24.01.2018
Paris
Événement passé

Où va la démocratie ? Une réflexion comparative transeuropéenne au CERI

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Le 24 janvier, Jacques Rupnik, Anne Muxel, Marc Lazar et Dominique Reynié, quatre co-auteurs de l’ouvrage Où va la Démocratie ?, ont abordé les enjeux auxquels sont confrontées les démocraties européennes et leurs causes plurielles au Centre de recherches internationales.

Pour Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique et professeur à Sciences Po, il existe aujourd’hui une ambivalence entre d’une part la désillusion vis-à-vis des régimes politiques démocratiques et de l’autre le développement d’une citoyenneté critique. La nouvelle enquête de la Fondation pour l’innovation politique,  Où va la démocratie ?, dont la réalisation a été confiée à l’institut Ipsos qui a administré un questionnaire en 23 ­langues différentes, à plus de 22­ 000 citoyens dans 26 ­pays­, témoigne de cette certaine remise en cause des régimes démocratiques en Occident.

Pour Anne Muxel, directrice de recherches CNRS en science politique au CEVIPOF, la perte de crédibilité démocratique est particulièrement répandue au sein des jeunes générations. Chez les Européens de moins de 35 ans la confiance envers les organisations politiques est faible (4 points de moins que leurs aînés). La classe politique est largement suspectée de corruption (+10 points séparent les opinions des moins de 35 ans et des 60 ans et plus en Europe). Ce climat de défiance envers la démocratie est également visible aux États-Unis.

La fragilisation de l’attachement à la démocratie d’aujourd’hui varie selon le continent. Dans l’Europe du sud, notamment en Italie, la conjoncture incertaine favorise des aspirations à un pouvoir fort. Marc Lazar, président du Centre d’histoire à Sciences Po, souligne d’autre part l’évolution du rapport entre l’Italie et l’Europe : alors que la jeune démocratie italienne comptait parmi les pays les plus europhiles, aujourd’hui seulement 45 % des italiens sont attachés à l’euro et 33 % à l’Union Européenne. Ce rejet reflète les inquiétudes suscitées par la politique de rigueur économique européenne, le chômage local, les inégalités ; ces problèmes étant exacerbés par le flux de migrants et de réfugiés arrivés sur le sol italien.

En Europe de l’est, les premières démocraties qui naquirent après le communisme s’avèrent être aujourd’hui celles qui régressent le plus, telles la Pologne, la Hongrie ou encore la République tchèque. Le taux de confiance envers les partis politiques est de 11%  au sein du groupe Višegrad. Et pour 90 % des citoyens les élites politiques sont jugées corrompues. Selon Jacques Rupnik, Directeur de recherche à Sciences Po, les populations de ces pays est-européens, bénéficiant d’ailleurs d’une bonne conjoncture économique, perçoivent les institutions démocratiques actuelles comme étant incompatibles avec l’idée de la démocratie elle-même. Les principaux facteurs en sont la religiosité, les guerres culturelles ainsi que les vagues migratoires, bien qu’inexistantes dans ces pays.

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