Protestation électorale en 2021 ?
Données issues du 1er tour des élections régionalesIntroduction
Les performances des blocs politiques au premier tour des élections régionales : 2015 et 2021
Les performances des listes des partis de gouvernements et des partis protestataires au premier tour des élections régionales : 2015 et 2021
Les résultats ainsi agrégés conduisent aux observations suivantes :
2022, le risque populiste en France (vague 4)
2022, le risque populiste en France (vagues 2 et 3)
2022 le risque populiste en France
Tsunami dans un verre d'eau
12 idées pour 2012
Régionales 2015 (1) : vote FN et attentats
Régionales 2015 (2) : les partis, contestés mais pas concurrencés
Dominique REYNIÉ, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique
Abdellah BOUHEND, Victor DELAGE, Anne FLAMBERT, Élisa GRANDJEAN, Katherine HAMILTON, Léo MAJOR, Dominique REYNIÉ
Francys GRAMET
Julien RÉMY
Juin 2021
Abréviations des différents partis politiques utilisées dans cette étude
DLF : Debout la France ! • EELV : Europe Écologie-Les Verts • FG : Front de gauche
• LFI : La France insoumise • FN : Front national • LO : Lutte ouvrière • LR : Les Républicains
• LREM : La République en marche • MoDem : Mouvement démocrate • NPA : Nouveau Parti anticapitaliste
• PCF : Parti communiste français • PS : Parti socialiste • RN : Rassemblement national • UDI : Union des démocrates indépendants
Introduction
1. Dominique Reynié (dir.), 2022, le risque populiste en France, Fondation pour l’innovation politique, vague 1, octobre 2019, vague 2 et 3, octobre 2020, et vague 4, juin 2021.
Le premier tour des élections régionales du 20 juin 2021 a été marqué par une abstention sans précédent (66,7%), en progression de 17 points par rapport au premier tour des élections régionales de 2015. Pour être spectaculaire, ce bond ne saurait cependant tout à fait surprendre. Il s’inscrit en effet dans une tendance enregistrée dans certains scrutins précédents, notamment lors des élections municipales de 2014, qui avaient déjà connu un premier record d’abstention (36,5% au premier tour, 37,9% au second), pour un type de scrutin pourtant apprécié des électeurs, mais aussi lors du second tour de l’élection présidentielle de mai 2017 (25,4%), ainsi que lors des élections législatives de juin 2017 (51,3% au premier tour, 57,3% au second). Cette tendance au retrait s’était confirmée lors du second tour des dernières élections municipales (58,4% d’abstention), le 28 juin 2020, plus d’un mois et demi après le déconfinement du 11 mai, ce qui incite à écarter la crainte de la contamination comme principale explication.
C’est dans ce contexte dominé par le retrait électoral que les présidents de région sortants se retrouvent en position favorable, tandis que les partis traditionnels semblent résister quand on les donnait pour morts. Par contraste, on voit que LREM échoue à s’implanter localement. Dominant le monde de la protestation électorale, le RN subit un revers (20% des suffrages exprimés), compte tenu de la dizaine de points supplémentaires que lui faisaient espérer les intentions de vote et de son score lors des élections régionales de 2015 (27,7%). L’abstention ayant touché l’électorat du RN et de Marine Le Pen plus que tous les autres, on fera l’hypothèse qu’une bonne part de cette abstention est une expression de la protestation électorale.
Depuis septembre 2019, la Fondation pour l’innovation politique s’efforce de mesurer la protestation électorale à travers un indicateur conçu dans la perspective de la prochaine élection présidentielle1. Cet indicateur évalue la disponibilité des Français aux comportements protestataires suivants : l’abstention, le vote blanc et le vote en faveur de partis ou de candidats populistes, de gauche et de droite (LO, NPA, LFI, DLF et RN). Lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017, le niveau de la protestation électorale était de 60,9% par rapport aux inscrits ; le dimanche 20 juin 2021, il était de 76,5%.
Pour réaliser cette étude, nous avons utilisé trois sources : les données du ministère de l’Intérieur pour les élections régionales de 20152 et 20213 (nous avons arrêté le relevé des données le lundi 21 juin, à midi, un écart avec les résultats définitifs est donc possible mais il est résiduel) ; les bases de données Wikipédia concernant les élections régionales de 20154 et de 20215, afin d’identifier l’orientation politique des listes, en croisant ces informations avec les « nuances » définies par le ministère de l’Intérieur pour chacune des listes6 ; enfin, le blog iPolitique du journaliste Laurent de Boissieu, proposant des informations d’une grande richesse7.
Les performances des blocs politiques au premier tour des élections régionales : 2015 et 2021
• La catégorie bloc des gauches agrège les résultats des listes PS, FG/LFI, PCF, LO, NPA et EELV, ainsi que les listes « divers gauche » ou « divers écologistes ».
• La catégorie bloc central agrège les résultats des listes MoDem et LREM, ainsi que des listes « divers centre ».
• La catégorie bloc des droites agrège les résultats des listes LR, UDI et « divers droite », ainsi que les listes DLF et FN/RN.
Les listes indépendantistes, « sans étiquette », « régionalistes » ou « divers » ont été classées dans « autres ».
Copyright :
Fondation pour l’innovation politique, juin 2021.
Les performances des listes des partis de gouvernements et des partis protestataires au premier tour des élections régionales : 2015 et 2021
La catégorie gauche protestataire agrège le résultat des listes FG/LFI, LO et autres partis protestataires de gauche.
• La catégorie gauche de gouvernement agrège le résultat des listes PS, PCF, EELV, ainsi que des listes « divers gauche » ou « divers écologistes ».
• La catégorie centre agrège le résultat des listes LREM, MoDem et « divers centre ».
• La catégorie droite de gouvernement agrège le résultat des listes LR, UDI et « divers droite ».
• La catégorie droite protestataire agrège le résultat des listes DLF, FN/RN et autres partis protestataires de droite.
Les listes indépendantistes, « sans étiquette », « régionalistes » et « divers » ont été classées dans « autres ».
Copyright :
Fondation pour l’innovation politique, juin 2021.
Les résultats ainsi agrégés conduisent aux observations suivantes :
Dominique Reynié (dir.), 2022, le risque populiste en France. Vague 4, Fondation pour l’innovation politique, juin 2021.
• Le taux d’abstention au premier tour des élections régionales de 2021 est le plus haut enregistré dans notre histoire du suffrage universel et dans le cadre d’un scrutin général, hors référendum. Il atteint 66,7% (30.639.533 électeurs inscrits), contre 50,1% en 2015 (22.687.084 électeurs inscrits).
• Le poids du vote pour des listes protestataires diminue par rapport aux suffrages exprimés et aux électeurs inscrits :
◉ en 2021, 3.903.767 électeurs ont voté pour des listes protestataires (droite et gauche confondues), soit 26,6% des exprimés et 8,5% des inscrits ;
◉ en 2015, 7.758.227 électeurs avaient voté pour des listes protestataires (droite et gauche confondues), soit 35,7% des exprimés et 17,1% des inscrits.
• Le vote protestataire de gauche est stable :
◉ en 2021, 967.562 électeurs ont voté pour des listes protestataires de gauche (extrême gauche, La France insoumise et autres gauches protestataires), soit 6,6% des exprimés et 2,1% des inscrits ;
◉ en 2015, 878.051 électeurs avaient voté pour des listes protestataires de gauche (extrême gauche, Front de gauche, et autres gauches protestataires), soit 4,1% des exprimés et 1,9% des inscrits.
• Le vote protestataire de droite enregistre une baisse significative :
◉ en 2021, 2.936.205 électeurs ont voté pour des listes protestataires de droite (DLF, RN et autres droites protestataires), soit 20,0% des exprimés et 6,4% des inscrits ;
◉ en 2015, 6.880.176 électeurs avaient voté pour des listes protestataires de droite (DLF, FN et autres droites protestataires), soit 31,7% des exprimés et 15,2% des inscrits ;
◉ Il y a donc beaucoup moins d’électeurs protestataires de droite au premier tour des élections régionales de 2021 (3.943.971 électeurs de moins par rapport au premier tour des régionales de 2015). Il est raisonnable de faire l’hypothèse qu’une partie au moins de ces abstentionnistes de droite se remobiliseront à l’occasion de la prochaine présidentielle.
• Toutefois, le vote protestataire de droite domine toujours largement le vote protestataire de gauche : en 2021, les listes protestataires de droite comptent 1.968.643 voix supplémentaires que les listes protestataires de gauche. En 2015, cet écart s’élevait à 6.002.125 voix.
• Notre catégorie de la protestation électorale1 qui agrège le vote protestataire de gauche, le vote protestataire de droite, l’abstention, le vote blanc et le vote nul donne le résultat suivant pour le premier tour en 2021: 76,5% des électeurs inscrits, soit 35.142.820 électeurs.
• Le vote pour les partis de gouvernement (gauche de gouvernement, centre, droite de gouvernement) augmente par rapport aux suffrages exprimés, mais il baisse par rapport aux électeurs inscrits :
◉ en 2021, 10.401.718 électeurs ont voté pour des listes menées par des partis de gouvernement, soit 70,8% des exprimés et 22,7% des inscrits ;
◉ en 2015, 13.450.388 électeurs avaient voté pour des listes menées par des partis de gouvernement, soit 62,0% des exprimés et 29,7% des inscrits.
• Le poids du vote EELV augmente :
◉ en 2021, 1.713.837 électeurs ont voté pour une liste EELV, soit 11,7% des exprimés et 3,7% des inscrits ;
◉ en 2015, 1.440.245 électeurs avaient voté pour une liste EELV, soit 6,6% des exprimés et 3,2% des inscrits.
• La gauche de gouvernement est donc dépendante de EELV :
◉ en 2021, 2.872.603 électeurs ont voté pour la gauche de gouvernement (PS, divers gauche, divers écologistes), sans prendre en compte le vote EELV, soit 19,6% des exprimés et 6,3% des inscrits ;
◉ en 2021, 4.586.440 électeurs ont voté pour la gauche de gouvernement (PS, divers gauche, divers écologistes), en prenant en compte le vote EELV, soit 31,2% des exprimés et 10,0% des inscrits ;
◉ en 2015, 5.952.474 électeurs avaient voté pour la gauche de gouvernement (PS, divers gauche, divers écologistes), sans prendre en compte le vote EELV, soit 27,4% des exprimés et 13,1% des inscrits ;
◉ en 2015, 7.392.719 électeurs avaient voté pour la gauche de gouvernement (PS, divers gauche, divers écologistes), en prenant en compte le vote EELV, soit 34,1% des exprimés et 16,3% des inscrits ;
◉ en 2015, le vote EELV représentait 19,5% de l’ensemble de la gauche de gouvernement.
◉ en 2021, le vote EELV représente 37,4% de l’ensemble de la gauche de gouvernement.
• Le poids de la droite de gouvernement augmente par rapport aux exprimés mais baisse par rapport aux inscrits :
◉ en 2021, 4.329.710 électeurs ont voté pour la droite de gouvernement (LR, divers droite), soit 29,5% des exprimés et 9,4% des inscrits ;
◉ en 2015, 5.972.217 électeurs avaient voté pour la droite de gouvernement (LR, UDI et divers droite), soit 27,5% des exprimés et 13,2% des inscrits.
• Le centre progresse en raison de l’arrivée de LREM, absent en 2015 :
◉ en 2021, 1.485.568 électeurs ont voté pour une liste du centre (LREM, MoDem, divers centre), soit 10,1% des exprimés et 3,2% des inscrits ;
◉ en 2015, 85.452 électeurs avaient voté pour une liste du centre (MoDem), soit 0,4% des exprimés et 0,2% des inscrits.
Copyright :
Fondation pour l’innovation politique, juin 2021.
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