canada, au Japon ou encore en Allemagne. La progression la plus nette concerne Israël, puisque la mondialisation est perçue comme une opportunité par 84% des jeunes contre 66% en 2011. Ce mouvement n’est ni général ni irréversible, comme le montre le cas des États-Unis où le regard positif porté par la jeunesse sur la globalisation recule de 3 points au cours de la période 2011-2015.

La moyenne européenne montre qu’en 2015 près des trois quarts des jeunes (70%) ont une perception positive de la mondialisation. À quelques exceptions près, le jugement positif progresse nettement, y compris en Grèce et dans des proportions impressionnantes, de la même façon qu’en Hongrie ou en Roumanie.

Dans les pays du nord de l’Europe, au Danemark et  en Finlande, le jugement positif que les jeunes portent sur la globalisation atteint des niveaux comparables  à celui des pays émergents. Cependant, dans d’autres cas, les jeunesses de pays également très proches à beaucoup de points de vue, tels que les États baltes, peuvent exprimer des jugements divergents à propos de la mondialisation. En 2015, l’écart entre le niveau du jugement positif des Lituaniens, des Lettons et des Estoniens peut atteindre 10 points.

Depuis notre première mesure en 2011, la jeunesse française fait partie de celles qui redoutent le plus la globalisation. Avant-dernière du classement général de cette enquête, la jeunesse française termine en queue de peloton de la moyenne européenne. Retenons tout de même que la majorité des Français interrogés estime que la mondialisation est une opportunité.

Quelles valeurs pour une société idéale ?

Les individus d’une même cohorte partagent un ensemble d’expériences. De cette communauté générationnelle, il semble découler des valeurs  et  des comportements communs aux membres de ces générations. Bien sûr, les valeurs et les préférences qui s’expriment au travers des réponses à nos questions ne sont pas immédiatement traduites par des actes dans la vie quotidienne. Par exemple, ici, dire son accord avec l’opinion selon laquelle les femmes et les hommes sont égaux ne conduit pas

mécaniquement à une absence de comportements misogynes, mais l’existence d’une culture de la reconnaissance constitue déjà une étape décisive, ici pour l’égalité des sexes, mais d’une manière générale pour un meilleur respect de la diversité humaine. Il existe un lien puissant entre un travail de mémoire sur les génocides, les guerres mondiales et les grands événements dramatiques du XXe siècle avec une culture de la tolérance et du respect.

Question :

« Qu’est-ce qui caractérise votre société idéale ? Veuillez indiquer votre choix sur l’échelle comprise entre les deux affirmations opposées »

Quelles attitudes à l’égard des personnes différentes de soi ?

L’ORIENTATION SEXUELLE

Question :

« Que pensez-vous des gens qui ont une autre orientation sexuelle que la vôtre ? »

De toutes les attitudes à l’égard des types de différence, l’attitude à l’égard des personnes qui ont une autre orientation sexuelle est la moins tolérante. Toutefois, ce n’est que relatif dans la mesure où, dans l’ensemble, 17% des personnes interrogées seulement concidèrent que cela leur pose un problème.

Sur ce point, le niveau de  tolérance  des  hommes (77%) est sensiblement inférieur à celui des femmes (88%). De même, chez les 16-19 ans, cette différence est mieux acceptée encore que chez les 25-29  ans, ce qui laisse penser qu’un processus culturel est à l’œuvre.

En moyenne, les jeunes Européens sont les plus tolérants (90%) à l’égard de l’orientation sexuelle d’autrui. Même si certaines sociétés sont plus méfiantes, une majorité des jeunes générations accepte cette diversité sexuelle. Les Russes se distinguent en étant les plus nombreux (44%) à dire que cela leur « pose problème ».

Question :

« Que pensez-vous des gens qui n’ont pas les mêmes idées politiques que vous ? »

Question :

« Que pensez-vous des gens qui n’ont pas la même religion que vous ? »

Lorsqu’on les interroge à propos des personnes qui ont une religion différente d’eux, 89% des répondants déclarent que cela ne leur pose pas de problème. Le niveau de tolérance religieuse est moins élevé en Inde (74%) et en Turquie (79%) que dans l’ensemble des autres pays, notamment européens (91%), même si une très large majorité des populations indienne et turque restent tolérantes.

I Partie

Question :

« Que pensez-vous des gens qui n’ont pas la même nationalité que vous ? »

Le monde paraît bien éloigné du monde de 1914 où  la rivalité entre les nations s’exprimait aussi dans un nationalisme exacerbé porté par les opinions publiques européennes. Aujourd’hui, de toutes les attitudes à l’égard des formes de différence, c’est la différence de nationalité qui pose le moins de problème aux personnes interrogées. Dans l’ensemble, 91% des individus interrogés estiment ne pas avoir de problème avec une personne d’une nationalité différente de la sienne.

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